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Pourquoi et jusqu’à quand le colonel Doumbouya compte-t-il fuir l’essentiel ?

Depuis quelques mois, alors que sa prise de parole se fait de plus en plus rare et de plus en plus recherchée, le colonel Mamadi Doumbouya donne l’impression de fuir le même sujet. Comme pour ne permettre aucun débat là-dessus, à chaque fois qu’il a rendez-vous avec l’opinion publique, le président de la transition refuse de parler du retour à l’ordre constitutionnel.

Lorsqu’il s’est rendu récemment aux États-Unis, où il prenait part à l’Assemblée générale des Nations Unies, beaucoup se sont accrochés à ses lèvres pour avoir une idée sur la conduite de la transition en Guinée. Mais le légionnaire Doumbouya a tout dit sauf l’essentiel. L’essentiel, il ne l’a même pas évoqué.

Aucun mot sur le retour à l’ordre constitutionnel. Le discours s’est borné à justifier les coups d’État en Afrique et à faire le procès de la démocratie. Leaders politiques, société civile, partenaires techniques et financiers et médias indépendants, sont restés les yeux écarquillés en voyant le colonel lire le dernier mot de son allocution sans évoquer ce qu’ils voulaient entendre.

Depuis une semaine, nous sommes dans la ferveur de la célébration du 65ème anniversaire de l’accession de la Guinée à la souveraineté nationale, doublée de la commémoration de la date du 28 septembre 1958. L’occasion semblait opportune pour tous. Beaucoup misaient sur cette aubaine pour espérer entendre le colonel Doumbouya dire à ses compatriotes où il en est sur le processus du retour à l’ordre constitutionnel. Là aussi, le légionnaire, le colonel Mamadi Doumbouya, lui qui a défié la garde présidentielle et fait tomber Alpha Condé, a donné l’impression de manquer de courage pour affronter un débat pourtant inéluctable.

Cependant, il faudra bien au colonel Mamadi Doumbouya, avec ses conseillers, prendre le taureau par les cornes, affronter les problèmes de face, tout en restant sincère et loyal vis-à-vis du même peuple qui était là le 05 septembre 2021.

Va-t-il vraiment redonner au peuple de Guinée sa souveraineté et laisser celui-ci décider de qui va le diriger ? Ou alors va-t-on continuer à confisquer le pouvoir et la souveraineté du peuple du 02 octobre 1958 qu’on a déjà trop infantilisé, trompé, tué et bafoué ?

Des questions qu’on est en droit de se poser désormais tout en formulant les prières que cette transition fasse sa toilette, se débarrasse de ses impuretés et se remette sur les rails pour le bonheur du colonel Doumbouya et du peuple de Guinée. L’idée d’inverser l’ordre des priorités et prétendre résoudre d’abord les problèmes sociaux et économiques de la Guinée avant de parler politique, ne rassure pas et ne donne pas envie d’applaudir.

Le dialogue inclusif que la communauté internationale et les forces d’opposition réclament est encore possible. La cessation du harcèlement judiciaire et de l’exclusion est bien possible. Rien n’est encore totalement perdu. Il suffit d’une prise de conscience et d’une volonté sincère de recadrage.

Thierno Amadou M’Bonet Camara

622 10 43 78

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