Mamady Kaba (LIDA) à propos des violences à Foulata:« C’est vraiment triste et révoltant que des manifestations pacifiques puissent donner lieu à des blessés »

Depuis samedi 14 août 2021, plusieurs femmes du district de Foulata, sous-préfecture de Maleya dans la préfecture de Siguiri, réclament le recrutement de leurs époux et fils par une société sous-traitante de la SAG (Société Aurifère de Siguiri) implantée dans la localité.

Selon des sources locales, cette société n’aurait pas respecté ses engagements vis à vis de la population riveraine ce qui a poussé ces femmes à aller manifester devant le siège de ladite société.

Le mardi dernier la manifestation a pris une autre tournure d’où l’intervention des forces de défense et de sécurité qui s’est soldée par une vingtaine de blessés et de nombreuses arrestations.

Le président de la Ligue pour les Droits et la Démocratie en Afrique (LIDA) que nous avons joint au téléphone ce samedi 21 août 2021 a condamné les agissements des forces de l’ordre.

« C’est vraiment triste et révoltant que des manifestations pacifiques puissent donner lieu à des blessés surtout des blessés par balle. La revendication des populations riveraines est une revendication légitime. Quand une entreprise vient prendre les terres agricoles, les champs, les pâturages et ne laisse rien aux pauvres populations pour subvenir à leurs besoins, ces entreprises-là doivent aider les populations à trouver des alternatives et ces alternatives doivent leur permettre de vivre ou de survivre. Et donc, quand ces entreprises ne jouent pas ce rôle et abandonnent les populations à leur triste sort, le meilleur moyen que la démocratie donne à ces populations-là c’est bel et bien de manifester pour attirer l’attention des entreprises et des autorités à tous les niveaux afin que leur droit soit respecté. Et quand ces manifestations pacifiques donnent lieu à des blessés, des hospitalisations, cela est très grave. Nous exigeons qu’il y ait une enquête indépendante pour identifier les auteurs de ces violences afin qu’ils répondent devant la justice », a souligné Mamady Kaba, président de la LIDA.

Poursuivant, l’ancien président de l’institution nationale indépendante des droits de l’homme (INIDH) a fustigé le silence des autorités face à cet état de fait qui pour lui crée « un sentiment d’injustice au niveau des populations ». « Ce silence-là crée un sentiment d’injustice au niveau des populations. Quand les autorités à tous les niveaux ne prennent pas des dispositions pour se mettre du côté des populations, elles (autorités) poussent les populations à réfléchir à d’autres formes de protestation qui pourraient ne pas être du tout compatibles avec notre idéal de paix, de justice et de vivre ensemble. C’est pourquoi j’en appelle encore une fois à la promptitude des autorités à tous les niveaux afin que justice soit rendue aux populations », a conseillé l’activiste des droits humains avant de s’adresser aux citoyens de la localité, à l’entreprise et aux autorités à tous les niveaux.

« Aux populations, d’observer le calme après qu’elles aient joui de leur droit légal et légitime de manifester. Je les appelle à la retenue afin de laisser le temps aux autorités judiciaires de réagir pour traduire les auteurs devant les tribunaux. J’appelle l’ensemble des autorités de notre pays, les autorités judiciaires, de travailler ardemment et d’arrache-pied à identifier les auteurs de ces violences. Qu’ils soient des civils ou des agents des forces de défense et de sécurité qu’ils soient traduits devant les tribunaux et punissent conformément à nos lois. J’appelle aussi les autorités politiques à s’impliquer afin que les sociétés respectent leurs engagements en faisant en sorte que les populations puissent bénéficier de leur présence d’autant plus qu’elles ont tout perdu. Elles n’ont plus des champs à cultiver, elles n’ont plus de pâturages ou de bétails. Le seul espoir ce sont ces sociétés qui ont arraché ces terres-là. Ce sont ces sociétés qui doivent fournir l’alternative afin de permettre aux populations de continuer à vivre normalement », a-t-il recommandé.

À noter que ces dernières années plusieurs zones minières situées en Haute Guinée ont enregistré des violences entre les populations et les forces de l’ordre notamment à Kintinia (Siguiri), Kouroussa. Et maintenant Foulata sous-préfecture de Maleya préfecture de Siguiri.

Mamadou Macka Diallo

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