Premier anniversaire du CNRD: « L’espoir a vite été un désespoir  » (Fodé Baldé)

Comme le 3 avril 1984, les Guinéens dans leur grande majorité se souviendront encore pour longtemps de la date du 5 septembre 2021. Une date qui marque la fin de onze ans du régime du professeur Alpha Condé.

A l’occasion de ce premier anniversaire de l’arrivée au pouvoir des militaires pour la troisième fois, l’heure est à l’évaluation des promesses et engagements pris lors des premier discours prononcés par le colonel Mamady Doumbouya.
A l’UFR (union des forces républicaines) de Sidya Touré la déception est grande, très grande d’ailleurs. L’homme qui a donné l’espoir aux Guinéens le 5 septembre est complètement passé à côté, nous fait Fodé Baldé responsable de la communication de cette formation politique dans un entretien accordé à notre rédaction.
 
« En se référant au discours du 5 septembre 2021, il faut reconnaître que cela avait suscité de l’espoir chez la population guinéenne. La preuve en est que nous à l’UFR notre leader qui était en exil forcé, avait regagné Conakry. Disons que les prisonniers politiques ont été libérés, les droits qui avaient été violés en se référant à ce premier discours le colonel avait promis que cela ne sera plus d’actualité et que les droits et libertés fondamentaux seront respectés, donc tout cela réuni avait suscité de l’espoir. Et une chose encore à préciser c’est la charte qui pour une première fois en Guinée que des militaires prennent le pouvoir et s’assignent une charte qui fait office de constitution transitoire. Donc tout ceux-ci avaient suscité assez d’espoir, la preuve en est que vous avez vu l’engouement qui a accompagné sa prise du pouvoir à Conakry », rappel l’homme politique à l’entame. 
 
Mais dans cet entretien, Fodé Baldé ne tarde pas à dire que cette joie des Guinéens s’est tout de suite transformée en déception en l’espace de quelques mois.  
 
« …fort malheureusement, nous avons constaté que tout cela n’était que de belles paroles et que la question des droits de l’homme reste encore d’actualité. Parce que à ce jour aucune de ses promesses n’a été tenue. Même la charte que le CNRD a unilatéralement élaboré et promulgué et nous politiques l’avons accepté dans l’espoir de donner une chance à la transition est aujourd’hui systématiquement violée par ceux là même qui l’ont élaboré. J’en ai pour preuve l’article 34 dernier alinéa qui stipule « que  le CNRD est composé des éléments des forces de défense et de sécurité » des éléments qui exige une certaine liste nominative, jusqu’à présent on ne l’a pas encore. L’idée de moralisation de la chose publique impliquerait au CNRD d’en donner l’exemple en faisant déclaration des viens au niveau de la cour des comptes chose qui est une pratique en Guinée, cela n’a pas été observé par ces militaires. Donc partant de cet exemple, il est aujourd’hui difficile de croire à leur bonne intention de vouloir assainir la gestion publique si eux même n’en donnent pas l’exemple. Une chose aussi c’est l’article 77 de la charte qui dit que la durée de la transition sera fixée de commun accord entre le CNRD et les forces vives de la nation, mais fort malheureusement ce n’est pas  ceux à quoi nous avons assisté. Nous avons malheureusement assisté à une façon de faire revivre le passé et de nous imposer une autre façon de gouverner à travers la façon à eux qui est rejetée par une bonne partie des Guinéens », déplore  le communiquant de l’Union des forces républicaines ce qu’il considère comme raté du CNRD sur le plan politique.
 
Si la mise en place de la CRIEF, l’interpellation de plusieurs caciques cités dans de présumés dossiers de malversations a été saluée par une bonne partie de l’opinion, l’UFR y voit plutôt une véritable chasse aux sorcières. 
 
 » La création de la CRIEF au sens propre du terme a été saluée par la majeure partie des Guinéens y compris le président Sidya Touré. Mais encore une fois étant donné que la charte a été élaboré adopté par le CNRD, cette charte a réhabilité les lois organiques dans le pays, cela veut dire qu’il y a une procédure pour pouvoir inculpé un citoyen toujours en mettant en avant sa présomption d’innocence, mais c’est pas ce à quoi nous avons assisté au niveau de cette cour.  Au contraire on n’a constaté qu’au niveau de la CRIEF c’est de prendre les gens les foutre en prison pendant que eux même ils ne savent pas ce pourquoi ils sont incriminés. L’idée de la CRIEF est à salué dans un pays comme la Guinée qui a toujours baigné dans la corruption, mais toujours est il que quand vous devez agir dans ce sens vous devez donner l’exemple aux autres en déclarant vos biens. Aujourd’hui lorsque nous voyons les conditions dans lesquelles le ministre Lounceny Camara est mort en prison nous disons simplement que ce n’est pas ce que nous voulons pour notre pays. Ce que nous souhaitons c’est de permettre aux prévenus de crimes économiques de comparaître devant une juridiction afin qu’ils donnent eux aussi leur part de vérité. Mais on n’a l’impression qu’avec le CNRD on applique la sentence avant d’établir la procédure. J’en ai pour preuve la dissolution des conseillers communaux. Si je dois donner une note aujourd’hui, je donnerai -10″, conclut Fodé Baldé.
 
Pour célébrer ce premier anniversaire dans la ferveur une grande cérémonie est prévue selon nos informations par les forces de défense et de sécurité dans les différents camps militaires du pays.
 
 
MLamine   

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