Le ministre Julien Yombouno gagnera-t-il vraiment le noble combat de l’assainissement du très élastique fichier de la fonction publique guinéenne ? C’est la question qu’on est en droit de se poser, tant l’ampleur de la résistance semble dépasser les attentes. Alors qu’il poursuit l’enregistrement des fonctionnaires afin de passer à la biométrie, condition posée par le président Doumbouya avant tout nouveau recrutement à la fonction publique, le ministre en charge du secteur doit encore faire preuve de ténacité face aux réseaux mafieux.
Lors d’un récent séjour à l’intérieur du pays, Julien Youmbouno s’est entretenu avec des cadres, notamment tes responsables des ressources humaines des administrations publiques régionales et préfectorales. Des rencontres décrites comme étant des rendez-vous de vérités où Julien Youmbono n’a fait dans la dentelle. «Là où j’ai découvert la malhonnêteté de certains DRH, j’ai servi à Lola. J’ai vu des noms décédés qui étaient des amis ici, dont on a validé les listes. Là c’est la petite zone que je connais, où je vois des gens décédés depuis longtemps et qu’on a validés. Cela veut dire que le phénomène a une certaine ampleur au niveau national. C’est un échantillon ici à Lola, où je connais parfaitement tous ceux qui ont servi l’Etat jusqu’au moment où je quittais», confesse le ministre Youmbouno.
Selon le ministre Youmbouno, ce sont aussi des centaines d’agent de la fonction publique qui se sont inscrits depuis l’extérieur dans des pays comme les Etats-Unis, le Sénégal, l’Allemagne et le Mali alors qu’ils ne sont membres des personnels diplomatiques ni bénéficiaires de congés de formation. «Ce sont des gens qui sont en position d’abandon de poste. Nous on les a déjà identifiés, on les connait déjà plus ou moins mais la confirmation c’est pour bientôt. On termine le pré enrôlement et on passe à la biométrie. Nous tous, il n’y pas quelqu’un qui n’a pas son enfant ou son neveu qui a terminé ses études et qui veut entrer à la fonction publique mais la condition sine qua non posée par le chef de l’Eta et le gouvernement, pas de biométrie pas d’engagement jusqu’à nouvel ordre», indique le ministre.
Selon nos informations, Julien Youmbouno n’a pas manqué de dire que le niveau d’enregistrements des agents de l’Etat dans chaque zone sera un critère prépondérant dans l’évaluation de la performance des directeurs des ressources humaines.
Reste à savoir si le ministre Youmbouno continuera le courage et à bénéficier du temps et du soutien politique qu’il faut pour accomplir la mission d’un véritable assainissement du fichier de la fonction publique permettant à l’Etat faire sécher une saigner financières qui n’a que trop duré.
Thierno Amadou M’Bonet Camara (Rescapé N°5)
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