En 2010, entre les deux tours de l’élection présidentielle, j’ai été réveillé par un appel téléphonique du respectable sage et homme d’affaires El Hadj Alseny Dalaba Barry (l’actuel président de la Coordination des Foulbés et Haali Pular) vers deux heures du matin. Il me disait qu’il était en route pour venir chez moi avec une forte délégation. Je les ai accueillis, lui et une délégation composée de nombreuses personnalités, dont Mamadou Saliou Kegnéko Diallo (PDG du groupe SONOCO), Lamine Fatako Baldé dit Parisien (opérateur économique, président des ressortissants de Tougué et membre de la Coordination des Foulbés et Haali Pular), entre autres. Il m’a dit, au nom de la délégation : « Nous venons directement du domicile d’El Hadj Cellou Dalein. Quand nous sommes arrivés chez lui, nous lui avons demandé de libérer tout le monde pour rester seul avec nous, ce qu’il a fait. Nous lui avons dit que nous parlions au nom de nombreuses personnalités, d’horizons divers. Étant donné qu’il sera le prochain président de la République, une fois le second tour de la présidentielle tenu, nous sommes parvenus à la conclusion, après de larges consultations et mûres réflexions, que c’est toi, Mouctar Diallo, qui es le mieux placé pour lui succéder. Nous l’avons donc vivement encouragé, lorsqu’il deviendra président, à te mettre en position de force pour que tu sois son dauphin à la tête de l’État. »
Je lui ai demandé quelle a été sa réponse. Selon lui, Cellou a répondu : « D’accord, mais dites à Mouctar d’oser tout le monde, sauf moi. » Ces paroles étaient énigmatiques et révélaient une facette inattendue de Cellou, donnant une autre dimension à notre relation.
Un autre jour, une figure religieuse importante du Foutah, nous voyant assis côte à côte dans le même fauteuil, a déclaré qu’il était rassuré, car la relève était assurée. Plus tard, un responsable de l’UFDG avec qui j’entretiens de bonnes relations m’a dit : « Apparemment, le président El Hadj Cellou n’était pas content des propos du sage, car j’ai vu son visage se fermer et se froisser. »
Extrait du livre « MON ENGAGEMENT » de Dr. Mamadou Mouctar DIALLO