Lynchage de Moussa Camara: “Ce qui est arrivé à Tanènè peut s’expliquer mais ne se justifie pas” (Juriste)

Les vindictes populaires sont devenues récurrentes dans certains endroits de Guinée. Ces vindictes populaires qui conduisent généralement à des meurtres se sont passées dans plusieurs villes du pays notamment Siguiri, Kouroussa, Dinguiraye et récemment à Tanènè dans la préfecture de Dubréka où le jeune Moussa Camara accusé de vol a été battu à mort par une foule en colère. Ce qui s’est avéré faux après des enquêtes.

Le procureur de la République près le tribunal de première instance de ladite préfecture s’est déjà saisi du dossier. Le juriste, Karamo Mady Camara s’est exprimé sur ce sujet. Il a tout d’abord expliqué la “vindicte populaire” avant d’apporter des précisions sur ce qui est arrivé à Tanènè qu’on peut qualifier de “crime”.
 
 
“D’emblée, il faut dire que la vindicte elle-même désigne la poursuite ou la punition d’un crime qui aurait été commis. Alors parler de vindicte populaire, c’est dire que cette punition a été administrée par la société elle-même. Or, la seule autorité qui soit habilitée et fondée à punir au nom de la société c’est la justice en l’occurrence le procureur de la République qui se trouve être l’empereur des poursuites. Cela veut dire que ce qui est arrivé à Tanènè peut s’expliquer mais ne se justifie pas. Cela peut s’expliquer par le fait que nos concitoyens ont développé en eux un sentiment de méfiance vis-à-vis de l’appareil judiciaire. Il y a une crise de confiance, il y a une crise institutionnelle qui a fait que nos concitoyens ne croient plus à la justice. Parce que beaucoup de personnes ont été condamnées pour des infractions les plus graves notamment des crimes parfois et se sont retrouvées par la suite dehors, jusqu’à aller même agressé parfois leurs victimes qui ont été à la base de leur arrestation. Cela fait que souvent ces types de situation amènent nos concitoyens à adopter des positions comme celles-ci. Mais aussi le fait que l’inertie des autorités judiciaires. Quand je dis autorités judiciaires en amont je parle bien évidemment des services de police, de la gendarmerie qui doivent assurer la sécurité des concitoyens et de leurs biens. Malheureusement le fait qu’il y ait un vide à ce niveau, les populations prennent sur elles le courage d’agir de la sorte. Cela veut dire que nous devons penser à corriger ce tire là. ça c’est l’explication. Mais cela ne justifie en aucun cas ce qui est arrivé. 
 
Comme je le dis la justice est le seul instrument qui peut sévir dans ce cas de figure. Ici, il y a eu atteinte à la vie d’un homme. Et quand on parle de vindicte populaire, à regarder cette scène telle qu’elle s’est passée il y a eu une sorte de torture, de traitement cruel et inhumain, dégradant qui a été fait sur une personne qui a fini par perdre la vie. Naturellement, le procureur de la République est fondé à se saisir parce qu’il y a eu un trouble à l’ordre public. Parce que parler de trouble à l’ordre public c’est parler de trouble à la paix, à la sérénité et à la quiétude sociale. Nous avons tous vue ce qui s’est passé à Tanènè ce jour-là, il y a véritablement eu trouble à l’ordre public. Donc, le procureur est fondé à se saisir et à ouvrir une information judiciaire. Cette information judiciaire amène toute suite à des enquêtes qui peuvent conduire à des interpellations. Ces interpellations maintenant vont permettre de situer les responsabilités pour connaître le rôle que chacun a pu jouer dans cette situation jusqu’à ce que l’on puisse tirer le faux du vrai et identifier les auteurs de cet acte qui a pu être commis parce qu’en réalité, il faut dire très clairement c’est un meurtre qui a été commis. Parce que c’est un homicide volontaire qui a entraîné la mort d’une personne et cela donc peut être qualifié de crime. C’est pourquoi aujourd’hui le procureur naturellement est en train de jouer son rôle de garant de la société”, a largement explicité Karamo Mady Camara, juriste sur Fim FM ce jeudi, 16 juin 2022.
 
 
D’après nos informations, le parquet de Dubréka qui s’est saisi du dossier a procédé à une vingtaine d’interpellations. 
 
Mamadou Macka Diallo 
666 660 366

Articles similaires