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Massacres du 28 septembre: Pr Hassane Bah témoigne sur la gestion des corps des victimes

Pr Hassane Bah, médecin légiste en exercice à l’hôpital national Ignace Deen poursuit sa déposition devant le Tribunal criminel de Dixinn délocalisé à la Cour d’appel de Conakry. Dans son témoignage dans cette affaire dite des évènements du 28 septembre 2009, le médecin légiste s’est exprimé sur la gestion des corps qui ont été déposés, selon lui, par des camions conduits par des militaires.

“Concernant l’identification des corps, nous avons procédé dans un premier temps au déshabillage des corps. Nous avons essayé de collecter les éléments ante-mortem: les habits, les objets, les pièces d’identité qu’on pouvait retrouver, les montres, toute information ante-mortem pouvant être utiles à l’identification des corps. Nous avons essayé de les mettre dans des sachets avec des numéros. Au niveau des chambres froides, c’est dix places, donc chaque chambre a un numéro. Nous avons procédé à l’examen des corps pour voir s’il y a d’autres marques de tatouages ou d’autres signes particuliers pouvant nous aider à l’identification des corps”, a t-il fait savoir.

Sur les corps examinés, monsieur le président, poursuit Pr Hassane Bah, “nous avons trouvé qu’il y’avait des personnes qui sont décédées par armes à feu sur lesquelles nous avons trouvé des lésions d’origines balistiques avec des orifices d’entrée et des orifices de sorti. Nous avons trouvé qu’il y’avait 13 corps qui présentaient des orifices d’entrée avec 3 orifices de sorti autrement dit: les projectiles sont rentrés ne sont pas sortis, il y’a eu trois. Sur les 13 corps, les 9 étaient tirés de dos. Autrement dit, l’orifice d’entrée du projectile était dans le dos. Ça veut dire probablement ce monsieur était en train de marcher ou courir quand il s’est fait tirer. On a eu deux cas c’est au niveau de l’encéphalite parmi ces deux cas il y’avait un cas à bout touchant. On a eu deux au niveau de l’abdomen avec ébiceration et une hémorragie abondante.

En plus de ces armes à feu, on a eu 27 cas de polytraumatisme. Parmi ces 27, il y’avait dix cas de plaies par un instrument piquant tranchant (couteau) ou tranchant contendant. On a eu dix cas de polytraumatisme ou on avait des équimos, des hématomes au niveau de la tête et au niveau du thorax. Il faut retenir que la plupart des lésions qu’on a observé sont des lésions qui sont localisées au niveau des segments l’encéphalite et du thorax qui sont des segments mortels. Ça c’est à ce niveau où se localisent les gros vaisseaux, c’est à ce niveau se localisent le cerveau et le cœur. Il n’y a pas eu des lésions observées sur les membres inférieurs.

Après avoir fait cet examen sommaire, nous avons fait des rapports détaillés sur toutes les lésions et la trajectoire des projectiles”, a fait savoir Professeur Hassane Bah, qui a ensuite listé les noms de trente un (31) corps identifiés qui ont été remis à leurs familles respectives.

“Parmi les corps, il y en avait qui n’ont pas été identifiés. Ces corps qui n’ont pas été identifiés ont fait également l’objet d’une expertise médico-légale pour déterminer les lésions rencontrées également les causes des décès. Alors, lorsque nous avons fini d’examiner ces corps, les corps non identifiés sont toujours restés dans la chambre froide. Beaucoup ici ont dit qu’il y a eu une commission de restitution des corps, oui. Cette commission était présidée par l’ancien secrétaire général de la ligue islamique et j’étais en contact avec cette commission.

Chaque fois qu’il fallait restituer un corps qui est formellement identifié on m’appelait pour me dire telle personne arrive parce que les personnes venaient à la morgue pour identifier les corps et on. pouvait les leur restituer. Nous avons travaillé comme ça. Les corps qui sont restés non identifiés, il était question maintenant d’organiser une identification visuelle. Appeler toutes les personnes qui ont perdu un parent ou personnes de connaissance de venir examiner et voir une dernière fois si toutefois il y’a une chance de retrouver son parent disparu.

Nous avons envoyé les corps non identifiés à la grande mosquée Fayçal. On avait fait ce qui était possible sur le plan de soin des corps pour faciliter la reconnaissance. Ce que j’ai oublié de vous dire, parmi les corps à l’admission, on avait onze (11) corps qui étaient déjà en début de putréfaction. Et on peut raisonnablement se poser la question, pourquoi ils sont morts le matin et le soir ils sont déjà en état de putréfaction. C’est normal, ça dépend des causes des décès et les conditions de conservation des corps”, a-t-il expliqué tout en précisant que plusieurs corps ont été identifiés par des familles à la mosquée Fayçal en présence de la commission de restitution, du ministre de la santé d’alors, les imams, les prêtres, lui et ses collègues médecins militaires. Après identification, tous ces corps ont été restitués à leurs familles respectives.

Le médecin légiste a aussi mentionné que vingt-cinq (25) corps non identifiés ont été inhumés par la Croix-Rouge au cimetière de Cameroun.

Après la phase de questions réponses, le président du tribunal a renvoyé l’affaire à demain mardi pour la comparution d’autres témoins.

Mamadou Macka Diallo 

666 660 366 

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