Contrairement aux deux précédentes audiences, l’ex commissaire spécial de l’aéroport Ahmed Sékou Touré de Conakry a comparu ce jeudi, 20 juillet 2023, devant le tribunal correctionnel de Mafanco. Le colonel Naby Ibrahima Traoré est venu répondre aux accusations d’atteinte à la liberté individuelle pour lesquelles il est poursuivi par Ibrahima Diallo, coordinateur des opérations du FNDC (Front national pour la défense de la constitution).
A la barre, le prévenu a reconnu avoir empêché l’activiste de la société civile de se rendre au Niger, où il devait animer une conférence sur le rétrécissement de l’espace civique en Afrique. Mais l’officier de police précise qu’il a tout simplement exécuté une décision prise sur la base d’une réquisition du procureur de la République près le tribunal de première instance de Dixinn.
Après les explications du colonel Traoré, la partie a sollicité la comparution de témoins pouvant mieux éclairer la lanterne du tribunal sur cette affaire. Mais le juge a rejeté cette requête, avant de renvoyer l’affaire au 27 juillet prochain pour la suite des débats et éventuellement les réquisitions et les plaidoiries. En attendant, l’avocat de la défense se montre satisfait, car convaincu que les débats ont tourné à l’avantage de son client.
« Je peux vous dire que les débats se sont terminés sur une note de grande satisfaction pour nous parce qu’il ne faut pas oublier qu’on est matière de citation directe. Donc, c’est la partie civile qui a pris l’initiative de sauter et M. le procureur et M. le juge d’instruction sans parler de la police et de la gendarmerie pour saisir directement le tribunal. Si on le fait, cela veut dire qu’on a suffisamment de preuves. Et dans ce dossier, après tous les débats, nous avons vu la partie civile demander la comparution des témoins, selon elle, pour savoir réellement si c’est le prévenu qui a commandité les faits en cause.
Cela veut dire qu’ils sont dans le doute et que les débats ont tourné à l’avantage du colonel Traoré, parce qu’il est évident que M. Ibrahima Diallo a fait l’objet d’une interdiction de sortir à l’aéroport Ahmed Sékou Touré, mais sur la base d’une réquisition de M. le procureur de la République près le tribunal de première instance de Dixinn, qui en est l’autorité compétente. Donc, il n’a fait qu’exécuter un ordre qui a émané de l’autorité légitime. Il ne s’agit pas d’un ordre illégal encore moins un ordre manifestement illégal.
Et c’est l’article 47 du Code de procédure pénale qui donne ce pouvoir-là au procureur. En tant qu’officier de police judiciaire, il n’a pas à demander au procureur pourquoi il a pris cette décision, il n’a qu’à l’exécuter tout simplement. Donc, il n’a rien à se reprocher, on l’a prouvé tout au long des débats », a réagi maître Bernard Sâa Dissi Millimouno au sortir de l’audience.
De son côté, la partie civile aussi pense avoir démontré au tribunal que la raison est de son côté, car le document brandi par la défense n’est accompagné d’aucune décision de justice.
« Nous avons prouvé que notre client a été victime de l’injustice, de l’arbitraire et de l’illégalité, parce qu’il n’a été démontré nulle part que c’était de façon légale que lui, il a empêché (de voyager). Alors, le seul papier qu’on nous a exhibé dans la salle d’audience, c’est une correspondance de M. le procureur adressé à M. le commissaire central de l’air et des frontières. Ce document n’était accompagné d’aucune décision de justice, ni de la juridiction d’instruction ni de la juridiction de jugement.
Donc, c’est une simple correspondance qu’on lui a adressée et lui, il s’est permis de s’arroser un droit qui ne lui appartenait pas, allant jusqu’à empêcher un citoyen guinéen de jouir de sa liberté, de ses droits, de restreindre sa liberté en l’empêchant de sortir », a martelé maître Alsény Aïssata Diallo, l’un des avocats d’Ibrahima Diallo.
Mamadou Macka Diallo
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