Guinée: « Je crois que les autorités de la transition avaient beaucoup de bonnes cartes mais… » (Aliou Bah)

Le retour à l’ordre constitutionnel qui est un élément essentiel de la transition divise les acteurs socio-politiques guinéens. De retour à Conakry, après plusieurs mois à l’étranger, le président du Mouvement Démocratique Libéral (MoDeL) qui répondait aux questions de nos confrères de Fim FM, le jeudi, 13 avril 2023, a été amené à se prononcer sur le déroulement de la transition dans le pays. Aliou Bah s’est montré  très inquiet en ce qui concerne le retour à l’ordre constitutionnel.

 
« Je pense que la transition, elle a actuellement une ligne qui est inquiétante. Pourquoi ?  Parce qu’on tend vers la deuxième année de transition, au mois de septembre, on a pas de visibilité sur ce qu’on a comme essentiel sur la transition. À savoir, le processus qui mène au retour à l’ordre constitutionnel. Alors je crois que ceci est inquiétant dans la mesure où je l’ai dit avant, une transition plus elle prend du temps plus elle s’enlise, elle devient difficile à gérer. Quoique on peut toujours revendiquer un bilan, on peut dire qu’on voudrait refonder, on veut réaliser des infrastructures à priori tout ça est bien mais le problème c’est que ça reste et demeure une transition donc, une autorité non élue. Alors quand c’est comme ça vous avez des difficultés à faire passer parce que les chefs d’Etats de la sous-région, l’œil international au regard de tout ça c’est de dire si vous restez pendant trois (3) ans, si vous voulez rester pendant quatre (4) ans ça veut dire que vous êtes en train d’envoyer un message comme quoi, on a plus besoin d’être élu pour exercer un mandat dans un pays. Donc, l’incitation transition-militaire pourrait se faire par le fait de prendre du temps à rester pour une transition. Donc, une transition au delà de deux ans, elle devient déraisonnable. C’est pourquoi il ne fallait pas se refermer dans ce piège parce que jusqu’à présent on n’a pas posé les actes allant dans le sens du retour à l’ordre constitutionnel. Et l’inquiétude, c’est que même si à l’issue d’un dialogue qu’on souhaite et nous participons dans ce processus de négociation et tout ça, il y’a des opérations à mener dans le cadre du processus électoral, elles seront très difficiles de compresser d’autant plus que nous avons besoin de temps pour les faire. Donc, ça veut dire que le temps joue en défaveur des autorités de la transition donc en défaveur de la démocratie parce qu’il s’agit de la question de la stabilité politique et sociale du pays. Je crois que nous avons perdu beaucoup de temps sur des choses qu’on pouvait faire parallèlement. Je crois que les autorités de la transition avaient beaucoup de bonnes cartes mais qui ont été très mal jouées malheureusement », a martelé Aliou Bah, président du MoDeL.
 
A signaler qu’à l’initiative des autorités religieuses, des pourparlers sont en cours entre le Premier ministre, Docteur Bernard Goumou et les Forces Vives de Guinée composées de coalitions sociopolitiques qui n’ont pas participé au dialogue inter guinéen organisé par le gouvernement en fin 2022.
 
Mamadou Macka Diallo
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