Maintien de Toumba Diakité en prison : son avocat brûle de colère contre la justice guinéenne

La Cour Suprême a rejeté la demande de remise en liberté d’Aboubacar Sidiki Diakité dit Toumba, ancien aide de camp du capitaine Moussa Dadis Camara.

Au sortir de la salle d’audience, son principal avocat a livré ses sentiments. Maitre Paul Yomba Kourouma, puisque c’est de lui qu’il s’agit, s’est montré à la fois meurtri et révolté

« C’est avec beaucoup d’amertumes, beaucoup de douleurs, beaucoup de tristesses et d’étonnement que nous avons accueilli cet arrêt de la Cour suprême de notre pays qui reçoit le pourvoi par ce qu’à la forme, il ne souffre d’aucune ambiguïté, d’aucune violation mais au fond le rejette purement et simplement sans autre détail.

Cet arrêt est en contradiction avérée avec les débats qui se sont déroulés devant la Cour. Débats, au cours desquels le procureur général près la Cour suprême lui-même a attesté que les moyens soulevés par la défense étaient imparables. Que le titre de détention n’avait à aucun moment été renouvelé et la conséquence de cela devrait être la mise en liberté pure et simple du détenu et cela conformément aux dispositions du code de procédure pénale.

Le Tribunal de Première Instance de Dixinn a constaté cette évidence, la Cour d’appel encore moins, la Cour Suprême vient de dénier cette réalité.

Nous avions pensé qu’elle devait corriger les tares et insuffisances qui émaillaient les jugements antérieurs rendus par les juridictions de base, que la Cour suprême aurait dit le droit, que l’État de droit aurait triomphé à travers son arrêt et que les droits de Toumba seraient restaurés. Mais nous constatons qu’aucune juridiction nationale ne peut avoir le courage d’assumer sainement le sacerdoce, de dire le droit.

Sincèrement nous sommes ahuris. Toumba est aujourd’hui malade. Il pensait sortir pour faire face à sa pathologie qui n’a jamais à aucun moment, depuis sa détection, été prise en charge. Il ne bénéficie aucun soin, même infirmier. Il opère par automédication.

Toumba est toujours considéré comme le sacrifice, l’agneau qui va expier la forfaiture de ses pairs. C’est lui qui, en définitive, paiera pour tout le monde. Mais nous ne comptons pas nous arrêter là. Nous nous adresserons aux juridictions supranationales qui, elles, diront le droit.

Le mandat n’a pas été renouvelé, on ne peut le fabriquer.  À force d’oublier Toumba dans les geôles, à force de le marginaliser, de le ségréguer, de le rejeter, on a fini par l’oublier et d’oublier même le renouvèlement de son mandat. Les juges savent qu’en libérant Toumba, ce sera une libération définitive au regard des dispositions de la loi.

L’omission par un juge de renouveler le mandat, emporte simplement la mise en liberté sans condition du prévenu. Or, Toumba étant destiné à être sacrifié, ce serait suicidaire pour eux. C’est vraiment une honte pour notre justice », a longuement dénoncé l’avocat.

Pour rappel, Toumba Diakité est détenu depuis 2017 après son extradition du Sénégal où il s’était exilé. Il est inculpé dans le dossier du 28 septembre 2009.

Diop Ramatoulaye

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