La manifestation « pacifique et citoyenne » appelée par le FNDC le jeudi, 20 octobre 2022, a été émaillée de violences. Les militants de ce mouvement de fait « dissout » récemment par le gouvernement ont affronté les forces de défense et de sécurité dans plusieurs quartiers de la commune de Ratoma notamment Hamdallaye, Bambéto, Koloma, Bomboly et Sonfnia. Le bilan fait état de trois morts, plusieurs blessés et des dégâts matériels importants. Amadou Bella Diallo, âgé de 16 ans, mécanicien est parmi les trois jeunes qui ont trouvé la mort pendant ces violences. Le tuteur et maître du jeune homme revient sur la mort de son apprenti.
« À chaque événement (manifestation) on réunit tous les enfants (apprentis) pour protéger les véhicules de nos clients au garage pour ne pas que les forces de défense et de sécurité ou les manifestants les détruisent. Donc, on est resté jusqu’à 17 heures et quelques, on s’est dispersé et chacun devrait rentrer à la maison. Mais à 17 heures les enfants ont l’habitude d’aller jouer au football. Ils sont allés au terrain là où on appel Kabakoudouyah pour jouer. Les militaires sont rentrés dans le quartier lorsque certains d’entre eux les ont aperçu, ils ont pris la fuite et lui, il (Bella) était arrêté aux guichets faisant dos aux militaires. Le temps pour lui de se retourner voir ils ont tiré et la balle est venu directement dans son œil. On faisait du thé chez lui (Bella) quand j’ai reçu un appel qu’on a tiré sur Bella. Le temps pour nous de venir sur le lieu, il a été transporté sur une moto pour l’hôpital Jean Paul II (Hamdallaye) mais il était déjà mort. J’ai passé plusieurs années avec lui depuis qu’il était tout petit », a expliqué Alpha Oumar Sow, tuteur et maître du défunt.
Alhassane Diallo, père du jeune Amadou Bella Diallo a dans une forte émotion expliqué les circonstances dans lesquelles il a reçu la nouvelle.
« Vers 17 heures, j’étais à mon lieu de travail lorsque j’ai reçu un appel de mon grand frère qui m’a demandé si Bella a un numéro de téléphone de le lui passer. J’ai dit qu’il en a mais je ne le retiens pas, je l’ai noté quand même. Je lui ai dit de m’attendre parce que je suis loin de la maison. Il me dis de le faire immédiatement. Je lui ai demandé qu’est-ce qui ne va pas? J’ai posé la question de savoir s’il a fait quelque chose là-bas mais il me dit non! Au moment où je partais à la maison, il m’a rappelé pour m’informer qu’ils ont tiré sur mon enfant. Je n’en revenais pas et j’ai continué mon chemin au même moment sa maman aussi m’appelle et me dit qu’ils ont tiré sur Bella à Bambéto. Il est né en 2007 au moment des grèves. J’ai tenté de venir mais il n’y avait pas de passage. Je loge à la Cimenterie et j’étais obligé de passer la nuit c’est ce matin que je suis venu. Je n’ai pas vu encore le corps de mon enfant. On nous dit que le corps doit être amené à la morgue d’Ignace Deen. Après l’autopsie si on nous le restitue, on va procéder à l’enterrement. Je pardonne mon fils et je m’en remets à Dieu », a témoigné Alhassane Diallo, père de la victime.
Il faut rappeler que les autorités de la transition ont interdit toute manifestation socio-politique sur les places publiques jusqu’aux échéances électorales. Cette décision est dénoncée par les acteurs politiques et sociaux.
Mamadou Macka Diallo