L’ancien président de la transition Capitaine Moussa Dadis Camara comparaît pour la dixième fois devant le tribunal criminel de Dixinn délocalisé à la cour d’appel de Conakry dans l’affaire du massacre du 28 septembre 2009. Ce 17 janvier 2023 ce sont les avocats de l’ancien chef de la junte qui ont la parole pour la suite des débats.
À la pause, maître Pépé Antoine Lamah, l’un des avocats de l’ancien chef de l’État s’est prêté aux questions des journalistes. L’homme en robe noire a tout d’abord rappelé les chefs d’accusation contre son client.
« À la barre de ce tribunal, le président Moussa Dadis est poursuivi pour des chefs de complicité de plusieurs crimes. Il lui a été reproché de n’avoir pris aucune disposition pour empêcher la commission de ces crimes. Il lui a également été reproché de n’avoir pas pris des dispositions pour réprimer les infractions qui sont poursuivies aujourd’hui. C’est le contraire que nous sommes en train de démontrer», a-t-il mentionné avant de parler de l’interdiction de la manifestation tout en remettant en cause les conclusions de la commission d’enquête internationale.
«Il est clair et nette que bien avant le 28 septembre, le ministre du travail et de la fonction publique avait décidé sur instruction du président de la République de décréter ce jour chômé, férié et payé afin de rendre hommage à nos combattants de l’indépendance. Ceux-là qui ont donné leurs âmes, ceux-là qui ont versé leur sang pour que nous puissions retrouver la souveraineté politique. Le président Moussa Dadis a voulu sacraliser ce jour qui pendant des années avait quasiment perdu son importance. Il avait en projet ce jour de retrouver des grandes valeurs, de faire réunir les progénitures de ces grandes valeurs pour qu’ensemble nous puissions célébrer cette fierté nationale. Malheureusement les ennemis de la République ont décidé autrement. Ils ont décidé, ils ont choisi de salir ce jour. Et par la suite, pour éviter toujours des incidents, éviter que ce jour soit émaillé par des troubles il a été n’est-ce pas interdit cette manifestation et suggéré aux leaders politiques de la reporter pour une autre date et dans un autre endroit. Malheureusement, le plan était conçu, il fallait à tout prix organiser cet événement ce jour, perpétrer ces crimes-là pour faire porter la responsabilité au président Moussa Dadis. Ils l’ont fait et le président Moussa Dadis choqué, animé par la volonté de faire lumière sur cette affaire sans désemparer, il a par ordonnance numéro 057 rendu le 30 novembre 2009, créer une commission d’enquête nationale indépendante et le même jour il a pris un décret pour rendre opérationnel cette commission en nommant ses membres qui étaient issus des organisations professionnelles indépendantes.
À l’issue de cela, le président a demandé au secrétaire général des Nations Unis de faire venir des experts pour faire une enquête internationale. Ces experts sont venus à Conakry le 25 novembre 2009. Sans faire un travail sérieux, ils se sont appropriés des conclusions de l’OGDH qui s’est constituée partie civile dans ce dossier. Cette même organisation avec d’autres qui s’est opposée à une procédure contre le Général Sekouba Konaté, la commission d’enquête internationale, en l’espace de dix (10) jours, dit avoir entretenu 687 personnes, elle dit avoir rencontré des diplomates, des autorités. Après dix (10) jours, cette commission établit un rapport de 60 pages pour indiquer des conclusions farfelues qui ne tiennent pas la route. (…) Ils (les enquêteurs internationaux) viennent à Conakry le 25 novembre et quittent le 5 décembre d’ailleurs deux jours après la tentative d’assassinat perpétrée contre le président Moussa Dadis pour rendre public un rapport dans lequel ils incriminent le président Moussa Dadis Camara. Vous pensez qu’on doit prendre un tel document au sérieux ?
Or, quand vous lisez le rapport de la commission d’enquête nationale qui a commencé son travail le 3 novembre pour rendre finalement public ses conclusions le 20 janvier alors que le président Moussa Dadis n’était pas aux affaires, dans ce rapport, vous voyez dans ce rapport la bonne description, les photos des victimes, leurs identités, les adresses de leurs proches. Aujourd’hui on ne veut pas exploiter les conclusions de cette commission nationale parce qu’on estime qu’elle a été mise en place par le président Moussa Dadis Camara », a largement expliqué maître Pépé Antoine Lamah.
Pour cet avocat de Dadis, on aurait mieux fait de vérifier la réalité des conclusions de ce rapport que de jeter le discrédit sur les membres de la commission qui l’a produit.
Mamadou Macka Diallo
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