Le dernier voyage de Mamadi Sinkoun Kaba, un ambassadeur pas comme les autres

La vie n’est pas un cadeau, la mort n’est pas un fardeau. Je me suis réveillé ce matin, samedi 11 janvier 2025, avec une triste nouvelle qui m’a été partagée par de nombreux compatriotes, étreints d’émotion et muets dans l’épreuve du deuil : Mamadi Sinkoun Kaba, qui a été révélé aux Guinéens et au monde entier par ses fonctions prestigieuses d’ambassadeur et directeur du protocole d’État auprès du Professeur Alpha Condé, a abandonné le combat, de guerre lasse, face à la maladie. Non sans avoir opposé une farouche résistance, car il aimait la vie dont il voulait faire de chaque instant une chance de bonheur, une opportunité de liberté.

L’année commence à peine que c’est déjà un flot de larmes, un concert de pleurs. Décidément, nous vivons tous maintenant avec le malheur qui plane au-dessus de nos têtes, dans l’ombre de la mort que les distractions du quotidien empêchent de voir venir, que l’on n’envisage pas ou pourrait avoir tendance à oublier dans l’ivresse des honneurs illusoires et l’euphorie de tous les pouvoirs éphémères de l’argent démoniaque, des titres ronflants, des statuts discriminants et flatteurs dans la société et l’État
Après avoir connu la ruée et la nuée des sollicitations dans sa proximité avec un Chef d’État iconique, de grande audience, le regretté Mamadi Sinkoun Kaba a aussi goûté à l’isolement de la disgrâce et aux frustrations de l’exil forcé et prolongé.

À compter de ce jour qui marque la fin de son séjour sur terre, il reposera dans la tranquillité de sa dernière demeure, et peut compter ainsi sur l’intimité de la pierre tombale, le calme des nécropoles, le silence de l’absence, l’immunité de la mort qui ne permet pas les procès en sorcellerie, interdit les inquisitions, ajourne les lapidations, emporte les secrets, enterre les confidences, bref, qui apaise les cœurs et les esprits les plus rétifs à la raison et à la sagesse, met fin aux peurs et aux angoisses.

L’homme est poussière et retournera poussière, si l’on en croit la parole biblique. Quant à la vie, chaque jour et à toutes les occasions, elle rappelle qu’elle n’a de pacte avec personne et que le mandat qu’elle accorde à tous a un début et une fin dans l’espace et le temps.
Il n’y a de justice que la mort, qui a un traitement égal pour tout le monde et réserve à tous le même sort.

Rentre en paix, mon frère et ami, dans ta Guinée natale où je te souhaite de vivre désormais dans la félicité éternelle. Oui, vivre, parce qu’il y a une vie après la mort, en paix dans l’amour des autres et de notre chère patrie dont jamais nous ne serons orphelins.

Tibou Kamara

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