Face à la polémique suscitée par ses propos qui circulent sur les réseaux au sujet du mariage entre cousin et cousine, le Professeur Alpha Amadou Bano Barry est sorti pour apporter des précisions. Dans un entretien accordé à notre rédaction (Guinee114.Com), ce dimanche 24 décembre 2023, le sociologue et universitaire guinéen a expliqué que cette polémique est partie du fait que l’auteur de la vidéo mise en ligne a fait un montage pour dénaturer son message. Il précise qu’il n’a jamais dit que toute personne qui épouse sa cousine est un fainéant ou quelqu’un qui a échoué.
« J’ai été invité à l’assemblée générale ‘’Foutti-Lafidi’’ il y a de cela trois semaines, j’ai reçu une vingtaine de questions. Parmi les questions qui m’ont été posées, il y a la question ethnique. J’ai fait valoir que les ethnies sont comme un corps vivant : elles naissent, se développent, s’agrandissent et peuvent même mourir. Et que tout individu, à sa naissance, est un animal. Ce n’est ni un humain et il appartient à aucun groupe ethnique. Il n’y a pas de sang peul, soussou, malinké, kpèlè ou toma. Comment les gens deviennent membres d’un groupe ethnique ? C’est par la socialisation ; et celle qui joue un rôle principal dans la socialisation, c’est la mère.
Parce que c’est elle qui va durer avec l’enfant à la période où l’enfant va apprendre les règles d’hygiène, les règles comportementales et apprendre la langue. Lorsqu’un homme se marie avec une femme, les deux n’appartiennent pas au même groupe ethnique, si l’enfant reste avec la mère, la première langue qu’il va apprendre, ce sera la langue de la mère. Mais pour qu’un homme puisse se marier à une femme étrangère à lui, n’appartenant pas au même groupe que lui, il faut avoir réussi dans la vie. Celui qui n’a pas réussi, ne peut pas se marier en dehors de son groupe et même de sa famille.
J’ai aussi dit que celui qui réussit, même lorsqu’il est marié à une étrangère, sa famille trouve toujours un moyen de prétexte pour lui trouver une parente à lui, une cousine afin qu’il l’épouse. Parce les Soussous, eux-mêmes disent qu’au lieu de mettre au monde un président, il est préférable de mettre au monde la femme du président, signifiant par-là, que la possibilité d’accès aux ressources que l’homme possède est plus élevée lorsque la femme appartient à la même communauté. J’ai enfin terminé en disant qu’un homme qui n’a pas réussi, qui est en situation d’échec, il n’arrive pas à se trouver lui-même sa femme, et on a peur qu’il ne meurt sans laisser une descendance, on lui trouvera une cousine, une parente.
Quand j’ai fini de dire ça, un monsieur dont je ne vais pas dire le nom mais qui est marié à une cousine à lui, et qui considère que ce que je viens de dire là s’adresse à lui ou pourrait le concerner directement, a fait une extraction de cette partie de moins de 10 secondes et il a diffusé dans les réseaux sociaux. Et puisque dans les réseaux sociaux, on ne cherche pas l’intégralité de ce que tu as dit, les gens ont pensé que j’ai parlé en disant que tous ceux qui se sont mariés à leurs cousines sont des gens en situation d’échec. Ça veut dire que toutes les personnes qui ont une cousine se sont senties concernées et se sont mises à m’attaquer.
Alors que s’ils avaient bien entendu, s’ils avaient écouté l’intégralité, ils comprendraient que celui qui a réussi aussi, se marie de préférence à une cousine pour ne pas qu’il sorte. Voilà la polémique. Mais la polémique est liée à deux choses : les Guinéens n’ont pas d’esprit critique, il n’y a pas de discernement. La capacité à se poser des questions, à s’interroger pour savoir est-ce que ce qu’on est en train de me vendre-là, est-ce que c’est ce qui a été dit? Et dans quel contexte ça a été dit? On prend une partie, on coupe et on balance, voilà ce qui s’est passé », a expliqué l’ancien ministre de l’Éducation nationale et de l’alphabétisation.
Mamadou Macka Diallo