La République de Guinée abrite du 25 au 27 mai, un atelier panafricain sur “Les violences basées sur le genre, le VIH/Sida, l’accès aux services de santé sexuelle reproductive des personnes sourdes et malentendantes d’Afrique”. Cet atelier qui regroupe des représentants des organisations des personnes sourdes et malentendantes venus de la Côte d’Ivoire, du Maroc, de la Guinée Bissau, la Tanzanie, du Sénégal, du Libéria, de l’Ouganda, du Tchad et de la Sierra Léonne, est organisé par le Réseau des Organisations Panafricaines des Personnes Handicapées et la Fédération Panafricaine des personnes sourdes et malentendantes en collaboration avec le ministère de la Promotion féminine, de l’enfance et des personnes vulnérables et l’appui de leurs partenaires du système des Nations-Unies notamment l’OMS.
L’évènement vise à outiller et sensibiliser les participants sur les maladies sexuellement transmissibles comme le VIH SIDA, les violences basées sur le genre et la santé et sexualité reproductive notamment l’espacement des naissances.
Dans son discours, Elhadj Alpha Boubacar Diop, président de la Fédération Panafricaine des personnes sourdes et malentendantes, a remercié et félicité les autorités de la transition pour la promotion des personnes porteuses de handicap notamment au sein du Conseil National de la Transition (CNT). Le conseiller du président du CNT chargé de l’inclusion a aussi expliqué l’objectif et les acquis de la dite fédération.
“Il faut souligner qu’en raison de leur mode de communication spécifique, les personnes sourdes de naissance sont confrontées à un véritable problème de société. Elles n’ont pas du tout accès aux services de santé et ne jouissent pas de leur droit d’accessibilité universelle aux soins de santé. Elles sont exposées aux nombreuses maladies et sont en danger permanent.
Ce qui nous a amené à innover pour faire face à cette problématique par l’introduction d’un service de communication gestuelle par visio-conférence et l’acquisition de paires de gants électroniques de traduction des langues en signe orale.
D’autres part, la conception d’outils de prévention des violences basées sur le genre, la santé et la sexualité reproductive et le VIH/Sida. Nous pensons que ceci permettra d’épargner la vie de milliers de personnes sourdes en Afrique. (…) Avoir une déficience physique, mentale et sensorielle n’est pas une fatalité en soi encore moins une malédiction.
S’il est vrai que personne n’a choisi ses parents, son pays de naissance…il n’en demeure pas moins que personne n’a choisi ses conditions de naissance. Le handicap, moteur sensoriel ou intellectuel, doit être considéré comme faisant partie de la diversité humaine: diversité des races, ethnies, de la nature. Pour nous, le handicap fait partie de la diversité humaine”, a tenu à préciser Elhadj Boubacar Diop.
Ensuite, il a porté un message de plaidoyer à l’endroit des autorités pour la résolution des difficultés auxquelles font face les personnes handicapées en Guinée et en Afrique. Parmi ces doléances, figure le transfert de la gestion de l’école des sourds et malentendant de Boulbinet dans le portefeuille du ministère de l’Education nationale et de l’Alphabétisation.
“Notre pays manque cruellement de ressources humaines spécialisées dans le domaine des personnes handicapées sur tous les plans. Au niveau de l’éducation, le constat est alarmant voire inquiétant. Il n’y a pas d’enseignants qualifiés en nombre même pour l’unique école des sourds du pays. Sur le plan des interprètes de langues des signes, le pays ne compte pratiquement qu’un seul interprète de langue des signes.
Pour remédier cette situation, en plus de la formation, nous proposons d’institutionnaliser au niveau de la fonction publique un corps de métier d’interprète de langues des signes en engageant à titre dérogatoire les enfants des personnes sourdes qui ont terminé leurs études et qui seront des meilleurs interprètes de langue des signes parce qu’ils sont habitués à communiquer avec leurs parents, donc ils maîtrisent très bien la communication en langue des signes dans la fonction publique.
Il faut aussi que l’école des sourds soit transféré sous la tutelle du ministère de l’Education Nationale et de l’Alphabétisation. Au niveau du ministère de la Promotion féminine, de l’Enfance et des Personnes vulnérables, il n’y a pas de personnes qualifiées pour contrôler la qualité pédagogique de l’enseignement dispensé à l’école des signes. Ce qui peut entraîner un laisser-aller. Parmi tous les pays de la sous-région, la Guinée est le seul pays où la tutelle de l’école des sourds est au niveau de l’action sociale. Il y a plus de quatre cents (400) étudiants diplômés des universités et des écoles professionnelles qui attendent leur engagement à titre dérogatoire dans la fonction publique.
Les organisations des personnes handicapées faîtières de notre pays traversent de nombreuses difficultés par manque d’accompagnement de l’Etat en termes de subventions malgré que l’article 31 de la loi sur la protection et la promotion des personnes handicapées fait obligation à l’Etat de les subventionner.
J’insiste aussi sur les conditions de vie dégradantes et inhumaines de certains handicapés qui vivent dans des abris de fortune sous les ponts de la capitale comme des bêtes sauvages. Il est possible de trouver une solution à leur situation avant les grandes pluies”, a t-il plaidé.
Au nom du Premier ministre, Dr Dansa Kourouma, président du Conseil National de la Transition (CNT), qui a présidé la cérémonie d’ouverture des travaux de l’atelier, a promis d’être l’ambassadeur des personnes handicapées auprès des plus hautes autorités du pays.
“L’exclusion, la stigmatisation dont font objet les personnes handicapées, le ministère de l’Action sociale l’est aussi dans le gouvernement. Plus nous lui accordons de l’importance, nous le dotons de moyens, nous lui accordons une place dans la politique du gouvernement, plus l’impact sur les conditions de vie des personnes handicapées est encore meilleur. J’ai entendu votre message. En tant que président de l’organe législatif de cette transition, rassurez-vous que je suis une personne éduquée pour accorder de l’attention aux couches vulnérables de la société. Parce que mon père me disait toujours que l’homme est un être qui est en perpétuelle construction.
Vous pouvez naître avec deux bras et mourir sans bras, vous pouvez naître avec la vue et mourir aveugle, cela veut dire que tant que vous n’êtes pas enterrés, Dieu n’a pas fini. Le plaidoyer que vous avez fait à mon égard passe comme une lettre à la poste parce que si c’est moi qui dois conduire les réformes pour rendre contraignante pour l’exécutif l’amélioration de vos conditions de vie, rassurez-vous que ces réformes passeront à notre niveau.
Je peux vous le garantir pour vous dire combien je suis motivé et sensibilisé à contribuer pendant cette transition à bâtir le socle d’une société où les inégalités disparaîtront peu à peu à cause des mécanismes de partage, des mécanismes de solidarité que nous mettrons en place.
Ceci se fera non seulement dans la Constitution de notre pays que nous allons commencer à écrire les semaines à venir, mais aussi des lois spéciales seront votées pour contraindre à la fois les pouvoirs publics mais aussi les entreprises et les collectivités de notre pays à prendre en compte la situation singulière mais d’ailleurs éminemment importante des personnes vivants avec des handicaps”, a t-il déclaré.
Pendant trois jours, trente cinq personnes venues des pays cités seront outillés sur comment se protéger face aux violences basées sur le genre, le VIH/Sida mais aussi la santé sexuelle et reproductive. À la fin des travaux, une assemblée générale sera organisée pour élire un nouveau président de la Fédération.
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Diallo Ramatoulaye
666751610
