A l’occasion de l’assemblée générale virtuelle de son parti, l’UFDG, de ce samedi, 24 juillet 2021, le leader de l’opposition guinéenne a abordé l’échec du président Alpha Condé à relancer la filière coton. Avec une production de seulement 1900 tonnes cette année alors que des pays comme le Burkina sont à plusieurs centaines de milliers de tonnes, le projet lancé par Alpha Condé est encore loin d’atteindre l’objectif d’au moins 25 mille tonnes pour devenir un projet viable. Apportant des chiffres concoctés ça et là pour justifier ses affirmations, Cellou Dalein Diallo a décrit un projet à l’agonie et démontré des perspectives sombres, pas sans plaindre le sort des paysans cotonculteurs « abandonnés » avec leurs récoltes.
«Je voudrais parler d’autres compatriotes qui souffrent dans l’indifférence notamment des autorités guinéennes. Ces compatriotes, ce sont ceux-là qui se sont engagés dans la culture du coton. La promotion de la culture industrielle du coton a été engagée aux débuts des années 90 avec le soutien de la coopération française et l’assistance technique de ce qui s’appelait à l’époque la CFDT qui est devenue aujourd’hui Géocoton. Lors qu’Alpha Condé est arrivé, vous le connaissez: je vais relancer la cotonculture et on va dépasser le Mali et le Burkina. Il crée un projet avec une nouvelle appellation, le Projet de développement de la filière cotonnière en Guinée (PDFCG)», a entamé Cellou Dalein Diallo.
Et d’ajouter : «En 2011, 2012, il ne fait que 2 mille 777 tonnes. En 2012-2013 4 mille tonnes et en 2015-2016 il atteint le pic de 15 mille tonnes. Depuis, ça ne fait que baisser. Cette année ils n’ont fait que 1900 tonnes. Je vais vous donner les chiffres des autres pays qu’il voulait dépasser. Nous sommes-nous à 1905 tonnes cette année. Le Burkina est à 491 mille tonnes, la Côte d’ivoire à 548 mille tonnes, le Mali, malgré les violences, à 156 mille 522 tonnes mais c’est un pays qui avait atteint 700 mille tonnes avant la guerre. Le Sénégal, qui n’a pas beaucoup de vocation, est à 20 mille tonnes, le Togo à 68 mille tonnes alors que nous nous sommes à 1900 tonnes…
Ces pays-là, pour montrer à quel point le développement de cette filière contribue à la réduction de la pauvreté, si vous prenez le nombre de producteurs, c’est-à-dire les paysans engagés, vous avez 417 mille 591 paysans, au Burkina il y a 52 mille femmes qui ont leurs exploitations, la Côte d’ivoire a 132 mille dont 3250 femmes et la Guinée 2 mille 300. Je parle de maintenant-là parce que les gens ont quitté la filière pour l’orpaillage et d’autres machins parce qu’il n’y a pas de soutien et d’accompagnement».
[irp posts= »11790″ name= »Agriculture commerciale: le gouvernement et la Banque mondiale signent un accord de financement de 100 millions de dollars »]
Cette filière est développée en Haute Guinée, dans une sous-préfecture qui s’appelle Seinko dans Beyla, à Gaoual, Koundara et Mali. A en croire Dalein, «tous les paysans ont aujourd’hui le coton avec eux. Ils se sont débrouillés sans aide pour cultiver et entretenir leurs champs de coton. Ils ont récolté et on ne voit personne pour acheter. Les paysans de Gaoual, Mali et Koundara, on a des ateliers pour l’égrainage à Kankan. Le gouvernement avait décidé pour Gaoual, Koundara et Mali, compte-tenu de la proximité du Sénégal, habituellement, ils envoyaient leur coton là-bas avec un accord qui était passé avec la société sénégalaise qui s’occupe du coton.
Maintenant, les frontières sont fermées, vous le savez, on ne peut transporter ni vers là-bas ni vers Kankan parce qu’il n’y a pas d’acheteurs pour payer. Et ensuite, ce n’est pas la préoccupation du gouvernement. Donc voilà un peu dans quelle détresse les cotonculteurs se trouvent aujourd’hui, l’écrasante majorité c’est dans Kankan ».
La filière est à l’agonie.
«Si je vous dis qu’elle est à l’agonie, je vais vous donner un autre aspect financier. En créant le projet, c’était dans les perspectives d’en faire une entreprise viable. Or, pour que cette entreprise soit viable, il faut que le niveau de la production atteigne au moins 25 mille tonnes. Aujourd’hui on en est à 1900. Mais rien n’est fait pour aller vers cette direction», dit-il.
Les perspectives sont sombres
Selon Cellou Dalein Diallo, «les perspectives sont sombres parce qu’actuellement le projet est criblé de dettes à la caisse nationale de sécurité sociale et endetté à hauteur de 120 milliards de francs guinéens notamment vis-à-vis de la chambre d’agriculture».
Plus loin, l’opposant évoque l’exitance selon lui, de contentieux non encore résolus. Il s’agirait notamment d’un contentieux avec Géocoton et un autre avec la famille de Mama Tounkara qui avait racheté certaines actifs. «Tout cela n’est pas réglé parce que le gouvernement ne règle rien. Alpha c’est l’homme du désordre. Il a continué à aggraver le désordre et à tuer la production du coton», conclut l’opposant et ancien Premier ministre.
[irp posts= »12690″ name= »Agriculture: au plus tard en 2026, la Guinée n’importera plus le riz (PM Kassory) »]
Thierno Amadou M’Bonet Camara
622 10 43 78