, ,

Présidentielle 2020: les promesses économiques, minières et énergétiques du candidat Ousmane Doré (Interview)

A quelques jours du lancement de la campagne pour la présidentielle d’octobre 2020, la rédaction de Guinee114.Com a eu un entretien avec le candidat Ousmane Doré portant sur son projet de société. Ancien ministre du gouvernement de large consensus de Lansana Kouyaté, l’économiste n’a pas que fustigé les faiblesses de la gestion économique du régime en place et annoncé ce que lui il compte apporter. Il a aussi donné sa vision de la gouvernance minière de la Guinée, troisième pays exportateur de bauxite mais classé parmi les plus pauvres. Ousmane Doré évoque aussi ce qu’il compte faire dans les domaines de l’électricité et nous confie son ambition de passer de 20% à 80 % de routes  au cour d’un premier mandat.

Lisez !

Guinee114.com : parlez-nous de votre projet de société, de ses spécificités ?

Ousmane Doré: Nous sommes un parti dénommé Mouvement national pour le développement. Donc dans ce projet de société, vous trouverez que nous avons des mesures spécifiques visant à améliorer l’accès des populations à l’électricité. Pour cela nous ne proposons pas seulement la poursuite de la mise en valeur des grands barrages hydro- électriques que  nous avons sur le Konkouré. Il y a aussi la création de mini-barrages qui permettraient d’alimenter la plupart des zones parce que le problème d’électricité c’est en partie pour permettre à la population rurale aussi d’avoir accès à l’énergie. Donc ces micro-barrages ci et là permettront ça. L’accès à l’eau potable reste un problème clef dans ce pays. Nous proposons la construction de près de vingt mille forages et  points d’eau dans le pays, quatre mille kilomètres de réseau supplémentaire d’adduction d’eau potable parce que pour parler de développement, il faut quand même que ces indicateurs soient bien améliorés.

Passer de 20 à 80% de routes bitumées

Sur le plan des infrastructures, nous avons un grand volet sur ça dans notre projet de société. Nous savons que le problème de ce pays tourne autour du déficit infrastructurel, nous envisageons à travers des mécanismes de partenariat public-privé,  finaliser la plupart des réseaux routiers qui depuis l’indépendance sont dans un état piteux.

Donc nous n’avons que 20% de nos infrastructures routières qui sont bitumées, nous voulons porter ce pourcentage à près de 80% en tout cas dans le premier mandat de notre magistère.

Maintenant, sur le support aux autres secteurs, je parlerais de l’éducation parce que l’éducation ici semble être un secteur négligé alors que l’avenir de notre pays en dépend, la caution de l’emploi des jeunes en dépend aussi. La formation est au cœur de l’employabilité des jeunes. Pour nous, il faudrait absolument que l’éducation devienne la priorité des priorités. Nous avons prévu de passer de 15% aujourd’hui à 40% du budget qui doit aller à l’éducation.

Nous allons, en plus de cela, créer un fonds souverain de l’éducation qui va être alimenté par des ressources que nous allons mobiliser afin de permettre à l’école guinéenne de maintenir le statut qu’il faut, la formation des cadres pour mener notre administration et pour assurer le développement de ce pays.

Quand l’actuel premier ministre, Kassory Fofana, prenait fonction, il avait promis une bonne redistribution des fruits d’un développement de la macroéconomie. En tant qu’économiste, quel état des lieux en faites-vous ?

Ecoutez, j’entends parler de cette institution ANIES (Agence national d’Inclusion économique et sociale Ndlr) qui essaie de voir comment redistribuer les fruits de la croissance. Il reste vrai que quand on dit que la macro-économie a été une réussite, on peut en débattre. Avoir un taux de croissance de 6% comme on l’a enregistré ces deux dernières années ne signifie pas qu’il y a eu une stabilité macroéconomique.

Je crois qu’il faut voir ça en relation même avec ce qui se passe avec les autres agrégats macro-économiques en particulier le taux d’inflation, les réserves de change, le taux de change. Ceci dit, ils ont reconnu tout au moins  que même cette croissance que vous qualifiez d’une bonne performance, c’était une croissance non inclusive, un développement non inclusif. Ça se voit clairement par l’éventail du chômage, du faible revenu des populations guinéennes qui doivent tirer le diable par la queue, donc  ça veut dire qu’il faut éventuellement aller à çà.

Qu’ils fassent cela maintenant, nous nous avons en tout cas dans notre projet de société, un volet qui s’appelle la prospérité partagée. Nous pensons que la Guinée doit passer du scandale géologique au scandale de prospérité partagée pour que tous les Guinéens, personne ne soit laissé pour compte. Ça va un peu dans la même lancée, sauf qu’ils ont fait dix ans pour pouvoir penser au fait qu’une bonne partie de la population est sur le carreau, n’est pas pris en compte dans la croissance.

Dans le domaine des Mines, on a quand même atteint un niveau d’exportation de bauxite qui nous place troisième mondial. Seriez-vous capable de faire ressentir ce score au niveau de la population qui n’en voit pas pour le moment suffisamment de retombées ?

Oui, c’est une bonne question. C’est d’ailleurs au cœur de notre politique minière. Je suis géologue avant d’être économiste. Je sais quand j’étais à l’école supérieure de mine à Boké, on exportait une dizaine, une vingtaine de millions de tonnes de bauxite. Aujourd’hui on est dans les soixante millions de tonnes, on s’enorgueillit d’être troisième exportateur mais de quoi? De la bauxite brute. Les pays qui reçoivent ça, créent de la valeur ajoutée, créent de l’emploi. C’est comme si on exportait l’emploi.

Nous nous disons dans cette politique minière qu’il faut arrêter ce qui se passe dans cette zone minière de Boké où des excavations des mines ont laissé des dégâts environnementaux incroyables. Il faut créer la transformation. La bauxite est utilisée pour faire l’aluminium, ensuite l’aluminium. Le produit fini, c’est l’aluminium et dans cette chaine de valeurs, c’est exactement plus de dix fois plus le prix. Et pourquoi ne pas faire cette transformation ?  Cela demande de l’énergie, d’où le lien entre notre politique minière et notre politique énergétique.

On a près de six mille méga watts (MW) de capacité rien que sur le Konkouré. Il faut mettre ça en valeur et cette énergie doit pouvoir alimenter pour la transformation de la bauxite jusqu’au produit final qui est la transformation.

[irp posts=”1433″ name=”Ousmane Doré, candidat à la présidentielle: «oui à un décalage (de la date du 18 octobre) pour assainir le fichier»”]

Interview réalisée par Thierno Amadou M’Bonet Camara (Rescapé N°4)

622 10 43 78

Articles similaires