Dix ans après le massacre de Zogota qui ont fait six morts dont le président du district, plusieurs bléssés et d’importants dégâts matériels, les victimes attendent toujours des indemnisations de la part des autorités puisque ce sont les forces de défense et de sécurités qui sont accusées dans cette affaire.
Ce 5 août 2022 marquant le dixième anniversaire de cette tragédie, le directeur exécutif de l’ONG Les Mêmes Droits pour Tous (MDT) a tenu un point de presse. Au cours de ce point de presse tenu à la Maison de la Presse de Guinée sise à Conakry, Maître Foromo Frédéric Loua a fait le point sur cette affaire dans laquelle l’Etat guinéen a été condamné par la cour de justice de la CEDEAO.
« Dans la nuit du 3 au 4 août 2012, aux environs de 1 heure du matin, les forces de défense et de sécurité guinéennes ont dirigé une expédition punitive dans le village de Zogota. Alors que la paisible population était endormie, le village de Zogota fut investi par une cohorte d’hommes armés qui y ont aussitôt ouvert le feu, tuant sur le champ six personnes dont le président du district. Ils ont en outre arrêté illégalement, torturé et blessé des dizaines d’autres tout en mettant le feu dans les cases du village.
Cette attaque nocturne a été menée en représailles de la manifestation des communautés riveraines qui s’étaient révoltées contre les pratiques abusives et discriminatoires de la compagnie minière Vale-BSGR, mais aussi contre les autorités administratives de la région qui détournaient les taxes superficiaires et autres redevances minières qui leur étaient dues », a narré maître Foromo Frédéric Loua, directeur exécutif des MDT.
L’avocat à la cour est revenu sur les démarches judiciaires qui ont été menées.
« Face à cette tragique situation qui a créé de l’émoi dans toute la région de la Guinée forestière, une plainte avait été déposée contre les principaux responsables des forces impliquées dans le massacre ainsi que le préfet et le gouverneur de région d’alors. Malheureusement, aucune investigation n’a été menée par la justice guinéenne pour faire la lumière sur ce massacre. La plainte est restée sans suite jusqu’à date malgré les appels des victimes et des ONG pour faire juger cette affaire.
Ainsi, en 2018 les Mêmes Droits pour Tous (MDT) et Advocate for Community Alternatives (ACA), devant ce refus de rendre justice, ont saisi, au nom des victimes, la Cour de Justice de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui après examen de la requête, a reconnu la Guinée coupable de déni de justice et de violation des droits de l’homme dans son arrêt rendu N°EWC/CCJ.JUD/25/20. Elle l’a condamnée au paiement de la somme de 4,56 milliards de francs guinéens (environ 463 000 dollars américains) aux victimes et leurs ayants-droits pour réparer cette atrocité injustement infligée à la population de Zogota. Elle a en outre enjoint à la Guinée de juger les responsables militaires et civiles cités dans la plainte pour leur responsabilité pénale individuelle dans le massacre.
La décision de la juridiction communautaire a été régulièrement signifiée à la Guinée depuis le 20 décembre 2020 qui jusque maintenant refuse obstinément d’exécuter l’arrêt de la Cour de Justice de la CEDEAO malgré les multiples relances faites à l’agent judiciaire de l’état.
Aussi, parallèlement à cette action judiciaire victorieuse, une plainte avait été déposée au plan national contre Vale-BSG Ressources (VBG), ce conglomérat minier international pour implication présumée dans le massacre de Zogota par la fourniture de moyens et autres assistances. Cette plainte est actuellement en instruction devant le juge au Tribunal de Première Instance de N’Zérékoré », a fait savoir l’activiste de défense des droits humains.
Les victimes demandent à l’Etat guinéen de s’acquitter de sa condamnation et de faire juger les présumés responsables dans cette affaire.
« Devant cette situation d’impunité notoirement révoltante, les victimes du massacre de Zogota demandent à l’état guinéen de payer incessamment et dans le plus bref délai le montant de la condamnation prononcée par la Cour de Justice de la CEDEAO et faire juger les présumés responsable du massacre pour responsabilité pénale individuelle » a-t-il conclu.
Mamadou Macka Diallo
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