Foniké Mengué : les « vérités alternatives » d’un activiste ou la réalité sur le choix à la Présidence du CNT

La vérité, dit le proverbe, sort de la bouche des enfants. Là, il s’agit de vérité crue, d’authenticité. Mais apparemment chez certains, l’antonyme de celle-ci sort surtout de la bouche de chefs en quête de survie… politique.

Dans ce qui sera son premier grand show médiatique depuis sa libération, Oumar Sylla alias Foniké Mengué vient d’en donner la preuve.

A en croire le coordinateur du défunt FNDC (une plateforme dissoute), il aurait été approché au tout début de la Transition par le Colonel Mamadi Doumbouya, et ce dernier lui aurait proposé d’être à la tête du Conseil National de Transition (CNT) ou tout au moins d’occuper le poste de Ministre de la Jeunesse. Des offres qu’il assure avec tout son sérieux avoir « décliné pour continuer sa lutte au sein de la société civile », a-t-il dit, comme pour étayer une thèse déjà développée dans les colonnes de Jeune Afrique en février 2022, selon laquelle il y aurait des « gens toxiques » dans l’entourage du Président de la Transition. Dans l’entendement de l’activiste à l’époque, il s’agirait « de gens dont le seul but est de le nuire ».

Toutefois, et selon des sources proches des autorités de la Transition, Foniké Mengué a tout simplement édulcoré le déroulé des événements ou juste mal interprété certains faits. « Quand j’ai écouté Oumar Sylla à FIM Radio, je dois admettre qu’il a une certaine persistance dans « la vérité relative », sinon comment comprendre un tel égotisme, un degré démesuré du culte du Moi », poursuit notre source qui ajoute une pique : « ça serait bien que Foniké Mengué publie son CV et ensuite les Guinéens se feront une idée sur le choix des autorités de la Transition à l’époque. Car à mon avis, hormis ses états de service d’activiste, en quoi est-il plus méritant que l’actuel titulaire du poste qui est tout de même docteur certifié connu de tout le monde à cet effet, du lycée à l’université. C’est tout dire ! ».

Selon toujours cette source, « en fait, le courroux de l’activiste contre la Transition remonte à la nomination du Dr. Dansa Kourouma à la tête du CNT. Cela a conduit à un changement de ton. Ainsi, de la fierté affichée pour « le Colonel Mamadi Doumbouya pour son acte patriotique et son courage », en septembre 2021, on est passé à des invectives sur la Transition dans lesquelles tout le monde a eu droit à ses remontrances, son florilège d’ »amabilités » et à un « brevet de bonne conduite ».

«Ainsi, dans cette forte propension de vantardisme et mythomanisme avérés, personne ne trouve grâce à ses yeux », insiste cette source qui relève justement que « dans cet exercice dont il a secret, personne n’a apparemment le profil de l’emploi en dehors de sa personne, remettant même en cause le choix présidentiel : « Il (NDLR : le Président du CNT) n’a pas la probité morale et la crédibilité requises pour le poste », dixit Foniké Mengué. Rien que ça ! Rien qu’un égotisme qui ne cadre pas avec la politique de la Transition.

Or, selon une autre source proche du CNRD, « le courage politique et surtout dans une transition, c’est de faire des choix dans l’intérêt général ». Une façon de souligner qu’avec sa dernière sortie médiatique « finalement le Président de la Transition a bien fait de ne pas le choisir comme patron du CNT ». « Car, ce poste demande de la hauteur, de la tenue d’un homme d’Etat et pas la posture d’une personne qui ne sait briller que quand il est dans un rapport d’adversité », tonne-t-elle, ajoutant au passage que la « République, ce n’est pas la rue publique ».

Au passage, cette source proche des autorités de la Transition égratigne Foniké Mengué et sa propension à surjouer avec les faits. Au sujet de la fameuse rencontre au cours de laquelle son nom aurait été proposé à la Présidence du CNT, elle estime qu’au cours de cette entrevue, le Ministre Directeur de Cabinet n’était pas présent : « C’est le Ministre, Secrétaire Général de la Présidence qui l’a reçu en présence de son Conseiller principal », dit-elle, relevant que la seconde entrevue entre les autorités de la Transition et l’activiste, c’était lors d’une rencontre entre le CNRD et le défunt FNDC (une plateforme dissoute).

Des gens proches qui ont eu écho de ces rencontres ont été estomaqués par les prétentions de Foniké Mengué. « Sur ce que j’ai appris de ces rencontres entre le CNRD et ce monsieur, c’est déconcertant de voir la manière avec laquelle il a le melon. Il voulait la Présidence du CNT et rien d’autre. Seul ce poste l’intéressait comme s’il avait le CV requis ou le plus fourni de ce pays !

Un tel égotisme était mal perçu dans l’entourage Présidentiel où l’on insiste sur le service du bien commun dans lequel l’homme d’État est avant tout un serviteur de la République. Je pense que certains se trompent d’époque. Quand vous n’avez pas le CV qui sied et vous dites : « moi je ne veux que ce poste », ça ne marche pas. Pour gagner la confiance, c’est demander un poste ministériel et accepter d’aller au charbon et même être prêt pour le poste de sous-préfet dans la localité la plus éloignée. Voilà le profil souhaité », a souligné cet acteur de la Transition, insistant sur l’humilité et le don de soi.

Autre passage incohérent de la sortie de l’activiste, une autre source émet des doutes sur le rôle joué par certains conseillers du Palais sur le choix de Dansa Kourouma et de la prétendue élimination de Foniké Mengué : « Par exemple, aucun membre du CNT n’a été consulté ou interviewé par les conseillers de la Présidence, encore moins un proche collaborateur du Ministre Secrétaire Général ou du Ministre Directeur de Cabinet ».

La preuve, un ancien membre proche de cette opposition à un acte en faveur de l’activiste à des hautes fonctions étatiques note que ces conseillers n’avaient pas droit au chapitre quant au choix du boss du CNT, encore moins des Ministres. « Il faut se dire la vérité, certains choix étaient faits par un comité très restreint », fait-il remarquer.

Il ressort de ces différents témoignages que l’activiste n’a jamais été reçu dans et par ces commissions de désignation de hauts responsables. Dans ces conditions, beaucoup doutent que le poste de la Présidence du CNT ou de Ministre de la Jeunesse lui ait été jamais proposé.

« A ce rythme, pas étonnant que d’autres illusionnistes ou mythomanes prétendent que certains postes leur étaient dévolus et s’attribuent des fonctions de Ministres voire de Premier Ministre si ce n’est tout simplement celles de Président du CNT », conclut un observateur averti de la vie publique guinéenne.

Opinion de Robert Kourouma

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