L’audition de Bah Oury sur les événements du 28 septembre 2009 se poursuit devant le tribunal criminel de Dixinn. L’ancien président de commission politique des forces vives de la nation de 2009, après avoir relaté les précédentes démarches qui ont eu lieu avant le jour de la manifestation du 28 septembre 2009, est revenu sur ce qu’il s’est souvenu quand les tirs ont commencé au niveau du stade. Il a cité deux accusés qui ont déjà comparu à la barre en l’occurrence Commandant Aboubacar Sidiki Diakité alias Toumba qui les a intimés de descendre de la tribune et Colonel Moussa Thiégboro Camara qui les a sortis du stade.
«Lorsque j’étais au niveau des gradins au moment où les autres parlaient, j’ai remarqué que deux jeunes, contrairement à ce que nous avions indiqué, avaient comme un masque de fer. Ça m’a étonné. Un autre qui était avec lui avait autre chose qui semblait bizarre dans le cadre de ce que nous avions indiqué comme dispositifs à prendre, mais je n’ai pas trop accordé de l’importance. C’est dans ce processus que les détonations, les grenades lacrymogènes et les coups de feu qu’on a entendus et on a vu comme de petits moineaux, la plupart des gens qui étaient sur la pelouse, chacun cherchait à fuir. Quelques temps après on a vu des militaires, principalement des bérets rouges, venir en face des responsables pour nous demande à ce qu’on descende. Intérieurement je me suis dit qu’ils sont venus nous arrêter. Mais ça ne m’a pas inquiété. Il y avait parmi eux des gens dont l’habillement n’était pas conforme à l’habillement des forces de défense et de sécurité. Quand je descendais, j’ai reçu un coup sur la tête. Ça m’a sonné, mais ça ne m’a pas déstabilisé. Celui qui a exprimé de manière formelle « descendez » c’était le commandant Toumba Diakité. Les coups pleuvaient, mais je ne peux pas dire de manière précise ce qui s’est passé à côté de moi, parce que c’était une question de vie et de mort. Et il fallait être lucide, pour ne pas paniquer et aller dans une direction qui n’était pas la bonne.
M. Cellou Dalein Diallo avait reçu des coups et était à terre. Un coup de fusil avait blessé son garde de corps. Lorsque Commandant Toumba amenait les autres leaders pour les faire sortir de la pelouse, le fait que M. Cellou Dalein était à terre, j’ai demandé à un de nos militants, Abdoulaye 3 de prendre Elhadj Cellou et de le sortir d’ici. L’autre équipe avec les leaders étaient déjà partis. Nous nous sommes retrouvés derrière et malgré les coups qui pleuvaient, nous avons réussi à le sortir de la pelouse. On était poursuivis par des gens qui avaient des armes blanches et un qui avait vraiment un long bâton et qui était en train de vouloir nous armer. C’est à ce moment là que j’ai aperçu le colonel Thiégboro. Comme je le connaissais, je lui ai fait signe et il est venu vers nous. Lorsqu’il est venu vers nous, ceux qui nous agressaient ont cherché autre chose à faire. Le Colonel Thiégboro a pris sa responsabilité en nous prenant en charge et il a hélé quelqu’un que je considère comme étant un des gardes de M. Sidya Touré, de venir nous aider à prendre M. Cellou Dalein Diallo. C’est comme ça qu’on est sorti. Au moment où on sortait il y avait un attroupement de jeunes garçons qui étaient agglutinés un peu avant la sortie. L’image qui m’a le plus frappé, il y avait un petit garçon qui avait levé la main et il y avait un militaire qui avait un fusil et qui les mettait en genoux. Je ne sais pas ce qu’ils sont devenus», a témoigné Bah Oury.
Et d’ajouter : «Arrivés à la clinique Ambroise Paré, on nous a fait descendre, surtout Elhadj Cellou qui était évanoui. Nous sommes entrés à l’intérieur de la clinique. Les médecins s’affairaient. C’est entre-temps, un monsieur ou quelqu’un qui avait un tee-shirt noir et un pantalon bien baraqué avec une arme accompagné d’un autre qui était plus, qui avait un ceinturon de balles avec des grenades qui perlaient au niveau de ses ceinturons. Ils ont dit que si on ne nous fait pas sortir, ils allaient jeter une grenade à l’intérieur de la clinique. Ça a créé de la panique et les médecins étaient obligés de nous aider à reprendre Elhadj Cellou qui était encore évanoui pour le mettre dans la Jeep. Mais ce qui m’a le plus frappé à ce moment là, je me suis rendu compte que le colonel Thiégboro n’avait aucune autorité sur eux. Je m’étais dit comment se fait-il que lui qui était colonel et que d’autres viennent lui donner des instructions sans qu’il ne puisse réagir. Mais bref, le Colonel Thiégboro nous a repris dans sa Jeep et nous sommes dirigés vers la ville».
Les questions se poursuivent avec les avocats de la défense après le président du tribunal, le ministère public et les avocats de la partie civile.
Mamadou Macka Diallo depuis la cour d’appel