Les droits des femmes, une nécessité absolue (Par Madeleine Bintou Millimono)

Depuis l’indépendance du pays, la société guinéenne a connu des changements positifs à tous les niveaux, notamment en matière de droits des Femmes. Malgré cette percée, la représentation des Femmes dans l’exécutif et le législatif reste toujours alarmante.

Au plan international, le pays a ratifié tous les traités et conventions sur l’élimination des VBG toutes les formes de discrimination à l’égard des Femmes.

La réalité montre cependant que les lois ne suffisent pas, surtout lorsqu’elles ne sont pas clairement libellées ou qu’elles ne couvrent pas toutes les sphères, publique et privée, où viennent se nicher les discriminations à l’égard des filles et des femmes.

Depuis 1958 la contribution des Guinéennes à la paix à travers les manifestations civiles n’a pas permis la reconnaissance ou la valorisation de la place des Femmes au-delà de leurs rôles traditionnels (épouse, mère), sinon en leur accordant certains droits civils.

Plusieurs textes ont été adoptés afin de promouvoir les femmes dans la vie sociopolitique, économiques et culturelles, malgré tous ces efforts le leadership et la participation des femmes à la vie publique sont partout menacées.

Encore une fois, les obstacles qui se dressent face à l’épanouissement et l’émancipation des Femmes sont d’origines diverses.

Sur le plan familiale : la famille est considérée comme le premier maillon de socialisation d’un enfant, et cette cellule éducative a souvent et inconsciemment un impact négatif sur des filles. Dans nos familles, il n’est pas rare de voir les parents inculquer l’idée d’infériorité de soumission et d’êtres soumises, pendant qu’elles sont encore très jeunes. Elles sont éduquées en leurs montrant qu’elles n’ont pas droit à la parole devant les hommes, qu’elles ne doivent prendre aucune décision devant les hommes, qu’elles n’ont pas droit à la scolarisation, qu’elles ne doivent pas faire comme leurs frères. Et difficilement certaines familles les scolarisent ou les maintiennent à l’école, en ayant cet esprit fallacieux comme quoi l’avenir de la Femme se trouve chez son Mari.

Par ailleurs, nous constatons les cas d’abandon des études lié aux poids des travaux domestiques, les mariages précoces, et autres types d’exploitation les empêchant de gravir les échelons scolaires.

Sur le plan Etatique et Institutionnel : Dans nos différentes institutions, nous entendons l’écho d’équité entre les hommes et les femmes qui est parfois matérialisé par des textes juridiques qui souffrent d’un manque d’application.

La Constitution d’Avril 2020 stipule dans son Article 9 que « La loi garantit la parité et assure la promotion ainsi que la représentativité de la femme à toutes les fonctions politiques, électives et administratives. La République affirme que la parité Homme/Femme est un objectif politique et sociale  ». Cette avancée a ouvert la voie à des espoirs et des débats autour des réformes possibles destinées à promouvoir le leadership féminin.

Force est de reconnaitre aujourd’hui que les femmes sont sous représentées dans nos administrations et institutions et les quelques-unes qui sont impliquées par solidarité, occupent des postes d’importances dérisoires qui ne demandent pas assez d’effort.

En tant que femme, nous ne demandons pas la parité absolue dans les administrations publiques mais juste que les 2 /3 consacrés par la constitution doivent être respecté.

Que les femmes se lèvent pour défendre leurs intérêts au profit de la famille car ceux qui sont sensés défendre la cause des femmes en appliquant les textes juridiques sont les premiers à les violer. C’est un manque de volonté politique.

Sur le plan sociocommunautaire : nos communautés d’aujourd’hui sont faites de discriminations et violences  de natures diverses, faites aux femmes.

Plusieurs types  de discrimination sont faits aux femmes dans nos différentes. On constate des mariages précoces et forcés, elles sont mutilées et excisées. Elles sont souvent privées de leurs droits, traitées et exploitées. Elles sont intimidées, privées d’aller à l’école, subissant plusieurs autres violences physiques et mentales sans aucune justice.

A tout cala s’ajoutent nos cultures, traditions, coutumes, religions qui continuent de reléguer les femmes à leurs rôles d’être biologique destinée à procréer et à s’occuper des ménages, empêchant ainsi les femmes d’accéder aux fonctions ou aux carrières publics.

Pour finir, les femmes dont les mentalités sont bafouées ne peuvent faire évoluer les mentalités seules. Il est donc indispensable que l’ensemble de la société, les hommes, les entreprises, les institutions sur tous les terrains dans le partenariat et la synergie avec toutes les parties prenantes, la société civile, les associations féminines et les Etats s’implique en faveur de l’Equité.

Madeleine Bintou MILLIMONO

Présidente des Femmes Solidaires pour Dire et Agir

‘’Femmes-SolDA’’

Email : madcheick@gmail.com

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