Le face-à-face entre le capitaine Moussa Dadis Camara et maître Paul Yomba Kourouma, un des avocats de Toumba Diakité, se poursuit au tribunal de première instance de Dixinn délocalisé à la Cour d’appel de Conakry.
Dans ses questions, l’avocat tente de plonger le rival de son client dans cette affaire.
À en croire les questions et « révélations » faites par l’avocat, le capitaine Moussa Dadis Camara s’est rendu lui-même au stade du 28 septembre le lundi 28 septembre 2009.
Où étiez-vous le 28 septembre 2009 monsieur Dadis? Interroge maître Paul Yomba
«J’étais au camp Alpha Yaya, à mon bureau», répond le capitaine Dadis.
Dites au peuple de Guinée et à ce tribunal, où étiez-vous réellement, insiste l’avocat.
«Je dis que j’étais à Conakry au camp Alpha Yaya, dans mon bureau, maître», réitère l’accusé.
Et si on vous disait que vous étiez au stade du 28 septembre. C’est une information que je n’avais pas voulu donner même à mon client Toumba. Je lui dis que 72h avant aujourd’hui. Est-ce que vous n’étiez pas basé à Marocana à côté de la piscine, persiste maître Paul Yomba Kourouma
«C’est un rêve! Monsieur Camara à l’époque des faits, était au camp Alpha Yaya Diallo», réplique l’accusé.
Est-ce que vous n’avez pas aménagé à votre bureau là-bas, une issue de secours, une cour intérieure. C’est-à-dire que ce n’était pas le plan de construction et une sortie de l’autre côté. Est-ce que ce n’est pas cette sortie que vous avez utilisée pour être à Marocana?
«Je ne connais pas Marocana, maître», affirme l’accusé.
Mais est-ce que l’aménagement que je décris est une réalité? Parce qu’on peut demander qu’on aille visiter…
«Vous ne vous basez pas sur des faits pénaux. L’aménagement d’un bâtiment n’a rien à voir avec les faits réels du 28 septembre», rétorque Dadis Camara.
Quand Escoba vous a empêché de sortir sur autorisation de Toumba, en prenant la clé de contact, vous êtes retourné à votre bureau et c’est de là que vous êtes sorti pour le stade du 28 septembre, la garde vous gardait en vain. Est-ce que c’est parce que vous avez utilisé le machiavélisme?
«Maître, je crois que vous êtes un pénaliste, certains propos lorsque vous les dites devant un tribunal pénal de ce genre et tout le monde entier est en train de voir. Vous ne pouvez pas imaginer, faire des utopies et des allégations devant le tribunal, je suis désolée. J’étais au camp Alpha Yaya, monsieur le président, dans mon bureau, le jour des événements du 28 septembre. Je ne suis jamais sorti, et d’ailleurs si je sortais monsieur le président, je ne pouvais pas sortir sans cortège», affirme Dadis Camara.
Pour enfoncer le clou, l’avocat demande à l’accusé de donner le nom de celui qui lui a conduit au stade du 28 septembre et l’accusé maintient la repose selon laquelle, il n’est jamais allé au stade.
Et si on vous suggérait une confrontation avec Pivi. Que diriez-vous, enchaîne l’avocat.
Le colonel Claude Pivi qui vous a conduit au stade. Vous étiez suivi par des renseignements civils et militaires et vous avez pris attache à Marocana auprès de la piscine et arrivé là vous avez fait un rituel qu’on ne peut pas dévoiler ici pour la pudeur. Qu’en dites-vous ?
«Ce que vous dites là, c’est une accusation très grave. Moi je pense que c’est dommage», rétorque l’accusé.
Êtes-vous prêt à une confrontation par rapport à votre présence au stade du 28 septembre ?
«Je ne suis pas prêt. Ils peuvent aller fabriquer des menteurs pour venir s’arrêter ici. Le président peut sortir, aller au stade», prévient Dadis Camara.
C’est d’ailleurs présent au stade que le colonel Thiégboro vous a appelé pour dire que ça ne va pas et vous avez dit que vous envoyez un renfort et c’est alors que Marcel est rentré dans le jeu, les communications ont été récupérées. Oui ou non?
«Je ne réponds pas à cette question», rétorque Dadis Camara
Vous ne vous y attendiez pas parce que vous pensiez que vous avez fait dans la plus grande intimité, dans le plus grand secret, poursuit l’avocat.
L’audience se poursuit avec toujours à la manette, maître Paul Yomba Kourouma, avocat de Toumba Diakité.
Diop Ramatoulaye
666-75-16-10