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Instrumentalisation du centrisme: les Koureissy, « faux disciples » de Jean-Marie Doré

Cinq mois après le renversement d’Alpha Condé par le colonel Mamadi Doumbouya, le paysage politique guinéen est encore loin de finir sa reconfiguration qui est l’une des conséquences immédiates de tout changement à la tête d’un pays par la survenance d’un coup d’Etat. Le dernier bloc politique à être annoncé, dont la mise en place devrait être parachevée ce lundi, 31 janvier 2022, est décrit par ses promoteurs à travers l’ancien ministre Koureissy Condé, comme étant un courant du centre. Mais centre de quoi, par rapport à qui ou à quels autres courants ?

Il a fallu beaucoup de tractations sous l’égide de l’ancien ministre Ousmane Doré pour que la classe politique se retrouve pour tenter de formaliser une plateforme à l’image du forum des forces vives expérimenté lors de la transition de 2008. Après la désignation des représentants de la classe politique au CNT, le Collectif des partis politiques (CPP) a été mis en place avec l’idée de fédérer tous les partis politique, y compris le RPG, l’ancien parti au pouvoir et ses alliés.

Le retrait de Dr Ousmane Kaba (Pades), Sidya Touré (Ufr) et d’autres leaders de ce CPP pour protester contre le  choix de Cellou Dalein pour en être le porte-parole, est l’un des motif d’une fissure qui a conduit à la naissance d’une deuxième coalition qui est le Forum des partis politiques (FPP). Ce dernier regroupe d’abord ceux qui ont claqué la porte du CPP parce qu’ils sont contre le maintien de Dalein à la position de porte-parole du CPP.

Ainsi, mandat a été donné à Koureissy Condé, jusque-là membre du CPP, de faire une méditation à l’effet de faire revenir les dissidents à la raison. Sauf qu’à la surprise de beaucoup, le président du parti ARENA, envoyé en médiateur, s’est montré au siège du PUP avec d’autres leaders. Au sortir de cette rencontre, ce qui a été annoncé aux médias, c’est la gestation d’une nouvelle coalition dont la mise en place devrait être finalisé bientôt.

Et, pour mieux vendre son projet, Dr Koureissy Condé déclare que «pour l’unité des forces politiques de notre pays, il était indispensable qu’une force du centre puisse s’opposer pour réconcilier, pour rapprocher et pour favoriser un débat portant sur les questions liées à la réussite de la transition ». 

En affirmant que la coalition qu’il annonce ainsi serait celle du centre, Koureissy Condé ne nous dit malheureusement pas par rapport à quoi lui et ceux qui le suivent dans cette tentative seront du centre dans un contexte où il n’y a ni mouvance au pouvoir ni mouvance d’opposition. Centre par rapport à quoi ? Doit-on alors admettre qu’au sein de la classe politique il y a une mouvance qui doit être opposée à l’autre pour qu’il y ait un centre ? Si c’est le cas, entre les Dalein et les Sidya, quel camp serait celui des extrémistes selon Koureissy Condé pour que sa coalition puisse incarner le centre ?

En réalité, l’usage du centrisme dans la justification de ce nouveau bloc politique n’est ni moins ni plus que la manifestation d’un opportunisme à travers l’instrumentalisation d’une position dont la pertinence sur l’échiquier politique guinéen  en cette période de transition ne peut résider que dans l’envie d’exister à part qui brûle ceux qui la revendiquent.

Jean-Marie Doré, président de l’UPG, qui s’est battu pour l’affirmation et la reconnaissance d’un troisième courant appelé le centre, l’avait fait à un moment où cela avait du sens. Puisque pour lui, il s’agissait de trouver entre l’opposition apparemment radicale et une mouvance au pouvoir qui campait sur sa position, une troisième opinion, une troisième position qui peut aider à l’équilibre.

Si les morts pouvaient revenir juste pour passer un message et retourner, Jean-Marie Doré n’aurait pas tardé à surgir dans la cour de Koureissy Condé pour lui dire que proclamer un centre en plein moment de transition, n’est que pire opportunisme politique.

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Thierno Amadou M’Bonet Camara (Rescapé N°4)

622 10 43 78

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