La tournée du garde des Sceaux, ministre de la justice et des droits de l’homme dans certaines préfectures du pays a fait l’objet de beaucoup de commentaires. Devant la presse, le 15 février 2023, Alphonse Charles Wright a fait le point de cette tournée qui a duré plusieurs jours. C’était en présence des cadres du ministère.
En ce qui concerne les prisonniers, Alphonse Charles Wright s’est prononcé sur le cas de ceux de Kissidougou, Guéckédou, Macenta, Zérékoré entre autres.
«À Kissidougou, on a transformé les détenus comme des fonds de commerce. D’abord, ils ont créé des taxes hors la loi. Pour venir saluer ton parent en prison, il y a ça. Même si ton délai de détention dépasse, tu ne sortiras pas sans argent. Plus grave dans tout ça si par exemple on te condamne à six (6) mois deux millions d’amendes, si tes six mois finissent, la loi dit on ne peut pas garder quelqu’un parce qu’il n’a pas payé d’amende. Mais ils vont dire non, c’est la peine d’emprisonnement que tu as purgé. (…) et l’amende là n’est pas versé au trésor. Celui qui s’assoit là-bas qui se fait un roi dans la cour de tout permis. Ou les détenus nous disent que moi Monsieur le ministre, mon parent pour venir me voir ici, voici ce que je paye pour sortir de la cale pour que vous puissiez me trouver dehors ici. Je paye jusqu’à deux millions. C’est votre arrivé qui nous a permis qu’on nous a demandé de nous laver. Je ne peux pas m’asseoir à Conakry.
À Guéckédou on vient, on ouvre les cales. Les gens ne peuvent plus marcher, c’est-à-dire c’est des squelette. Monsieur Diallo me dit ceux-ci sont enfermés 24 heures sur 24. On est parti voir derrière quand quelqu’un meurt, ce qu’on ne vous dit pas on prend les détenus encore, allez creuser vous l’enterrez. Le juge de paix, vous n’êtes pas au courant? Monsieur le ministre je ne suis même pas au courant si on enterre les gens ici. Vous êtes là pourquoi?
On est allé à Macenta. Depuis au moment où moi j’étais juge d’instruction, la prison qui a été détruite, jusqu’à maintenant, il n’y a pas de prison. Qu’est-ce que les gens font? On dit comme il n’y a pas de prison, nous ça fait notre affaire, ils construisent. Quand on te prend, on t’envoi dans les locaux de la gendarmerie ou de la police. On te dit c’est en attendant qu’il soit jugé et déféré. On a créé deux cales. Cale qu’on appelle cale VIP, c’est la haut. Deuxième cale, c’est la chambre noire. C’est-à-dire quand vous rentrez, normalement cinq (5) personnes ne peuvent pas être là-bas mais vous trouverez au moins dix (10) à quinze (15), ils sont agenouillés du matin au soir. Les femmes qui ne peuvent plus, aveuglées. Les gens qu’on a envoyé à l’hôpital, d’autres sont décédés. Je ne peux plus leur donner la vie. Mais si j’étais parti tôt, peut-être je me dis j’allais sauver des vies. Je regrette pourquoi le jour où on m’a nommé je ne suis pas allé. Au moins je pouvais sauver des vies. Et tous les jours, on me dépose des rapports ici, quatre (4) morts, cinq (5) morts. Ils meurent de quoi? Vous avez des personnes qui ont la tuberculose, on sait qu’ils ont la tuberculose, on les gardes avec les gens qui n’ont pas la tuberculose, la contagion devient générale.
On vient à N’Zérékoré, un régisseur saoulé jusqu’au lit. Vous ne connaissez pas la conséquence de son état d’ivresse. Qu’est-ce qu’il fait? Il met devant chaque cale, une véritable milice. Il y a des cales où on te torture quand c’est chaud là-bas. Pour te faire déménager dans d’autre, il y a de l’argent. Donc il faut avoir des gens à l’interne qui puisse s’occuper de toi», a longuement narré, Alphonse Charles Wright, ministre de la justice et des droits de l’homme tout en soulignant que ce régisseur de la prison a été arrêté, jugé et condamné.
Le ministre a aussi apporté des précisions sur la construction en cours d’une prison capable de contenir cent (100) détenus à Macenta financée par lui à soixante millions (60 000 000) de francs guinéens non remboursables.
Mamadou Macka Diallo
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