C’est avec désolation que Bah Oury observe le déroulement des négociations en cours entre le gouvernement et le mouvement syndical guinéen autour notamment de l’augmentation des salaires des fonctionnaires. Le président de l’Union des Démocrates pour la Renaissance de la Guinée (UDRG) rappelle que les syndicalistes ont souvent réclamé et obtenu l’amélioration des salaires, mais cela n’a jamais servi à grand-chose. C’est pourquoi, dit-il, la question doit être traitée autrement pour avoir un résultat efficace et durable.
« La logique qui consiste à demander de manière régulière une augmentation salariale dans un environnement inflationniste, c’est-à-dire où le franc guinéen est en train toujours de perdre la valeur, ça sera toujours un combat sans fin. C’est la raison pour laquelle les Guinéens n’ont pas pu épargner en franc guinéen, ils sont obligés d’acheter des terrains, d’acheter de devises… parce que la monnaie nationale n’a pas encore eu la stabilité nécessaire pour que les gens puissent s’enrichir en travaillant, en ayant un salaire puisqu’à chaque fois, le pouvoir d’achat en franc guinéen se rode. Et la logique, il y a demandes d’augmentation salariale.
Tous les deux ans ou trois ans, on est toujours dans le même cycle. Il faut que les questions sociales soient débattues de la manière la plus sérieuse, que les paramètres fondamentaux de l’économie nationale du pays soient pris en compte. Jusqu’à présent, je suis de ce point de vue pas du tout satisfait par la manière dont on corrige ce problème. Je ne vais pas rentrer dans un long débat sur cette question, il y aura d’autres circonstances où nous pourrons effectivement aborder cette question en profondeur et montrer que la Guinée a besoin de réformes structurelles dans tous les secteurs.
Le secteur de l’économie, le secteur des finances publiques, la gouvernance doit être revue de fond en comble pour que le salaire puisse permettre à une personne de vivre dignement et de satisfaire les besoins fondamentaux de sa famille. Si on ne fait ça, on sera toujours en train de revenir régulièrement à des crises sociales ou des demandes d’augmentation salariale, où les gens ont un salaire sans pour autant que ce salaire ne leur permette de vivre. C’est une question fondamentale qui date depuis pratiquement l’indépendance et qui n’est pas encore résolue en profondeur », a indiqué Bah Oury à l’occasion de l’assemblée générale de l’UDRG tenue ce samedi, 11 novembre 2023, au siège du parti à Conakry.
« Par rapport à la situation actuelle, les syndicats, en allant dans cette direction, les pouvoirs publics, en allant dans le sens de ce qui a été toujours fait sans qu’on pose les vrais problèmes, ne font que reporter à plus tard les difficultés et les mesures indispensables des réformes. Il faut nécessairement faire en sorte que la Guinée puisse devenir économiquement normale, socialement juste, et que le salaire puisse permettre de payer effectivement le travail », a ajouté ce leader politique guinéen.
Mamadou Macka Diallo
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