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La Guinée est-elle prête à intégrer la zone de libre-échange continentale africaine en 2021 ? Le Directeur national de l’Industrie tranche (interview)

La Guinée s’apprête à intégrer dans la zone de libre-échange continentale africaine en 2021. Le Premier ministre et le Ministre de l’Industrie, des Petites et Moyennes Entreprises (PME) ont prononcé des discours contradictoires lors de la célébration en différé de la Journée de l’Industrialisation de l’Afrique. Le ministre Tibou soutenu que la Guinée est prête à entrer dans la zone de libre-échange continentale africaine. Le Premier ministre Kassory Fofana par contre a laissé entendre que le pays n’est pas totalement prêt à y aller. Dans une interview accordée à notre rédaction jeudi, 9 décembre 2020, Alphadio Idriss Hann, Directeur national de l’industrie a donné son avis sur cette question importante.

Guinee114: la Guinée s’apprête à entrer dans la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) en 2021. À quoi peut-on s’attendre ?

Alphadio Idriss Hann : la Guinée étant dans la zone de libre-échange continentale africaine à partir de l’année prochaine, il faut s’attendre à une balance commerciale beaucoup plus intéressante mais aussi à ce que la Guinée se hisse à un niveau très important, même au niveau du Doing Business. Et aussi à des niveaux d’infrastructure très élevé, parce qu’il y aura des relations transfrontalières entre les différents pays. Il faut noter aussi que nous pourrons vendre le nom du « made in Guinea » dans toute l’Afrique.

Est-ce que l’industrie guinéenne est prête à y aller ?

Pour beaucoup de nos grandes entreprises industrielles, c’est une opportunité. Déjà c’est une question de concurrence mais aussi c’est une question de marché. C’est dommage, peut-être, les plus faibles vont disparaître. Mais, ça va aussi rehausser le niveau, au niveau de notre industrie notamment la qualité, les normes et aussi les potentialités d’ouverture et d’augmentation du chiffre d’affaires. Par ailleurs c’est une source d’entrée de devises qui pourrait rehausser tout ce qui est au niveau de la balance commerciale de notre pays.

Deux discours contradictoires ont été prononcés sur l’entrée de la Guinée dans la zone de libre-échange  par le Premier ministre et le Ministre de l’Industrie et des PME à l’occasion de la célébration de la Journée de l’Industrialisation de l’Afrique. Comment le Directeur national de l’industrie explique cela ?

Écoutez, moi je dirais aujourd’hui que le pays est d’une part prêt mais aussi il y a d’autres défis. Parce-que si aujourd’hui nous arrivons à être dans un marché comme celui de la  CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest), nous pouvons dire que nous arrivons quand même à répondre aux différents besoins du marché. Parce-que c’est pour plus de trois cents (300) millions d’habitants. Maintenant si on élargi ça pour tous les États africains, je pense qu’on pourrait s’adapter, au fur et à mesure, déjà en prenant des mesures concrètes au niveau local. Donc prêt, ça dépend d’un aspect parce qu’aujourd’hui, nous dirons qu’il y a des structures de bases. Il y a aussi beaucoup de choses à mettre en place. La Guinée déjà a pris certaines réformes pour faire face à tout cela. Il y a eu déjà tout ce qui est arrivé au niveau du tarif économique commun (TEC). Au niveau du TEC, nous faisons face à des barrières douanières qu’on les a fait tomber pour récupérer certains marchés. Mais au-delà de ça, il faut que nous puissions avoir plus d’exigence au niveau local. Parce que quand vous regardez aujourd’hui tout ce qui est automobile, il y a tous ces ski one, ski two. La Guinée ne peut pas faire face parce que nous n’arrivons même pas à transformer la bauxite en Alumine. Donc il faut des infrastructures. Nous nous préparons aussi à arriver à cela. Et une fois que cela est fait, je pense que nous répondrons aisément à l’ouverture du marché et aussi à pouvoir aussi exporter vers d’autres pays.

Interview réalisée par Mamadou KOUYATÉ

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