A l’issue de l’élection présidentielle du dimanche 24 mars 2024 qui déclare le candidat du Parti Africain du Sénégal pour le Travail, l’Ethique et la Fraternité (Pastef) Bassirou Diomaye Faye élu à la présidence de la République sénégalaise. Le pays de la Teranga vient encore de donner une belle leçon de démocratie à ses voisins et au monde entier. Une culture de vote que ce peuple a su préserver au fil des ans depuis 1848.
Quoi que l’on dise au sujet du Sénégal et aux sénégalais, notamment sur sa fierté, sa singularité, de sa fermeté sur certains aspects, de son sens élevé en démocratie, de son hospitalité. C’est une nation intègre. Ce pays, comme à son habitude, est un État profondément démocratique. Il s’est établi un héritage pérenne qui est gage de stabilité sociale, culturelle, administrative, économique et politique.
Le peuple sénégalais a su se construire un humanisme qui a fait éviter des dérives après les indépendances. C’est par son ouverture démocratique que ce peuple a porté Léopold Sédar Senghor, un chrétien minoritaire devenu président dans un pays majoritairement musulmane et qui n’a pas constitué son pays sur la base de l’ethnicité, malgré sa complaisance avec l’occident, qui a par conséquent donné à la culture et à l’éducation une place fondamentale à son pays. Et qui a laissé le pouvoir de son propre gré après deux décennies de règne.
Son prédécesseur Abdou Diouf a lui également, après deux septennats de gouvernance, ainsi que des épisodes tumultueux marquées par les années 90 dites pessimistes des pays africains qui cherchent des vocations sous l’influence occidentale. Il a fait preuve de grandeur quand il a concédé sa défaite, en acceptant de jouer le jeu démocratique pour ainsi laisser place à son adversaire.
Le 21ème siècle a vu une nouvelle génération de leader à la conquête du pouvoir, C’est Me Abdoulaye Wade qui s’est hissé vers le haut pour occuper le Palais présidentiel avec une certaine détermination, malgré le syndrome des troisièmes mandats, le peuple sénégalais, sa jeunesse notamment s’est constitué en une force pour faire front commun contre la tentative d’abus du pouvoir. La démocratie a été finalement sauvée par la victoire de Macky Sall par urnes.
Puisqu’il est bien connu pour les communs des mortels, que quiconque a le pouvoir a tendance à en abuser, il faudrait que le pouvoir arrête le pouvoir à travers ces institutions. C’est presque le même scénario rejoué face à une autre génération de sénégalais qui veulent incarner une philosophie de la révolution et de la refondation pour questionner ce modèle qui leur semble obsolète. La démocratie s’est exprimée une nouvelle fois sans la candidature du président en exercice.
La politique sénégalaise a une tradition d’élévation, de hauteur, d’humilité et d’attachement aux valeurs républicaines et aux principes démocratiques à la sénégalaise qu’ils ont su cultiver par l’engagement de leurs héros, par la solidité de leurs institutions qui ont toujours permis de garantir des scrutins libres, démocratiques et transparents à l’image de sa devise qui constitue un peuple, un but et un foie.
« Interrogée l’histoire est un point fondamental pour la réinventer » rappelle le philosophe, professeur et écrivain sénégalais Felwine Sarr. Le peuple sénégalais a encore réinventé son histoire au présent, en articulant des métaphores de son futur. C’est une nouvelle génération qui entend changer de paradigme, convoquer la réflexion sur la manière de gouverner, donner de l’espoir à sa jeunesse, cicatriser les plaies béantes et ouvrir des possibilités au peuple de la Teranga.
Tidiane Diallo
Journaliste
(0033)623127079