Vingt-quatre heures après l’expiration de sa trêve, le front national pour la défense de la constitution (FNDC) a animé un point de presse ce 1er juillet 2022, à Conakry. À cette occasion, une déclaration dans laquelle la coordination nationale dénonce la volonté du CNRD de se maintenir au pouvoir et sollicite de nouveau l’ouverture d’un cadre de dialogue avec la facilitation de la CEDEAO, a été publiée.
Nous vous proposons l’intégralité de ladite déclaration.
Le 22 juin 2022, le FNDC a observé une trêve d’une semaine pour donner la chance aux sollicitations de dialogue faites par les sages, religieux, le Premier ministre et plusieurs actions des personnes bonnes offices.
Apres cette trêve, la coordination du FNDC constate avec regret et désolation qu’aucune avancée significative n’est perceptible pour créer les conditions idoines pour recadrer la transition qui tangue en vue d’un retour rapide à l’ordre constitutionnel.
Le FNDC dénonce la parodie de rencontre tenue en début de semaine à l’Hôtel
Kaloum qui n’a servi que d’élément de communication pour le CNRD et son
gouvernement.
Au regard des informations à sa disposition, le FNDC, informe l’opinion nationale et internationale de la prise en otage de la transition par des individus et groupes mafieux aux intérêts occultes et inavoués qui font tout pour créer le chaos.
Cependant, il nous semble nécessaire et urgent, dans une perspective de prévention et de gestion des conflits internes imminents, de partager avec la communauté nationale et internationale nos préoccupations pour la préservation de la paix en Guinée et dans la sous-région.
Ces préoccupations font non seulement écho à la conduite solitaire et autoritaire de la transition par le CNRD et le gouvernement mais aussi aux atteintes graves portées aux droits et libertés fondamentaux.
Le FNDC dénonce l’absence notoire de volonté politique du CNRD de diligenter le retour à l’ordre constitutionnel et les manœuvres dilatoires auxquelles recourt la junte à cette fin se traduisent essentiellement par :
1- Le refus de mettre en place un cadre crédible de dialogue permettant de
déterminer de manière consensuelle les termes de la Transition ;
2- La fixation unilatérale de la durée de la transition à 36 mois en violation de la Charte de la transition, laquelle Charte a été imposée unilatéralement par
le CNRD ;
3- Le maintien de l’interdiction de toutes manifestations dans les rues et sur les places publiques jusqu’aux élections malgré l’appel à lever cette interdiction lancé le 30 mai dernier par le Bureau des droits de l’homme des Nations Unies ;
4- L’exclusion des forces vives de la Nation de la gestion de la transition ;
5- La défiance de la junte vis-à-vis de la CEDEAO ;
6- Les tentatives de musèlement des acteurs politiques et de la société civile via l’instrumentalisation de la justice.
La Coordination Nationale du FNDC prend à cet effet toute sa responsabilité
citoyenne pour exiger le retour à l’ordre constitutionnel dans un délai raisonnable qui se heurtera à la volonté de plus en plus affichée du CNRD d’exclure les forces vives de la Nation de la gestion de la transition et de se maintenir au pouvoir aussi longtemps que possible, ce au mépris de la légitimité démocratique.
A cet effet, il faut craindre que les troubles qui vont en découler n’embrasent la Guinée au terme de onze ans de gouvernance d’Alpha Condé marquée par une répression sanglante des populations guinéennes, un refus de l’alternance démocratique et une négation totale de l’État de droit dont le CNRD sera le seul responsable.
C’est pourquoi le FNDC sollicite la bienveillance des Instances compétentes de la CEDEAO qui se réunissent ce 3 juillet 2022 pour demander au CNRD, au nom de la paix et la stabilité de la Guinée et de la Sous-région, ce qui suit :
– L’ouverture d’un cadre de dialogue entre le CNRD, les acteurs politiques et la société civile, conformément à l’article 77 de la Charte de la transition, avec la facilitation de la CEDEAO ;
– La fixation d’un délai raisonnable et consensuel de la transition au lieu des
36 mois imposés par le CNRD de manière unilatérale ;
– La publication de la liste nominative des membres du CNRD et la
déclaration des biens des autorités de la transition;
– Le respect des droits et libertés fondamentaux, notamment le droit de
manifester conformément aux engagements nationaux, régionaux et
internationaux de la Guinée;
– L’ouverture du procès des crimes de sang.
Compte tenu de la crise profonde de confiance qui existe entre la classe politique, la société civile et les autorités de la transition, il nous apparaît fondamental que la CEDEAO intervienne pour présider le dialogue et favoriser ainsi le retour à l’ordre constitutionnel en Guinée à travers l’organisation d’élections inclusives, libres et transparentes.
Transcrite par Mamadou Macka Diallo
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