Le viol “guinéen” en chiffres: “90% des présumés violeurs libérés…sans suite”

Le 25 novembre de chaque année correspond à la journée internationale pour l’élimination de la violence à
l’égard des femmes. Ce jeudi, cette journée a coïncidé au lancement de la campagne dite seize jours d’activisme contre les violences basées sur le genre. Ce lancement a été organisé sous le thème: “Le silence et l’indifférence nourrissent la violence basée sur le genre et font de nombreuses victimes” avec à la clef, des révélations qui font peur sur les statistiques du phénomène de viol en Guinée. Ce thème vise à briser le silence et dire non aux violences faites aux femmes à travers le monde.

 Dans un panel animé par des personnalités impliquées dans la lutte contre les violences faites aux femmes en Guinée, les causes de la recrudescence du viol et le chemin à suivre en cas de viol ou de violence faite aux femmes ont été largement expliqués.
Pr Hassane Bah, médecin légiste, un des panelistes, a fourni des statistiques sur la situation des violences faites aux femmes en Guinée notamment à Conakry.
“On a l’impression qu’il n’y a le viol qu’en Guinée. Pour être honnête, j’ai honte. 70% des filles victimes de viol en Guinée ont moins de douze ans. J’ai une moyenne de consultation de trente (30) malades par jour. Et parmi ces femmes victimes qui viennent pour des consultations médico-légales, près de douze filles sont victimes de violences sexuelles et ça c’est tous les jours. Ces filles pré-pubertes, donc qui sont immatures, qui n’ont pas un développement sexuel complet, vous comprendrez aisément qu’on peut observer des lésions importantes sur ces filles-là. Il y a des lésions qui peuvent aller de la déchirure simple et quelques fois jusqu’à la défloraison. On a des filles aujourd’hui qui sont violées où il y a des perforations recto-vaginales, où on récupère les sels dans le ventre. C’est une réalité, ça existe. Et ces filles-là sont hospitalisées dans nos services”, a t-il longuement détaillé.
Et de rajouter: “Les 90% des présumés violeurs sont libérés (classement sans suite, désistement…). Ce n’est pas normal, c’est ce qui explique en grande partie la recrudescence. Tant que les auteurs ne sont pas punis, il ne sert à rien de faire tout ce que nous sommes en train de faire. Je me suis intéressé à l’état mental des violeurs pour vérifier si ce sont des personnes normales. Le résultat est que 60% de ces auteurs de viol disposaient de toutes leurs capacités mentales, 15% de personnes qui étaient des alcooliques et 15% souffraient de dépression mentale.(…) Il faut intervenir dans tout le processus et il faudrait que la justice fasse son travail”.
Commissaire Marie Gomez, directrice de l’office de protection du genre et des mœurs (OPROGEM), une des panelistes, à expliqué le rôle de son service. “Les gens disent aujourd’hui qu’il y a recrudescence du viol en Guinée, ce n’est pas forcément cela. C’est parce que maintenant, les victimes osent dénoncer. Il y en a qui viennent immédiatement avec le présumé violeur. Nous nous referons à la médecine légale pour avoir un certificat médico-légal dans une enveloppe scellée, c’est nous qui ouvrons l’enveloppe et prenons connaissance du contenu. C’est ce rapport médico-légal qui sert de preuve. Si un dossier sans preuve arrive devant le tribunal, le dossier sera purement et simplement classé, faute de preuve. Donc, dès qu’il y a un viol, les victimes doivent passer par la médecine légale. Nous, en tant que défenseurs de la loi, nous  arrêtons les présumés violeurs et nous les mettons à la disposition de la Justice. Notre travail se limite là”, a t-elle fait savoir.
Cette conférence organisée par le haut commissariat aux droits de l’homme en collaboration avec l’ONG Femmes Développement et Droits humains, a connu la participation d’autres associations de défense des droits des femmes notamment l’association des Professionnelles Africaines de la Communication (APAC). À cette occasion, un hommage a été rendu à M’Mah Sylla, décédée par suite de viol collectif présumé.
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Diop Ramatoulaye
666751610

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