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Les EPA sommés de quitter les banques commerciales pour le trésor public : les explications du ministre de l’Economie et des Finances

Il y  a quelques semaines, lors d’un conseil des ministres, le président de la transition, le colonel Mamadi Doumbouya, nanti des conseils de techniciens autour de lui, a sommé tous les établissements publics à caractère administratif (EPA) de transférer au niveau du trésor public tout l’argent qu’ils logent dans des comptes ouverts dans les banques commerciales. Une mesure qui suscite des grincements de dents. Dans l’émission “On refait le monde” de nos confrères de Djoma médias de ce mardi, 10 janvier 2023, le ministre de l’Economie et des Finances a particulièrement expliqué cette démarche à ne pas confondre à une volonté de combattre les banques commerciales. Moussa Cissé s’appuie sur le paradoxe qui a souvent été que les banques commerciales où des EPA ont des comptes, prennent l’argent de l’Etat guinéen et le prête au même Etat à des taux remboursement allant de 13 à 16 %. 

Le ministre de l’Economie et des Finances commence par expliquer que les EPA n’ont pas droit d’avoir des comptes dans les établissements bancaires commerciaux. “Ce n’est pas possible !” s’exclame-t-il.  “Ils (ces EPA ndlr) vivent de la subvention de l’Etat. Un EPA qui ouvre un compte bancaire dans une agence bancaire privée, il faut une autorisation préalable du ministre de l’Economie et des Finances. La loi est claire en la matière. Toute banque qui s’hasarde à ouvrir un compte bancaire pour un EPA sans autorisation préalable du ministre de l’Economie et des Finances s’expose à des sanctions”, mentionne le ministre.

“Il faut faire la part des choses quand on parle d’organismes publics. Il y a trois catégories. Vous avez les établissements publics à caractère administratif qui vivent de la subvention de l’Etat et qui ne peuvent pas avoir leurs comptes dans les banques commerciales sauf autorisation express du ministre des Finances, vous avez des sociétés mixtes dans lesquelles l’Etat est actionnaire avec une entité x ou y et vous avez des sociétés publiques à 100% capital Etat. Les deux dernières fonctionnent selon les règles du droit privé.

Mais aujourd’hui, nous avons beaucoup de ces établissements qui  sont en surliquidité pendant que l’Etat a besoin de financement mais ces sociétés publiques ne peuvent pas prêter de l’argent à l’Etat par ce ne sont pas des institutions de financement. Pour pouvoir le faire, il faut une dérogation aussi du gouverneur de la Banque centrale. C’est à cela que nous travaillons à la centralisation des ressources. Parce que qu’est-ce qui se passe ? C’est le serpent qui se mord la queue, chers amis. Ces sociétés publiques, c’est l’argent de l’Etat qui se trouve dans les banques commerciales. Et lorsque nous lançons des obligations, ce sont les mêmes  ressources que les banques prennent parfois pour venir souscrire aux obligations de l’Etat avec des taux allant de 12 à 16%.

Pourquoi nous même nous ne pouvons pas imaginer des plan de refinancement de notre économie à travers ces sociétés publiques sans pour autant asphyxier les banques parce que les banques aussi  participent énormément au financement de l’économie guinéenne. Les banques aujourd’hui détiennent 37 mille milliards, c’est équivalent du budget de l’Etat. Nous n’entrons pas en concurrence avec les banques mais nous travaillons en bonne intelligence pour nous permettre de faire face au financement des infrastructures que nous avons réveillées pour ne pas qu’il y ait interruption de ces financements au bénéfice des populations et aussi des banques qui participent au financement de ces infrastructures”, a longuement expliqué le ministre Moussa Cissé.

A noter que cette démarche entre dans le cadre de la matérialisation du Compte unique du trésor (CUT), une politique économique qui a toujours rencontré la résistance de quelques établissements publics.

Thierno Amadou M’Bonet Camara

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