Conakry-Suite à une grève générale et illimitée déclenchée par les huissiers, qui ont été rejoints par les avocats, le secteur de la justice se trouve en panne depuis quelques jours. Sous la pression de cette crise qui affecte les cours et tribunaux, le ministre de la Justice, Me Mory Doumbaya, était ce mercredi au siège de la chambre nationale des huissiers de Guinée.
Au sortir de la rencontre avec les leaders de la grève, le ministre de la justice s’est confié à la presse. «Je crois avoir eu des échanges très enrichissants avec la chambre nationale des huissiers de de Guinée. Vous l’avez observé, les ordres professionnels notamment le barreau des avocats et les huissiers ont marqué une cession momentanée de leurs activités dans le fonctionnement des cours et tribunaux. Et en ma qualité de vice-président du conseil supérieur de la magistrature et de ministre de la Justice garde des sceaux, j’ai estimé qu’il était de mon devoir de venir à la source pour échanger avec la chambre nationale des huissiers de Guinée pour accéder aux vraies informations. Je pense avoir fait la même démarche hier avec les avocats pour être mieux informé. Des discussions sont en cours au-delà des questions de revendications posées, pour aplanir les divergences de vue dans le cadre d’un large réseau de discussion et de concertation pour pouvoir trouver le compromis qu’il faut pour la reprise rapide des activités. Très rapidement, nous allons nous retrouver dans un cadre de concertation pour définir les nouvelles lignes d’orientation pour permettre une reprise rapide des activités. Il ne s’agit pas d’aller à la reprise des activités en catimini, c’est le souhait de tout le monde. Les ordres professionnels et les cours et tribunaux sont indivisibles.
Notre souci, C’est de discuter en profondeur des problèmes posés, trouver des solutions d’ensemble et puis reprendre les activités dans un cadre normal pour fortifier davantage les activités des cours et tribunaux. Mais je ne suis pas venu pour faire un lobbying, demander aux huissiers et aux avocats de reprendre dès demain. Ce serait l’idéal. Mais j’ai suggéré que l’on se retrouve dans un vaste cadre de concertation pour aborder toutes les questions et nous orienter dans la même direction. C’est notre souci aujourd’hui. J’estime que chaque ordre professionnel tirera profit du message que j’ai tenu et nous allons très rapidement nous retrouver avec l’association des magistrats, tous les professionnels concernés pour prendre des décisions fortes dans l’intérêt de la justice et des justiciables guinéens. Voilà ce qui a filtré de ces échanges”, a longuement expliqué le ministre de la justice, Maitre Mory Doumbaya.
Pour sa part, le président de la chambre nationale des huissiers de Guinée, Me Sory Daouda Camara, a martelé que ce mot d’ordre de débrayage durera aussi longtemps que les problèmes auxquels ils sont confrontés ne trouveront pas solution.
“Les échanges ont été fructueux. Nous n’avons pas encore abordé la question qui consiste à mettre fin au moment de débrayage. Parce que selon les analyses du garde des sceaux que nous avons vue très pertinente, au-delà de la simple question qui est posée, c’est-à-dire concernant l’inexécution des décisions de justice, il se trouve qu’il y a d’autres maux beaucoup plus profonds qui gangrènent de façon générale le fonctionnement de l’appareil judiciaire guinéen. Donc il a estimé que pour une solution durable, le mieux serait d’examiner l’ensemble des maux qui assaillent la justice guinéenne. Et ces maux ne concernent pas seulement que l’exécution des décisions de justice. Il y a aussi le fonctionnement de nos cabinets. Il a dénoncé ce qui ne va pas à notre sein, il a dénoncé ce qui ne va pas chez les avocats, chez les magistrats puisque c’est un sorcier de la maison. Il connait parfaitement la maison. Et nous avons estimé que pour des résolutions qui vont être adoptées soient durables”, a martelé Maitre Sory Daouda Camara.
Mamadou KOUYATÉ
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