Après les manifestations non autorisées et réprimées par les forces de l’ordre à Conakry les 28 et 29 juillet dernier à Conakry, des voix s’élèvent pour condamner cette répression et exiger l’ouverture des enquêtes sérieuses pour identifier, juger et condamner les coupables des tueries qui ont eu lieu à l’occasion de ces manifestations. De la société civile aux institutions internationales en passant par les partis politiques, tout le monde hausse le ton.
Ce mardi matin, Étienne Soropogui, président du mouvement Nos Valeurs Communes est intervenu sur la Radio France Internationale (Rfi). À cette occasion, l’ancien détenu sous Alpha Condé est revenu sur quelques points de divergences entre les acteurs socio-politiques et la junte au pouvoir.
« Ce qui est mis en place, ne paraît pas assez sincère. Nous avons l’impression que la junte essaie de jouer la montre pour rester au pouvoir le plus longtemps que possible, ne fait pas l’effort de s’ouvrir et qu’ensemble main dans la main, nous puissions prendre les décisions qu’il faut pour sortir rapidement de cette transition.
Il est important qu’un cadre de discussion soit mis en place, que nous puissions examiner un certain nombre de questions pour un retour rapide à l’ordre constitutionnel. Il s’agit notamment de la question du délai lié à la transition, que ce délai puisse être examiné de manière concerté par l’ensemble des forces politiques et sociales de la Guinée, naturellement avec la junte militaire au pouvoir. Il est important que dès l’instant que tout le monde est d’accord, la transition a aussi pour vocation de retourner à l’ordre constitutionnel. Il est important qu’un compromis puisse être trouvé sur la nature des organes qui doivent opérer ce retour notamment les organes électorales« , a souligné Étienne Soropogui.
Pour Étienne Soropogui, le CNRD est entrain de reproduire les mêmes erreurs du passé qu’il a pourtant utilisé pour justifier le renversement de l’ancien président Alpha Condé par les armes.
« Effectivement, je faisais partir de ceux qui ont été libérés le lendemain du 05 septembre de la prison de Coronthie, mais malheureusement on a comme l’impression que nous faisons face à un remix de tout ce qui a été fait sous le président Alpha Condé qui a justifié la prise illégale du pouvoir. Aujourd’hui, l’essentiel des libertés sont comprimées, les leaders de la société civile, les leaders politiques ont des difficultés à sortir du territoire national, par ce que les passeports sont confisqués, les militaires sont revenus au niveau des principaux artères de Conakry. Moi qui vous parle actuellement, je n’ai aucune garantie que demain matin qu’une dizaine de pick-up ne débarquent pas chez moi, devant mes enfants et me trimbaler dans un endroit que je ne connais pas. Je crois qu’aujourd’hui tout est entrain d’être fait pour que les vis de la répression soient resserrés, qu’un certain nombre de compatriotes qui sont en opposition avec ce qui est entrain d’être fait soit intimidé et cesse de lutter. Mais naturellement, les gens doivent comprendre que ce n’est pas par ce qu’on a peur de mourir ou d’aller en prison qu’on doit laisser l’idéal démocratique pour lequel nous nous battons depuis un certain temps être piétiné par des militaires qui viennent de prendre le pouvoir en Guinée« , a t-il déclaré.
Sur demande de la CEDEAO, les manifestations ont été suspendues jusqu’au 15 août 2022 pour laisser une chance à la médiation. Étienne Soropogui dit espérer que « cette période qui est offerte va permettre les uns et les autres de ramener leurs intentions à de meilleures propositions de nature à ce que nous puissions nous retrouver à table. Malheureusement, sur la base du délai qui a été donné, si nous n’obtenons rien, nous serons obligés comme nous l’avons dit dans notre déclaration de relancer les manifestations par ce que nous n’avons que ça pour exiger les légitimes revendications que nous avons ».
Décryptage de Diop Ramatoulaye
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