Une rencontre de prise de contact a eu lieu ce mercredi 31 août 2022 à Conakry entre le nouveau Premier ministre et les acteurs du secteur minier. Cette rencontre visait à échanger autour des préoccupations de chacun des acteurs afin de trouver ensemble, un meilleur cadre de collaboration.
La première prise de parole est revenue à Ismaël Diakité, président de la Chambre des Mines de Guinée (CMG). Après avoir rappelé les différentes mesures prises par le CNRD après sa prise du pouvoir, notamment l’assouplissement de la mesure de couvre-feu, la souplesse dans la fermeture des frontières terrestres et maritimes entre autres qui, selon lui, ont touché de façon très positive le secteur minier, Ismaël Diakité a laissé apparaître les difficultés auxquelles sont confrontées les entreprises minières au quotidien.
« Le secteur minier est loin d’être un long fleuve tranquille. Si ce ne sont pas les volatilités des coups des matières premières ou l’inflation des produits importés, ce sont les conditions sociales et communautaires qui marquent les sites de nos opérations. Nous vivons tout cela en mettant au devant notre responsabilité sociétale et nos engagements en matière de gouvernance, de redevabilité et de développement durable. De nombreux défis interpellent aujourd’hui nos entreprises dont nos relations avec les principales parties prenantes y compris les communautés, les employés, l’administration minière et l’administration fiscale. Ensuite, il y a la complexité de certaines contraintes fortement tributaires d’un contexte international particulièrement instable », a déclaré Ismaël Diakité qui, a ensuite sollicité du Premier ministre, une audience « pour discuter des questions une à une ».
« Notre souhait est qu’après cette rencontre, il plaise à son excellence monsieur le Premier ministre de bien vouloir nous accorder une audience afin que la chambre des mines associée à tous les membres, tous les investisseurs du secteur minier puissent avoir un entretien pendant lequel les questions seront discutées une à une. Les problèmes peuvent être résolus dans la concertation, il n’y a pas de doute et également dans une collaboration active et ouverte. L’approche que vous voulez introduire dans nos relations avec les principaux acteurs du secteur minier privilégiant l’accessibilité, l’écoute et la concertation pour relever les défis est celle que nous estimons objective, proactive et constructive. L’absence de concertation continue d’impacter négativement les activités minières, d’affecter l’image de notre pays auprès de nos actionnaires qui avaient cependant et comme toujours, été particulièrement intéressés par les mesures de sauvegarde et de garantie qui ont été données le 05 septembre 2021 », a t-il indiqué avant de rassurer de l’entière disponibilité de la chambre des mines et de tous les miniers pour collaborer plus activement, avec succès à l’approche des autorités.
De son côté, Moussa Magassouba, ministre des Mines et de la Géologie a cité quelques réformes enregistrées dans le secteur minier guinéen depuis la prise du pouvoir par l’armée.
« Le secteur minier guinéen a enregistré des réformes depuis le 05 septembre 2021. Au rang de ces réformes, je citerai seulement l’assainissement progressif du cadastre minier, l’application des dispositions du code minier relatif aux droits de commercialisation en son article 138, le règlement à l’amiable au lieu des contentieux judiciaires qui sont coûteux et peu productifs, la conclusion et la signature de l’accord cadre pour la mise en valeur du projet Simandou, le lancement des programmes de construction des projets de raffineries dans notre pays, l’adoption d’un prix de référence de la bauxite, la mutualisation des infrastructures minières et un suivi rigoureux du contenu local dans tous les secteurs, la maîtrise des quantités de bauxite exportées. Nous avons fait la négociation dans l’obtention d’un accord cadre pour la construction d’un laboratoire international digne de nom, capable d’analyser au moins mille échantillons par jour qui sera implanté à Kouria dans la préfecture de Coyah, la conclusion du business modèle et le plan de financement sont en cours avec nos partenaires de l’Angleterre », s’est-il félicité.
Et d’ajouter : « Le gouvernement s’engage à assurer la sécurité des zones qui sont aujourd’hui occupés soit par des mines en exploitation soit par des projets miniers. Ça c’est l’objectif principal et le rôle régalien de l’Etat guinéen. Sous le leadership du premier ministre, le ministère des mines va travailler avec chaque opérateur ici dans la résolution des problèmes spécifiques. Les discussions vont continuer. Ceci est la poursuite et la continuation des concertations que le CNRD a initié avec tous les miniers le 16 septembre. Nous comprenons votre problème, les mines sont un secteur à investissements intensifs. Cependant, l’objectif de notre gouvernement est de s’assurer que la Guinée devienne l’un des pays où le climat des affaires est le plus attractif derrière le Canada et l’Australie. Cela est possible. Pour preuve, les exonérations sur les importations quoique massives, quoique coûteuses au trésor public, nous demeurons respectueux de toutes les conventions, de tous les protocoles ».
Présidant la rencontre, Dr Bernard Goumou, Premier ministre, a rassuré les investisseurs miniers de la détermination du gouvernement de la transition à continuer à respecter les engagements du pays pour favoriser le climat des affaires.
« La Guinée respecte et respectera tous les engagements, conventions et accords auxquels elle a souscrit. Je vous rassure de la volonté du gouvernement de poursuivre la matérialisation de cet engagement. Nous sommes convaincus que ce n’est qu’ensemble que nous pouvons réussir à faire de nos projets, des réalités tangibles. Je réitère donc la volonté manifeste du gouvernement et la ferme détermination du président de la transition à favoriser un climat des affaires propices dans notre pays. En plus de vos contributions au développement communautaire qui sont à saluer, je vous invite à renforcer la cohabitation harmonieuse avec les communautés locales gage d’une licence sociale. Dans cette perspective, je vous demande cordialement à protéger dans vos périmètres miniers, les zones agricoles pour que tandem mines-agriculture soit une réalité pour un développement durable et inclusif. L’expérience a démontré également que des zones miniers restent et demeurent des zones de prédilection de la propagation des maladies contagieuses.
À ce titre, je lance un appel pour qu’ensemble nous travaillons sur les conditions d’amélioration sanitaire des communautés riveraines . Aussi, je vous exhorte au respect des textes réglementaires avec un accent particulier sur le contenu local. Dans ce sens, le gouvernement vient de valider en conseil des ministres, un projet de loi sur le contenu local qui sera soumis très prochainement, au Conseil National de la Transition pour son adoption. Je vous rappelle la nécessité de la domiciliation des risques miniers en République de Guinée conformément au code des assurances.
Du côté du gouvernement, nous poursuivrons les efforts de sécurisation des sites miniers. C’est pourquoi nous allons travailler très vite sur une stratégie pour structurer l’exploitation artisanale de l’or et du diamant afin de favoriser une cohabitation harmonieuse entre l’exploitation industrielle et artisanale. Au delà des revenus pour l’Etat et les communautés, l’impact du secteur minier réside inévitablement dans la création d’une expertise locale, au niveau de la main d’œuvre et des PME guinéennes avec pour objectif la création d’effets multiplicateurs chez les autres secteurs. Il est important de souligner le respect des mesures environnementales et à l’accompagnement des collectivités locales impactées par l’activité minière… » a suggéré le Premier ministre.
Sur place, Dr Bernard Goumou a instruit le ministre des mines de recevoir « individuellement, dès la semaine prochaine » la chambre des mines pour échanger des défis opérationnels spécifiques des entreprises. Un rapport sera rendu à cet effet.
Diop Ramatoulaye
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