Manifestations socio-politiques: Vers l’élaboration d’un code de bonne conduite des journalistes et forces de l’ordre sur le terrain

Les manifestations socio-politiques sont devenues récurrentes en Guinée.  Mais les journalistes reporter qui couvrent ces manifestations sont confrontés à d’énormes difficultés sur le terrain. Ces hommes de médias se retrouvent très souvent piégés entre les manifestants et les forces de maintien d’ordre.

Pour préserver la vie et le travail des journalistes sur le terrain, des acteurs se penchent sur un code de bonne conduite des journalistes mais aussi des forces de défense et de sécurité sur les terrains des manifestations. L’initiative est de l’ONG Alliance des médias pour les droits humains en Guinée en partenariat avec l’ambassade Suisse en Guinée basée à Abidjan. La structure a organisé les 02 et 03 mars derniers, un forum national sur la protection des journalistes en période de manifestations sociopolitiques.

Ce forum a réuni des représentants des médias et d’associations de médias, des représentants de la société civile et des forces de défense et de sécurité venus des ministères de la Défense et de la Sécurité. A cette occasion, Saïkou Baldé, journaliste, président de l’Alliance des médias pour les droits humains en Guinée  a indiqué le constat qui a poussé son organisation à organiser ce forum.

“Le contexte sociopolitique guinéen est ce qu’il est. Depuis 10 ans maintenant, nous assistons à des séries de manifestations sociopolitiques répétitives qui deviennent recrudescentes. Ce que nous avons déploré, c’est que lors de ces manifestations, il y a souvent de la répression, des violences, des violations systématiques des droits humains envers les manifestants mais aussi envers les hommes et femmes des médias.

Nous constatons souvent que les journalistes qui sont en première ligne pour relayer ce qui se passe sur le terrain sont pris entre plusieurs feux. Ils sont agressés par des manifestants, des contre-manifestants et des éléments des forces de défense et de sécurité. Ils deviennent ainsi des victimes. Nous nous sommes dits trop c’est trop et qu’il faut inverser cette tendance. 

Avant ce forum, il y a eu d’autres cadres d’échanges sur la protection des journalistes mais cette fois-ci, nous avons voulu innover en réunissant toutes les parties prenantes notamment l’Etat à travers les ministères qui sont dévolus à la protection des citoyens et de leurs biens. À ceux-là s’ajoutent les organisations professionnelles des médias mais aussi les partis politiques que nous n’avons pas pu avoir. C’est tout cet ensemble là que nous avons voulu réunir pour trouver une synergie d’action pour garantir et sécuriser le travail des journalistes sur le terrain, a t-il indiqué.

Pendant ces deux jours de travaux, des thématiques comme “le cadre légal, l’exercice du droit de manifestation et le maintien d’ordre en Guinée, la loi sur le  maintien d’ordre et les principes de base des Nations Unies, l’état des lieux sur les violences subies par les journalistes” ont été entre autres abordés.

Un code de bonne conduite des agents des forces de défense et de sécurité et les journalistes a aussi été rédigé par les participants. Il a été recommandé entre autres aux journalistes de toujours porter leurs gilets de travail, d’évoluer en groupe sur terrain, d’observer une neutralité entre les belligérants, de respecter les cordons des services de sécurité et de respecter l’éthique et la déontologie dans le traitement de l’information.

Aux agents de service de sécurité, de faire la différence entre les hommes de médias et les manifestants, de sécuriser les journalistes et les secourir en cas de cris de détresse, de les traiter avec respect tout en leur facilitant l’accès à l’information.

Des recommandations ont aussi été faites à l’endroit des ministères régaliens dont entre autres la vulgarisation des lois L002 sur la liberté de la presse et L009 sur le maintien d’ordre en Guinée au niveau des forces de défense et de sécurité et la finalisation et le vote de la convention collective des journalistes par les patrons de presse.

Les organisateurs ont promis de poursuivre le travail en valorisant les recommandations issues de ce forum pour que tout le monde puisse en prendre connaissance.

Les cérémonies d’ouverture et de clôture ont été présidées par le secrétaire général du ministère de la Sécurité et de la Protection civile en présence du représentant du ministère de l’Information et de la Communication ainsi que de la Défense, entre autres.

Diop Ramatoulaye 

666-75-16-10 

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