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Guinée : Procès d’une société qui joue au « Qui perd gagne » (Par Mohamed Lamine Keita)

La galerie guinéenne est faite de paysages cartes postales, d’histoires rocambolesques, de jugements terribles, de malignités absurdes et de lumières qui s’éteignent au fil des âges. Mais saura-t-on, à quand la renaissance de ces lumières fanées par la bêtise ? 

Les dires de terreur et les rares postures d’une société digne de la haute noblesse, dans le rapport de force des factions établies, annihilent la destinée d’un peuple, pourtant sis sur une terre à forte énergie, qu’il suffit « juste » de transformer positivement. Nos cœurs de pierres demeurent-ils alors, la source de cette piteuse difficulté à progresser ensemble ? 

Les Jeux Olympiques de Paris 2024 ont donné une leçon de vie au monde, mais surtout à l’Afrique ; et la Guinée plus particulièrement dans ce contexte-ci devrait s’en inspirer gracieusement. A l’unisson le peuple français a reçu le monde, qui n’a constaté aucune fissure sociétale du genre humain dans leur quotidien. Il y avait, comme pour reprendre l’expression populaire, trêve politique et trêve de vindicte. Pour l’essentiel, les Français dans leur majorité étaient vraiment ensemble et pas hypocritement ; tout comme le cas des sénégalais dans les moments du « Maggal de Touba », ou encore les Saoudiens pendant les moments du « Hajj ». 

Ces heureux moments nous manquent à tel enseigne que nous constatons que nous n’existons même pas une seule fois ensemble l’année. Même la fête de l’indépendance nationale se heurte à des ombres d’intolérance raides. Pire encore, l’état dégradé de santé des uns et la mort des autres, réjouissent plus d’un. Et beaucoup parmi nous, élèvent leurs murs sur la sueur et le sang, si ce ne sont les tombes des autres. Sacrilège, quand la bassesse s’élève à sept pieds au-dessus de nos têtes ! 

Qu’avons-nous enfin fait de nos rêves de nos années de crises, qui donnaient vie à nos énergies conscientes et à notre amour, perfectibles ? Qu’avions-nous dit de l’amour de notre patrie et de nos compatriotes ? Et qu’avons-nous fait de nos dires du cœur ? 

Notre cité est si triste la nuit tombée, que le jour se lève avec des larmes de détresse d’une majorité dont le sort est aussi incertain que le paradis que nous clamons avoir et déclamons tristement sur d’estrades tout-petits. Les heures qui rugissent dans leur marche font trembler les chairs ; et les ossements devenus, qui nous tiennent par la Grâce de l’Eternel, demeurent notre témoin impuissant face aux choses horribles que nous nous faisons subir unilatéralement, quelques fois mutuellement.

D’écritures et de paroles sacralisées nous enseignent pourtant de beaux préceptes, à même de nous guider dans nos diverses tâches de vivants en quête de salut. En guise d’exemple, je pourrais citer les suivantes : « Ce qui se trouve en haut, se trouve en bas. » Fin de citation. Celles-ci viennent vivifier ces autres qui disent, je cite à nouveau : « Toute la puissance du baobab se retrouve entièrement dans la graine. » Fin de citation. Ces enseignements, comme tant d’autres peuvent interpeller notre conscience et toucher notre cœur ; surtout pour ceux qui font de la méditation des préceptes un devoir. Car la conscience et le cœur représentent chez l’humain la stabilité de la force agissante dans le temps pour son intemporalité. Mais ce qui est quand même triste, c’est le fait que nous sommes dans l’ignorance de l’existence de plusieurs préceptes Divins, ou parfois, dans l’ignorance du devoir humain d’en posséder en quantité suffisante pour cadrer nos âmes errantes dans notre enfer quotidien. Nous ne fourons non-plus pas nos nez dans les feuilles du savoir pour apprendre de la vie, plutôt nous les fourons dans les affaires des autres. Et nous avons réussi à créer l’enfer de Sartre dans nos seins, aux côtés de celui de Dante qui nous est déjà familier. 

Quant au jeu de dupes de la société guinéenne avec elle-même, le monde l’observe. Le dégoût de nos pratiques fait paraître au grand jour l’étendue de l’obscurité, deux fois énumérées dans lesquelles nous nageons. Ainsi, ceux qui perdent aujourd’hui préparent majestueusement leur vendetta sans pitié de demain. Les gros faux-fuyants, cependant dans leur fausse honte, esquivent leur responsabilité par crainte d’être découverts en plein midi de l’intelligence. Ils n’hésitent même pas à sacrifier, et ce, sciemment leurs proches, pour se victimiser et espérer une compassion populaire et/ou une compensation numéraire dans la poursuite de leur vilain dessein. 

Finalement, vaut-il la peine de jouer à ce jeu dégoûtant d’une société aussi morne que la majorité de ses composantes ? Pourtant, même en étant spectateurs avertis, nous jouons déjà inconsciemment à ce jeu de défiance des consciences, des cœurs et des pouvoirs. 

Toutefois, la Nature, elle, ne rétribue que la valeur de la semence, au commandement de La Toute Puissance. Et la Lumière originelle éclairera certes les âmes des cœurs purifiés par la foi, le silence, la soumission à l’amour et aux actions généreuses en faveur des autres et les plus vulnerables ; à l’image de ceux qui portent haut la Veuve et l’Orphelin. 

Je vous salue. 

Mohamed Lamine KEITA, 

Écrivain / Poète

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