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Le gendarme Ibrahima Baldé à la barre : « J’ai utilisé l’arme pour me protéger »

Le procès du gendarme Ibrahima Baldé, filmé en train de tirer à balles réelles lors d’une manifestation du FNDC, s’est ouvert ce lundi 19 juin 2023 au tribunal de première instance de Dixinn. Poursuivi pour « meurtre, atteinte à la vie, coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner », l’accusé a plaidé non coupable.

Son image avait tourné en boucle sur les réseaux sociaux. Ibrahima Baldé, un gendarme en service à l’escadron mobile de Sanoyah (Coyah) a été filmé le 20 octobre 2022, à Bambéto, alors qu’il utilisait son pistolet pour tirer en direction de jeunes manifestants. Formellement identifié, il a été interpellé et inculpé, avant d’être placé en détention préventive.

Huit mois plus tard, son procès s’est ouvert ce lundi 19 juin devant le tribunal criminel de Dixinn. Et dans sa déposition, l’accusé a rejeté les accusations qui pèsent contre lui. Il reconnaît avoir utilisé son arme lors des opérations de maintien d’ordre, mais assure n’avoir pas tiré sur quelqu’un.

« Le jeudi, 20 octobre 2022, on nous a réquisitionnés pour maintenir l’ordre à Bambéto. On était au niveau de Bambéto Magasin, lorsqu’un agent a dit qu’un manifestant a une arme à feu, le commandant nous a dit de nous poster pour voir. Le gars a tiré, moi aussi, j’ai fait des tirs de sommation pour le dissuader. On a tenté de l’interpeller mais il a fui pour descendre vers le bas-fonds de Kakimbo. Si je ne faisais pas des tirs de sommation, il allait tirer sur nous », a-t-il déclaré devant le tribunal.

L’agent soutient qu’il était autorisé à détenir une arme ce jour-là. « J’ai été autorisé à détenir une arme à feu ce jour-là pour la protection de notre commandant », a-t-il répondu suite à une question du ministère public, avant de justifier encore une fois l’utilisation de ladite arme (PA TT30). « J’ai utilisé l’arme pour me protéger », affirme l’accusé.

Ibrahima Baldé précise qu’il a effectué quatre tirs de sommation, mais sans toucher quelqu’un. Selon lui, l’arme qu’il possédait ne pouvait pas tuer quelqu’un se trouvant à une distance de plus de 10 mètres, alors qu’il y avait entre 40 et 50 mètres en lui et le manifestant qui détiendrait une arme à feu.

Après la déposition de l’accusé, la partie civile a sollicité auprès du tribunal la comparution du lieutenant Boubacar Keïta, Commandant de l’unité dont relevait l’accusé. Mais le ministère public et la défense ont tous les deux estimé que cette comparution n’est pas nécessaire dans la mesure où l’accusé n’a pas dit qu’il a reçu l’ordre de son chef de tirer.

De son côté, le conseil de l’accusé a formulé une demande de mise en liberté de son client au cas où l’audience serait renvoyée. Le ministère public s’est opposé également à cette requête, tout en sollicitant un renvoi à quinzaine. C’est ainsi que le président du tribunal, Amadou Sy, a renvoyé le procès au 03 juillet prochain pour la suite des débats.

Mamadou Macka Diallo

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