Les véritables aspects qui pouvaient credibiliser le discours du chef de la transition à la tribune de l’ONU, le colonel Mamadi Doumbouya, auraient été de réaffirmer ses engagements tenus le 5 septembre 2021, démontrer les actes posés dans ce sens, et rassurer sur les perspectives d’un retour à l’ordre constitutionnel sur la base d’un total respect de sa parole d’officier militaire.
Si son entourage avait un minimum d’honnêteté vis-à-vis de lui, c’est dans ce sens qu’il allait travailler son discours. D’ailleurs il aurait été plus à l’aise à le prononcer, et la Guinée allait en tirer meilleure impression aux yeux de la communauté internationale puisque le discours lui est destiné car tenu dans la plus grande institution multilatérale du monde.
Mais vouloir noyer l’essentiel dans des acrobaties du genre souverainiste, remise en cause du modèle démocratique, bouc émissaire et complot contre l’Afrique, ne peut que renforcer le soupçon sur l’agenda réel du CNRD. Pourtant, dans de telles circonstances, la confiance est un élément indispensable à la réussite de la transition (si c’est l’objectif recherché).
Et mieux, justifier le coup d’État à la tribune des Nations Unies à travers des arguments contre l’ancien régime dont a servi pendant des années à des niveaux élevés de responsabilité, suscite des interrogations légitimes auprès de l’auditoire (généralement les décideurs avisés écoutent, analysent, et déduisent intelligemment avant de prendre position).
C’est pourquoi, la seule façon de se laver de toute responsabilité sur les dérives du défunt régime, et être crédible pour faire partie du futur, c’est d’éviter de refaire les pratiques du passé douloureux. Sinon le bon sens suffira pour faire comprendre finalement à l’opinion publique que ce n’était que l’autre face de la même pièce.
Les actes parlent toujours plus forts que les mots !
Aliou BAH, président du MoDeL