Quoique coincée dans un circuit administratif connu pour sa lourdeur, la rationalisation annoncée du nombre d’Etablissements publics à caractère administratif (EPA) ne manque pas de soutiens au sein de l’équipe gouvernementale. Et, parmi les ministres qui en sont favorables, figure Ousmane Gaoual Diallo, ministre des Transports et porte-parole du gouvernement. Au cours d’un échange avec des journalistes dont un reporter de Guinee114.Com, il a particulièrement expliqué le bienfondé de la fusion de certains EPA et la suppression d’autres pour des raisons diverses.
«Dans les années 80 où c’était à la mode de déréguler tout, la dérégulation des marchés financiers, la dérégulation du secteur des transports, la dérégulation du secteur des télécommunications…le slogan c’était moins d’Etat, plus d’efficacité au bénéfice des citoyens. Les institutions ont poussé les ministères : vous voulez qu’on fasse une route, créez le Fonds d’entretien routier, comme ça nous on travaille directement avec eux. On se débarrasse de la lourdeur administrative, on a un interlocuteur qui travaille comme un privé et on fait une route. Vous voulez faire ça, vous le sortez de l’autorité du ministre on lui donne des moyens de le faire. Cela devait apporter deux choses : plus d’efficacité et de transparence, moins de dépense pour l’Etat. Ce sont les deux qui ont justifié qu’on créée les EPA.
Mais 20 ans après, les EPA coutent trop cher, ça n’a pas réduit la facture de l’Etat et ce n’est pas devenu plus efficace que l’administration. Qu’est-ce qu’on fait ? On réfléchit, on recentre les choses. Et puis en faisant ça, on a détruit l’Etat. Si vous prenez le ministère des Transports, on a une seule direction nationale. Et cette direction nationale aussi veut être un EPA. Demain, si cela passait, moi je serais un ministre sans directeur.
Les directions nationales qui sont l’ossature administrative d’un ministère. S’il n’y a plus ça, est-ce qu’un ministère se justifie ? Pour renforcer l’autorité de l’Etat, il faut ramener certaines directions là où elles doivent être. Ce qui ne sont pas nécessaires, dont le travail exige de la célérité et qui ont surtout la capacité d’aller lever des fonds…Parce que les EPA oublient souvent, certains, qu’ils ont le devoir d’aller lever des fonds pour financer leur plan d’action et développer les secteurs qui sont les leurs.
Mais la plupart des EPA attendent que le BND arrive pour payer leur subvention sinon ils ne fonctionnent pas. Et avec ça, certains ont des salaires, je ne peux pas vous dire, c’est incroyable. Donc ça n’a pas réduit la facture financière de l’Etat, ça n’a pas emmené l’efficacité et l’efficience attendues et ça n’a pas donné moins de charge à l’Etat et ça n’a pas développé le pays. Je ne sais pas il y en a combien, c’est autour de deux cents (200) je crois, mais on va ramener ça à des proportions raisonnables», a longuement expliqué Ousmane Gaoual Diallo.
S’appuyant sur l’exemple de son département, Ousmane Gaoual Diallo dénonce particulièrement la foultitude d’autorités de régulation. Il prêche la fusion de l’autorité de régulation du transport terrestre avec l’autorité de régulation du transport aérien, l’autorité de régulation du transport maritime et l’autorité de régulation du transport ferroviaire. Au lieu d’avoir quatre conseils d’administration avec les coûts et quatre entités conclut-il, «je veux avoir une seule autorité de régulation des transports».
Thierno Amadou M’Bonet Camara
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