Une conférence débat webinaire sur les avortements sécurisés en Afrique a réuni mardi 22 décembre 2020 trente (30) journalistes venant de dix pays africains grâce au partenariat entre IPAS (une ONG américaine évoluant dans le domaine de la Santé sexuelle et des droits de la reproduction) et le Réseau des médias africains pour la santé et l’environnement (Remapsen ).
Cette conférence co-animée par Dr Sosthène Dougrou, Directeur régional IPAS et Jean Claude Mulanda, Directeur pays IPAS en RDC, avait pour thème : » Rompre le silence sur les avortements non sécurisés en Afrique de l’ouest et du centre’’.
Ce webinaire s’inscrit dans le cadre de la campagne régionale médiatique sur les droits sexuels et les avortements sécurisés en Afrique de l’ouest et du centre, soutenue par Ipas, dont la mise en œuvre par le RAMAPSEN vise à amplifier qualitativement et quantitativement l’information sur les DSSR. L’objectif est de promouvoir les droits humains et leurs impacts sur la mortalité évitable en Afrique Francophone.
En effet, des études ont montré que 25 millions d’avortements non sécurisés sont effectués par an dans le monde dont 97% dans les pays en développement dont l’Afrique et 3/4 de ces avortements non sécurisés donnent lieu à des complications mortelles ou des hémorragies. Ces mêmes études démontrent que six millions de femmes interrompent leurs grossesses dans des conditions dangereuses. Seulement un accouchement sur 4 est pratiqué dans des conditions de sécurité.
Cette campagne médiatique régionale sur le droit à l’avortement vise à réduire la mortalité et la morbidité maternelles, réduire les avortements en risque, et accroître les planifications familiales.
Selon les conférenciers, la sous-éducation des filles, la difficulté dans l’accès aux soins de santé, les violences basées sur le genre, le mariage forcé et les conditions économiques difficiles sont entre autres contraintes auxquelles sont confrontées les femmes africaines.
La méconnaissance des professionnels concernés et la contradiction entre les normes, la réticence des Etats invoquant le principe de souveraineté, l’influence des pouvoirs religieux, la multiplication des acteurs et le besoin de coordination sont aussi les causes des avortements non sécurisés en Afrique.
En effet, selon le protocole de Maputo, un accord international qui garantit le droit des femmes, les femmes ont droit à la dignité, à la vie, à la sécurité et à l’intégrité. Elles ont droit à l’élimination de la discrimination à leur égard, et les femmes handicapées en particulier, à une protection spéciale.
Au cours de cette conférence webinaire, les conférenciers ont expliqué que ce même protocole indique les conditions dans lesquelles, une femme peut mettre fin à une grossesse. Ce sont entre autres: en cas d’une grossesse liée à un viol, à une inceste, à une santé mentale, à une malformation fœtale ou risque de mort chez la mère.
Pour élargir l’accès à un avortement sécurisé, les gouvernements signataires du protocole de Maputo doivent harmoniser l’ensemble des lois de telle sorte qu’elles soient conformes avec l’article 14 (2) (c) du même protocole, former les juges, les avocats et les personnes chargées de l’application des lois, former et soutenir les professionnels de la santé et s’assurer que les femmes ont accès à des procédures légales en toute sécurité.
Diop Ramatoulaye
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