A travers un décret lu à la RTG hier jeudi, le président de la transition, Colonel Mamadi Doumbouya rebaptise l’Aéroport International Conakry-Gbéssia, Aéroport International Ahmed Sekou Touré, du nom du premier président Guinéen.
La décision du président de la transition qui est venue mettre fin aux rumeurs qui couraient depuis quelques jours, est diversement commentée. Les proches de l’ancien président saluent l’initiative. Par contre, ses adversaires regroupés au sein l’association des victimes du Camp Boiro (AVCB) s’indignent.
« Nous avons appris comme tout le monde effectivement à travers les ondes de la RTG hier par décret le baptême de l’aéroport. Et qui porte désormais le nom du président Sekou Touré. L’association des victimes du Camp Boiro ressent cela comme un choc, comme une non prise en compte des demandes et de toutes les actions que l’association demande vis à vis du gouvernement guinéen en ce qui concerne la réhabilitation des victimes intervenues sous le régime de Sekou Touré. Et quand on sait exactement la manière dont ces victimes, ces violences sont intervenues de 1961 à 1983 à travers les tortures, les exécutions sommaires, à travers le fait qu’on a jeté les gens dans les fosses communes, des milliers de Guinéens. Quand on sait cela de l’histoire de la Guinée et qu’aujourd’hui on veille donner le nom de l’aéroport à Sekou Touré, on oubli cette partie de l’histoire de la Guinée. On tord le cou à l’histoire de la Guinée. S’il est vrai que Sekou Touré a été héro de l’indépendance, que personne ne peut lui dénier, mais il est aussi vrai qu’il a été l’un des plus grands tyrans de l’histoire de la Guinée. Il y a encore des milliers de victimes qui sont dans les fosses communes. Et c’est vers cela que le CNRD doit se tourner. Le CNRD doit comprendre que ces victimes-la ont besoin de réhabilitation. Ce n’est pas en ce moment, qu’il faut encore donner le nom de l’aéroport à leur bourreau. Ça ce n’est pas comprendre l’histoire de la Guinée, c’est mal interprété l’histoire de la Guinée, c’est tordre le cou à l’histoire de la Guinée », a dénoncé Abdoulaye Conté secrétaire exécutif de l’association des victimes du Camp Boiro contacté ce vendredi par notre Rédaction.
Bref, pour Abdoulaye Conté cette décision « ne rassemble pas les Guinéens ». En conséquence, il demande aux nouvelles autorités de l’annuler.
« Nous demandons aux nouvelles autorités de revenir sur cette décision et de prendre en compte les réalités historiques de la Guinée. S’il est vrai que Sekou Touré a été héro de l’indépendance comme bien d’autres Guinéens qui étaient avec lui, mais il est tout aussi vrai qu’il a été un sanguinaire, qu’il a été un tyran qui a régné sans partage sur la Guinée pendant 26 ans et qui a commis des exactions, des meurtres des crimes qui jusqu’à présent sont justifiés par la présence des fosses communes sur tout le territoire de la Guinée. À partir du moment où le président de la République actuel dit que c’est la justice qui sera sa boussole, nous nous ne comprenons pas sa décision. À partir du moment où il parle de rassemblement maintenant il prend une décision de division, nous ne comprenons pas. Nous sommes dans le questionnement et nous demandons au CNRD de revenir. On peut se tromper, il est humain. Il faut revenir sur cette décision. Parce qu’elle ne rassemble pas les Guinéens. Cette décision divise les Guinéens et elle ne prend pas en compte toutes les victimes intervenues sous le régime de Sekou Touré et en cela la balance penche beaucoup plus sur le tyran que sur le héro », a-t-il fait savoir.
Mamadou Macka Diallo
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