Le limogeage du Ministre Mamadou Péthé Diallo et son remplacement par le Dr. Oumar Diouhè Bah au Ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique ont révélé une situation des plus préoccupantes, mettant en lumière ce que l’on pourrait qualifier de « justice du vainqueur ». Les agissements de Mme Khaité Sall, Cheffe de Cabinet, dans cette transition témoignent d’un acharnement démesuré et d’une volonté manifeste de déshonorer son ancien patron.
Le geste le plus révoltant de cette injustice ressemble à une mise en scène cruelle orchestrée par Mme Khaité Sall. En effet, elle a pris l’initiative de ranger les effets personnels de l’ancien ministre dans son bureau avant de les livrer elle-même à son domicile, sans son consentement. Cette action, loin d’être anodine, s’apparente à un pied de nez à la famille de l’ex-ministre et soulève des interrogations quant à ses motivations réelles.
La démarche de Mme Sall, en l’absence de représentant légal ou d’enquêteurs, suscite des inquiétudes quant à la préservation des droits de l’ancien ministre, actuellement sous le coup d’une injonction de poursuites judiciaires pour des faits présumés de détournement de biens publics. La transparence et le respect des procédures légales semblent avoir été sacrifiés au nom d’une vengeance personnelle.
Le nouveau Ministre de la Santé, Dr. Oumar Diouhè Bah, mérite une reconnaissance particulière pour sa décision sage de s’installer dans un autre bureau en attendant les enquêtes en cours. Sa volonté de respecter scrupuleusement les règles et de préserver l’intégrité des procédures en cours reflète son engagement envers la transparence et l’éthique. Il est essentiel de saluer la nomination de ce cadre chevronné, anciennement Directeur National de la Pharmacie et du Médicament, dont les compétences et la détermination à réformer et à lutter contre la vente illicite des médicaments sont indéniables. Dans cette transition, le Ministre entrant incarne une figure exemplaire qui se positionne au-dessus des querelles partisanes, mettant en avant l’intérêt public et la sauvegarde des vies. Il est donc essentiel que le nouveau Ministre, Dr. Oumar Diouhè Bah, refuse de participer à ce jeu de représailles orchestré par Mme Khaité Sall.
Par ailleurs, il est à noter que l’épouse de l’ex-ministre a eu la sagesse de refuser la réception des colis déposés par Mme Khaité Sall à son domicile. Cette prudence s’avère justifiée dans le climat tendu qui règne depuis deux ans au sein du ministère, marqué par les manigances de la Cheffe de Cabinet.
La retenue exemplaire de l’épouse de Mamadou Péthé Diallo mérite d’être saluée. Consciente des machinations de Mme Khaité Sall, elle aurait pu réagir avec violence, mais a préféré opter pour la voie légale en refusant d’accepter les agissements déplacés de la Cheffe de Cabinet.
Si des poursuites judiciaires s’avèrent nécessaires, Mme Sall pourrait faire l’objet d’une plainte pour violation de domicile et harcèlement. Personne ne devrait être au-dessus de la loi, même au sein d’une administration publique.
D’autre part, la lutte contre les détournements de fonds publics doit demeurer une priorité, indépendamment de l’auteur. Il est impératif de souligner que si l’ex-Ministre Péthé Diallo est reconnu coupable de faits répréhensibles, il doit incontestablement subir la rigueur de la loi. Néanmoins, en accord avec les principes fondamentaux de la justice, il est primordial de préserver la présomption d’innocence jusqu’à ce que sa culpabilité soit établie de manière irréfutable.
Dans un passé récent, les révocations de Mme Salimatou Baldé et Mme Fatou Baldé, anciennement Cheffes de Cabinet du Ministère en charge de l’Habitat et du Ministère en charge de l’Enseignement technique, suscitent des questionnements, d’autant plus que les motifs avancés étaient moins significatifs que ceux qui sont aujourd’hui imputés à Mme Khaité Sall.
Cette disparité apparente dans le traitement des situations nourrit les spéculations autour d’éventuels appuis puissants dont Mme Sall pourrait bénéficier. Il est conseillé au gouvernement de veiller à ce que ses actions et décisions ne soient pas perçues comme étant motivées par des considérations ethniques, afin de maintenir la confiance du public envers l’équité et la cohérence de ses choix.
Il est difficile de ne pas faire le rapprochement avec le passé douloureux de la famille Sall, notamment le feu Kelefa Sall, ancien Président de la Cour constitutionnelle de Guinée. Sa destitution, ses accusations de détournements et de vols, ainsi que sa mise sous surveillance, ont précipité sa mort, selon les dires de sa famille. On aurait espéré que la fille d’une telle victime évite de perpétuer les mêmes humiliations infligées à son père.
En conclusion, le respect de ses droits fondamentaux est une garantie indispensable dans le processus judiciaire. La justice doit être impartiale et équitable, même dans les circonstances les plus délicates, afin de préserver l’intégrité du système judiciaire et de renforcer la confiance du public envers les institutions.
Aussi, est-il impératif de souligner que la fille de feu Kelefa Sall, Mme Khaité Sall, devrait se souvenir des injustices subies par son père. La mémoire de cette épreuve devrait la guider vers plus de compassion et d’équité dans ses actions, plutôt que de perpétuer un cycle de représailles et d’humiliations. La Guinée a déjà connu les conséquences dévastatrices de la manipulation politique, et il est de la responsabilité de chacun de briser ce cercle vicieux au nom de la justice et de l’éthique.
Ousmane Diakité