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Enlèvement et meurtre d’Elhadj Doura : un de ses fils témoigne devant la justice

On sait maintenant pourquoi Elhadj Abdourahmane Diallo, communément appelé Elhadj Doura n’avait pas été libéré malgré le paiement d’une rançon de 100 000 dollars par sa famille. Après avoir reçu ce montant convenu dans un premier temps, les ravisseurs ont refusé de respecter leur promesse, réclamant encore la même somme pour libérer l’opérateur économique. Mais la famille a refusé de se plier à cette exigence et les ravisseurs ont gardé le vieil homme en otage jusqu’à sa mort.

C’est l’explication donnée par Thierno Boubacar Diallo, l’un des fils du défunt, devant le tribunal criminel de Dixinn, où le procès des accusés dans cette affaire se poursuivait ce lundi 24 juillet 2023. Partie civile dans ce procès, il est revenu également sur comment il a eu des informations sur les preneurs d’otage et sur comment il a appris le décès de son père.

« Le 5 décembre 2017, à 6 heures du matin, ma mère m’a appelé pour me dire : on père ! ton père ! C’est ainsi que mes frères et moi, nous sommes rendus dans la grande famille à Hamdallaye, on a trouvé qu’il y avait déjà du monde dans la cour. On a appelé le numéro de mon père, c’est un ravisseur qui a pris, il a dit que ce sont eux qui détiennent mon père et qu’il va falloir payer une rançon. Après plusieurs discussions, ils nous ont demandé de payer cent mille (100 000) dollars et on a accepté pour qu’on libère mon père. Le samedi suivant, on a payé la rançon aux environs de 23h 00 heures.

Mais j’ai su à travers nos conversations que mon père n’a pas été informé qu’on a payé la rançon. Au fur et à mesure qu’on communiquait, je sentais que la voix de mon père devenait lourde. Je suis resté jusqu’à 2 heures du matin, ils n’ont pas rappelé, alors qu’ils avaient promis de rappeler pour nous annoncer la libération de mon père. On est resté toute la journée du dimanche, on n’a pas reçu leur appel. Ce n’est que le mardi qu’on a reçu un appel, l’intéressé nous a dit qu’ils ont reçu l’argent, mais il faudra aussi augmenter cent mille (100 000) de dollars.

Un jour, j’ai reçu un appel de Lama Kaba qui a décidé de dénoncer les autres. Il m’a dit au téléphone qu’il connaît où se trouve mon père, il a dit qu’il (Elhadj Doura) est à Maférenya. C’est ce dernier qui m’a parlé de Thierno Ciré Sow. Il m’a dit que ce dernier était avec sa mère au Maroc pour des soins, mais que la dame est finalement décédée et que l’enterrement aurait lieu au cimetière de Hamdallaye.

Il m’a décrit la physionomie de Thierno Ciré Sow et m’a dit que si je partais à l’enterrement, je le verrais. Je suis allé le jour de l’enterrement et j’ai vu Thierno Thierno Ciré Sow et je l’ai suivi jusqu’à la maison. Je suis allé avec les services de sécurité à son domicile, mais on a trouvé qu’il n’y était pas », a relaté Thierno Boubacar Diallo.

Plus tard, ajoute le fils du défunt, il été informé par des sources que Thierno Ciré a été emmené par le colonel Malick Koné, alors directeur central de la police judiciaire, dans son véhicule personnel. Après avoir effectué des démarches au niveau de la présidence et au haut commandement de la gendarmerie nationale, Thierno Boubacar Diallo dit avoir eu la confirmation que celui qu’il recherchait était effectivement à la disposition de la DPJ. Malick Koné aurait expliqué que c’est à la demande d’un de ses supérieurs qu’il a conduit Thierno Ciré Sow dans les locaux de la DPJ.

Pour ce qui est du décès de son père, le plaignant dit avoir la triste nouvelle après l’arrestation de l’accusé Tony Akpo. « Alors qu’on était à la gendarmerie avec Tony Akpo, Elhadj Mamadou Diallo a appelé ce dernier devant nous. Mais il ne savait pas que Tony avait été mis aux arrêts. Il lui a demandé s’il ne savait pas que le vieux est mort ? Tous les autres ont quitté Conakry, qu’est-ce que lui, il cherche ici ? »

Quant à Elhadj Mamadou Diallo, le cerveau présumé de cette affaire, Thierno Boubacar Diallo indique qu’il était à Dakar pour des soins lorsqu’il a appris son arrestation en Guinée-Bissau. Il souligne que ce dernier était bien connu de sa famille.

« Personnellement, je le connaissais pas, mais mes frères et d’autres membres de la famille le connaissaient. Parce qu’il venait souvent accompagner sa mère, qui est commerçante, chez mon père pour des affaires. On était des voisins, il était connu de la famille », a-t-il déclaré.

Après la comparution de la partie civile, le tribunal a renvoyé le procès au 31 juillet prochain pour la comparution de Thierno Ciré Sow, le seul accusé qui n’a pas encore été entendu.

Mamadou Macka Diallo

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