2022, l’année d’espoir. Mais ce n’est pas nouveau. Donc on ne va pas danser très vite. Nous sommes en transition et tout semble pour l’instant incertain. Le pouvoir aux mains des militaires, essaie de se construire. Certains Guinéens veulent tellement que tout soit parfait, qu’ils semblent se tromper de contexte.
Déjà, ils veulent la démocratie parfaite : séparation des pouvoirs, respect strict des principes de bonne gouvernance. Liberté totale pour tous. Parfois même, discours au ton sans filtre, tenu pour réclamer un droit pourtant acquis. Ils veulent que tout soit comme dans les grands pays qui nous ont toujours inspirés. Ainsi donc ils ont raison. Ils ont raison, parce que la démarche de refondation de l’Etat n’est pas encore opérée.
Lorsque le colonel dit dans son discours de nouvel an, nous allons créer l’Etat, il ne s’entend pas de la même façon. Certains pourraient croire, que cela ne veut rien dire. D’autres (et c’est nous), sont certains qu’il s’agit d’un Etat nouveau. Avec ses institutions et instruments nouveaux. Un Etat avec ses spécificités. Non, un Etat qui regarde l’occident en se construisant. Le mot démocratie, qui est un système pour lequel nous ne sommes pas encore prêts, n’est pas assez employé par le CNRD. Nous avons beaucoup plus entendu, le rassemblement et c’est avec fermeté que des réponses sont données à la communauté internationale qui souhaite que tout soit fait comme elle le voudrait.
Refonder notre Etat, ne peut pas se résumer au transfert du pouvoir. Et déjà, cela semble échapper à la compréhension de tous. Mais le choix revient au peuple de Guinée. Même si tous les citoyens n’étaient pas le 5 septembre dernier à Kaloum pour déloger Alpha Condé, ils ont le droit d’exiger des choses à la junte. Ils peuvent s’ils sont majoritaires, décider que la transition s’arrête ici. Que le Colonel Doumbouya et ses hommes, abandonnent leur projet de refondation de l’Etat, organisent les élections et retournent dans les casernes. Mais qu’ils s’apprêtent à assumer toutes les conséquences.
Tout est encore incertain sur le plan économique. Mais le pouvoir travaille à réorganiser le secteur. Il a hérité d’une situation déjà compliquée que l’ancien gouvernement n’arrivait pas à gérer. Or, pour redresser le secteur, il faut nécessairement lutter contre la corruption endémique. Cela se fera et ne pourra se faire qu’avec les militaires. Du moins, avec eux, nous avons cet espoir. Nous civils, n’avons pas encore prouvé la vertu dans la gouvernance. Les plus grands voleurs des deniers publics, les enquêtes le prouveront, restent les civils qui se sont longtemps garanti une impunité totale. Et cela ne date pas d’Alpha Condé.
Tout est encore incertain au niveau de l’appareil judiciaire, qui a déjà changé de patron en si peu de temps. Et la ministre limogée est plus tôt vue comme l’audacieuse qui aura résisté à l’ingérence de l’exécutif dans le judiciaire. Des questions donc ? Qu’est ce qui a changé dans les textes pour que les rapports changent maintenant ? Avons-nous suffisamment lu la charte pour comprendre les responsabilités de chacun ? Selon la charte et sauf futur modification, le CNRD est l’organe de décision.
Jacques Lewa Leno