Massacres du 28 septembre: douze ans après, que veulent les victimes ?

Mardi 28 septembre, triste anniversaire des événements du 28 septembre 2009. Douze ans jour pour jour depuis que des Guinéens ont été tués au stade du 28 septembre, des femmes violées au cours de la répression d’une manifestation organisée par les forces vives de la nation pour exiger l’élection d’un président civil à la tête du pays et le départ du pouvoir de la junte militaire qui avait à sa tête le capitaine Dadis Camara. 
 Guinee114.com a tendu son micro à Asmaou Diallo, présidente de l’Association des Victimes, Parents et Amis du 28 septembre 2009. Tristesse, patience, engagement et optimisme, constituent le résumé des sentiments de celle qui a perdu son fils au stade du 28 septembre et qui porte le combat de plusieurs autres victimes et parents de victimes. Douze ans après, c’est un sentiment de douleurs parce que douze ans d’attente pour avoir une vérité, ça fait très mal et c’est lourd pour nous les victimes. D’abord durant les douze ans, on a enregistré beaucoup de décès au niveau des victimes qui attendaient la justice, qui voulaient avoir la justice. Malheureusement ça n’a pas été le cas. Douze ans d’attente, ce n’est pas évident. Mais qu’à cela ne tienne, il faut continuer le combat. Nous allons continuer le combat jusqu’à l’obtention d’un procès pour satisfaire tout un chacun”, a-t-elle entamé. 
 
Plus loin, Asmaou Diallo a dénoncé le retard accusé par le régime Alpha Condé dans l’organisation du procès du 28 septembre 2009. “Ça été un manque de volonté politique. C’est réel parce que le régime Condé n’avait qu’à organiser ce procès pour rendre justice et surtout pour effacer les larmes des victimes. Ces événements douloureux ont eu lieu au moment d’une transition militaire et après tous les sacrifices de sang versé au stade du 28 septembre, c’est un régime civil qui est venu. Nous on s’est dit qu’on a eu ce qu’on voulait, c’était d’avoir un président civil. Ce dernier vient, il ne veut même pas en entendre parler. Quand on parle des événements du 28 septembre, il a autre chose à nous dire, ce n’est pas que les événements du 28 septembre qui se sont passés de 1958 à nos jours, s’il faut parler il faut parler de toutes les exactions qui ont eu lieu depuis 1958 dans le pays.
On ne pouvait pas lui donner raison parce que les événements du 28 septembre sont arrivés à un moment où personne ne s’attendait et surtout aussi c’était pour qu’un président civil soit à la tête de la Guinée. Et ce président civil a vu ce qui s’est passé. Au lieu de mettre les victimes sur une position d’honneur, on dit non, faut pas qu’on en parle. C’était une manière de se dérober, c’était une façon de berner tout le monde dans la farine pour ne pas qu’on parle de procès. On l’a réclamé en vain. Le ministre Sakho a tout fait. À son temps, on a pu faire les enquêtes et l’instruction a été clôturée en 2017 espérant qu’en 2018, le procès allait se tenir. Malheureusement, le procès ne s’est pas tenu. On nous a promis de construire un bâtiment où le procès devait se tenir, nous on a dit qu’on préfère la Cour d’appel. C’est accepté pour la Cour d’appel mais il fallait aussi faire des aménagements. Donc c’était une façon de se jouer des victimes pour dire que ça promet, ça va avancer, on va le faire”, a-t-elle dénoncé. 
 
Ensuite, Asmaou Diallo a tenu à lancer un message au Colonel Mamady Doumbouya président du CNRD. “Nous demandons au Colonel Mamadi Doumbouya de mettre les moyens nécessaires à la disposition de la justice guinéenne. Il n’a qu’à essayer de rendre la justice libre et transparente. De leur donner tout pour que ce procès se tienne afin qu’on ait une Guinée plus crédible”, a lancé Asmaou Diallo Diallo, présidente de l’AVIPA.
 
Diop Ramatoulaye 
666751610

Articles similaires