Le syndicat libre des enseignants et chercheurs de Guinée (SLECG) a déclenché, courant 2020, une grève générale et illimitée dans le secteur éducatif pour réclamer l’augmentation des salaires indiciaires des enseignants à hauteur huit (8) millions francs guinéens, le mois.
Aboubacar Soumah, le secrétaire général du SLECG a tenu tête aux autorités pendant des mois. Finalement, ces dernières ont réussi a déstabilisé le mouvement qui a longtemps paralysé le secteur.
Mais comment le SLECG a-t-il été réduit au silence ? Le Premier ministre l’a dit lors de son passage devant les députés pendant qu’il répondait à leurs questions.
« Comment ça s’est cassé entre nous ? On était d’accord. J’ai dit bon, nous allons faire la réforme. Le recensement des effectifs. Quand on va faire des économies, parce qu’il y a beaucoup d’économie, on se partage. Ce partage, on va se retrouver pour voir comment répartir. Ils ont fait partie de toutes les structures. En ce moment les Bano était conseiller. C’est lui qui conduisait la mission. Comme ça, on a fait une économie de dizaines de milliards. Alors, ils disent qu’est-ce qu’on fait ? On dit bon, répartir (ce montant ndlr) égalitairement par tous les enseignants. Ça donnait quatre cents (400) mille francs guinéens par enseignant. Ils disent, on n’est pas d’accord. Ils disent que non ce n’est pas à moi de décider. C’est à eux décider. Je dis donc, moi j’ai mes politiques publiques à promouvoir. Le constat est le suivant dans votre système, il est bon de le savoir parce que ça peut vous choquer.
Quand vous regardez le système éducatif, vous avez cinquante (50) mille enseignants. Sur cet effectif, vingt-huit (28) mille seulement sont en classe. Tous les restes sont les directions préfectorales ou aux ministères. Oui ou non, on a besoin de changer ça ? Au même moment, nos communautés à la base, que vous savez mieux, ont construit des écoles mais pas de maîtres. Parfois par leurs propres efforts. Alors, j’ai dit non, je mets le système de rémunération de telle que c’est eux qui sont en classe et dans les villages qui vont bénéficier. Ils disent qu’ils ne sont pas d’accord. Ils disent qu’ils vont en grève. Je dis donc continuer votre grève, je mets ma politique en place. Lorsqu’on a mis une stratégie en place, j’ai dit ceux qui sont à Conakry, qui sont en situation de classe, ils ont trois cents (300) à quatre cents (400) mille francs guinéens par mois.
Mais si tu es à Kindia, gouvernorat, tu as sept cents (700), huit cents (800) mille et si tu es dans une préfecture, tu as neuf cents (900) mille. Tu es dans une sous-préfecture, tu as un million cent (100) mille et tu es dans les hameaux, les districts, tu as un million trois cents cinquante (350) mille francs guinéens. La situation a changé, j’ai réglé le problème de personnes. Les écoles ont été occupées. Le mouvement inverse, sans cesse c’est allé au village. Parce que si tu es là-bas, tu as un million trois cents cinquante mille (1.350.000) francs guinéens de plus, en dehors de ton salaire.
Donc les gens peuvent crier mais si ce qu’ils réclament n’est pas raisonnable, il ne faut pas le faire pour le bien de la nation. On va continuer à entretenir le moment dans lequel presque la moitié du personnel enseignant est en ville n’enseigne pas et nous gaspillons cet argent. Nos enfants ne peuvent pas aller à l’école mais si les salles de classe sont construites par des parents, il n’y pas de maître, c’est acceptable ça ? Ou parce que les syndicats crient ici qui disent non, non. Pour leur faire plaire, on va faire ce qu’ils veulent ? C’est pour cela dans mon discours, j’ai parlé de courage et de détermination. Et je veux partager ce courage et cette détermination avec vous (les députés ndlr) pour que nous servions avec vous, le peuple.
Maintenant dans deux ans, tous ceux qui sont dans les districts comme enseignants, comme centres de santé, parce que nous disons c’est la valorisation du capital humain, on va construire des maisons, ils auront l’électricité solaire, ils auront l’eau, les forages. Ils seront mieux logés que ceux qui sont en ville. Ça va régler le problème. C’est ce qu’on appelle la qualité des politiques publiques. C’est sur cela on doit se mettre d’accord », a expliqué Kassory Fofana.
Propos décryptés par Mamadou KOUYATÉ