Inflation et cherté des prix en Guinée : Cellou Dalein fait des révélations

Quelques jours après le passage du Premier ministre Kassory Fofana à l’Assemble nationale pour la déclaration de politique générale du gouvernement, le président de la l’union des forces démocratique de Guinée (UFDG) a jugé nécessaire d’apporter quelques précisions par rapport à la cause de la crise économique que connait le pays.

Invité des Grandes Gueules d’Espace FM, l’économiste de formation, Cellou Dalein Diallo a donné quelques causes de la flambée des prix sur les marchés de la Guinée.

En dépit de la cherté du transport maritime, l’opposant attribue au gouvernement l’origine de l’inflation que connait actuellement le pays. Selon lui, le pouvoir n’a pas pu gérer les crises comme cela se devait.

« Il y a une part d’importation dans l’inflation. C’est évident. Le transport maritime a augmenté. Donc certains produits ont augmenté. Mais il y a l’inflation générée par mauvaise gouvernance. Regardez l’état de nos routes. Aujourd’hui si vous voulez transporter une tonne de riz à Siguiri ou N’Zérékoré, compte tenu de l’état de la route et du coût d’entretien des camions, le prix du transport augmente. D’ici N’Zérékoré, avant cette dégradation de la roue, c’était 300 à 400 mille francs, la tonne. Aujourd’hui on est à 500 et 600 mille francs, la tonne. Et lorsque vous faites deux fois Conakry-Nzérékoré vous êtes obligés de changer même de pneu et le coup d’entretien des véhicules augmente par la faute de la détérioration des infrastructures routières. Donc, il y a une inflation qui nait de l’augmentation du coût du fait que l’Etat n’a pas assumé sa responsabilité en matière d’entretien du réseau routier.

Il y a aussi l’augmentation fantaisiste de l’impôt et des taxes au niveau du cordon douanier. L’Etat décide, parce qu’il faut combler les déficits générés par le financement du troisième mandat et les autres dépenses pour l’organisation des autres élections, maintenant il faut augmenter les impôts et les taxes, tout le monde doit payer », a expliqué de son côté l’ancien Premier ministre.

Ce n’est pas tout. Selon le président de l’UFDG «la fermeture des frontières a eu aussi une incidence sur l’inflation ». « Il y a des produits qui sont fabriqués dans les pays voisins, à moindre prix c’est importé de la Chine ou de l’Europe, lorsque vous fermez la frontière ces produits n’arrivent plus, parce que dans le cadre la CEDEAO il y a des exonérations d’impôt sur des produits si l’origine est CEDEAO. Si c’est fabriqué au Sénégal par exemple », a-t-il indiqué.

Concernant l’exportation de sa bauxite, la Guinée est passée de 15 millions de tonnes en 2015 à 80 millions en 2020. Cellou Dalein estime les devises rapportées par cette augmentation devraient aider. Malheureusement par la faute de la mauvaise gestion du régime, selon l’opposant, rien n’est allé dans les caisses de l’Etat qui se voit obliger de recourir à la planche à billet pour financer les dépenses publiques

« On est passé pratiquement de 15 millions de tonnes exportées en 2015 à 80 millions de tonnes en 2020. Cela ça signifie que les devises rentrent. Ça aurait pu protéger la monnaie puisque y a une entrée, il y a une augmentation forte de l’exploitation au point que notre balance est devenue une fois excédentaire. Ça veut dire nous exportons plus que nous importons. Mais … le trésor a fait appel à la banque centrale mais aussi aux autres banques. Et cela a une double conséquence. Lorsque la gestion de la monnaie commende souvent de fixer le plafond à l’émission de la monnaie. Mais lorsque l’Etat fait appel aux ressources des banques, c’est souvent au détriment du secteur privé. Parce que lorsqu’on accorde beaucoup de crédit à l’Etat on n’a plus d’espace pour accorder au secteur privé, parce que c’est plafonné », a également expliqué l’économiste.

Souleymane Bah

 

 

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