La durée de la transition en République de Guinée adoptée par le CNT ne passe pas chez beaucoup d’acteurs à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Macky Sall, Président de la République de Sénégal et président en exercice de l’Union Africaine (UA) a donné son point de vue sur ce sujet, ces derniers jours. Le chef de l’Etat sénégalais trouve l’adoption des 36 mois « impensable » dans le contexte guinéen.
Ce mardi 31 mai 2022, nous avons interrogé Abdoul Sakho, coordinateur des forces sociales de Guinée. Pour lui, la transition guinéenne « se complique davantage ».
« Il ne faut pas qu’on se leurre, la transition guinéenne se complique davantage. Non seulement, le fait que les autorités de la transition refusent à une dimension donnée d’ouvrir un cadre de dialogue réel, donc, de respecter leurs propres engagements et les dispositions de la charte qu’ils ont dû proposer aux Guinéens et les Guinéens ont accepté, une dimension de complication. L’autre niveau montre aussi la transition va sur du mauvais pied. Et le discours que tient parfois les autorités de la transition, on a écouté quand même le point de presse conjoint entre le porte-parole du gouvernement et celui de la présidence qui avaient une posture va-t’en guerre vis-à-vis de la communauté internationale. Et au niveau local encore, quand vous écoutez le discours du Premier ministre à N’Zérékoré qui quand même alerte les populations et dire qu’aller manifester et synonyme quand même de se faire tuer. Sans oublier de façon inopportune sans aucune réflexion à la base, sans avoir tiré les erreurs du passé que le CNRD au niveau national même, l’organe central des décisions et d’orientation ait pris une décision d’interdiction des manifestations. Vous voyez combien de fois la transition guinéenne se complique. Et mieux encore, on ne peut pas travailler sans pour autant évaluer les forces, les faiblesses mais sans oublier les menaces et les opportunités. On ne peut pas occulter aujourd’hui le contexte sous-régionale et le contexte international. Aucun pays ne peut évoluer aujourd’hui fermé sur soi quelques soient les potentiels dont vous disposez. Donc, une fois encore c’était impensable, lorsque les autorités de la transition ont vu que le Burkina qui a plus de deux millions et quelques déplacés, qui ont des villages qui sont occupés, qui ont cet argumentaire qui dit que les 36 mois qu’ils ont proposé c’était comment ils peuvent aider à ces environs trois millions de Burkinabè qui sont déplacés à se réinstaller mais aussi récupérer les villages. Ils ont cet argumentaire qui milite en leur faveur, sans oublier qu’ils ont travaillé dans une forme de professionnalisme et de diligence qui montraient qu’ils ne sont pas en train de jouer sur le temps. Que la Guinée propose malgré tout ça là 36 mois, il faut savoir quand même que c’est irréaliste à une dimension donnée. Mais mieux encore, le Burkina par exemple, ils ont réussi à travailler, à avoir la pédagogie de développer un consensus national qui est très loin d’être gagné en Guinée. Donc, le président de l’union africaine (UA), ce qu’il dit n’est que le reflet d’abord au niveau de l’interne et le comportement par endroit des autorités de la transition », a analysé Abdoul Sakho, président du conseil régional des organisations de la société civile.
L’activiste de la société civile a également rappelé qu’ils ont fait leur mieux pour éviter des sanctions de l’organisation sous-régionale à la Guinée mais en vain.
« Nous nous avons tout fait pour éviter. Il vous souviendra qu’à un moment donné le forum des forces sociales de Guinée, on avait demandé à la CEDEAO d’accorder à la Guinée une période moratoire, c’est-à-dire de surseoir à leur ultimatum qui consistait à sanctionner la Guinée éventuellement si une décision forte n’était pas prise dans le courant du 25 avril. On avait plaidé à ce que les Présidents de la CEDEAO puissent reporter cela histoire de permettre aux Guinéens de s’accorder entre eux mais très malheureusement ça n’a servi absolument à rien, il faut dire la vérité. Les autorités de la transition n’ont pas mis à profit ce report. Donc nous, nous sommes gênés aujourd’hui vis-à-vis de la communauté internationale avec tout le plaidoyer qu’on avait eu à faire par le passé au compte des autorités de la transition leur accordant un certain bénéfice de doute croyant qu’ils avaient vraiment la volonté de travailler de façon consensuelle et de mobiliser toutes les compétences, les craintes et les inquiétudes de la Guinée vers une transition réussie mais très malheureusement ce n’est pas le cas », a-t-il déploré.
Toutefois, Abdoul Sakho invite les autorités à dialoguer avec les acteurs socio-politiques et d’éviter de violer les dispositions de la charte.
Mamadou Macka Diallo
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