Dans cette interview qu’il a bien voulu accorder à Guinee114.com, Idriss Chérif, président de l’Union pour le Changement en Guinée (UCG), s’est exprimé sur la situation sociopolitique de la Guinée à l’orée de la présidentielle du 18 octobre.
Guinee114.com: À votre arrivée à l’aéroport de Gbessia, vous avez annoncé votre intention de participer à la prochaine élection présidentielle. Pourquoi avez-vous changé de décision ?
Idriss Chérif : J’ai eu un accueil très chaleureux à mon arrivée à Conakry de l’aéroport de Gbessia jusqu’à mon siège. Et le lendemain nous avons organisé une convention. Nous avons mis trois commissions de travail en place dont la commission participation ou non à la présidentielle du 18 octobre. Après tout, les deux tiers (2/3) ont voté « Non » à la participation de l’UCG à l’élection présidentielle. À ma grande surprise, j’ai été informé que la base a voté contre notre participation. En tant que bon démocrate, je me suis soumis à la décision du congrès qui est souverain.
Quelles sont les raisons qui ont justifié ce choix des responsables du parti à la base?
J’ai soumis la caution au bureau politique et je leur ai remis le chèque de huit cents millions de francs guinéens et tous mes dossiers pour dire que nous pouvons remplir toutes les conditionnalités pour pouvoir aller à ces élections. Ils ont dit que non seulement le fichier n’étant pas un fichier qui est audité mais on ne le contrôle pas. Ils ont trouvé que véritablement c’est une élection à risque. Il ne faut pas aller à ces élections parce que nous ne maîtrisons rien du fichier. La deuxième chose, ils ont dit que l’opposition n’a pas été consultée par rapport à la fixation de la date du 18 octobre pour qu’ensemble on puisse choisir une date consensuelle. On s’est dit qu’avec le confinement et l’état des routes qui se sont totalement dégradées et que pour atteindre les différentes villes il faut des jours, il a été décidé de ne pas aller à ces élections. C’est vrai que j’étais venu dans l’optique d’aller à ces élections, j’ai trouvé cette situation devant moi, j’étais obligé de me soumettre à la décision du congrès.
Vu que vous n’y êtes pas allés finalement, l’Union pour le Changement en Guinée va-t-il soutenir un des candidats en lice?
Nous sommes en discussion encore avec la base puisqu’il y a beaucoup de partis politiques qui m’appellent pour me demander mon appui, mon soutien pour faire une coalition. Je pense que d’ici la fin de la semaine nous allons nous déterminer.
Quel regard portez-vous sur les différents challengers d’Alpha Condé à la présidentielle du 18 octobre?
Nous, nous n’avons pas pris part, on a évoqué un certain nombre de points qui ne sont pas favorables à une élection transparente et inclusive. Maintenant les perspectives d’avenir de ces élections, je pense que ceux qui se sont engagés, l’ont fait avec les moyens qu’ils ont, avec des informations qu’ils ont. J’ai vu que le leader de l’UFDG qui n’a pas participé aux législatives, a accepté d’aller à la présidentielle. Il a sa raison de croire à sa victoire et d’être une alternative réelle. Mais en ce qui concerne certaines réalités, je me dis que c’est une compétition qui doit être loyale et on verra bien qui sortira vainqueur dans les urnes et je souhaiterais que vraiment ça se passe dans la paix et la tranquillité et qu’il n’y ait pas de mauvais perdants et que ceux qui vont être déclarés perdants puissent accepter les résultats issus des urnes.
L’élection présidentielle du 18 octobre est prévue dans une période de crise sanitaire. Qu’en pensez-vous de la prorogation de l’état d’urgence sanitaire qui semble empêcher les opposants d’organiser des campagnes alors que le parti au pouvoir est en plein mouvement ?
Il faut une parité qui doit être le reflet de ce que nous voulons, que nous appelons démocratie. La démocratie c’est une manière particulière d’associer tout le monde à la bonne gouvernance et de manière transparente et que chacun ait son mot à dire. Nous sommes dans une période un peu particulière liée au coronavirus qui est venu s’imposer au monde entier et que si nous devons prendre des mesures dans cette période exceptionnelle des présidentielles qui ont un enjeu très important, je pense que la prorogation n’avait pas lieu d’être. Il fallait véritablement lever tout ce qu’il faut de manière exceptionnelle pour permettre aux Guinéens de vaquer parce que nous voyageons dans un pays où on a un mois de campagne et on n’a pas les mêmes moyens de déplacement. Certains ont des petits véhicules pendant que d’autres ont des 4×4. Il faut qu’on ait cette possibilité de mobilité avec l’état actuel des routes. Il faut que les politiques réfléchissent sur ça et qu’on essaye de vivre avec le Coronavirus et d’engager un véritable processus qui ne puisse pas pénaliser les autres. Je n’ai pas du tout apprécié cette décision du président de la République mais je me dis qu’il y a une cause puisqu’il y a des pays qui ont levé totalement l’état d’urgence sanitaire. Il faut libérer complètement le pays parce que nous partons à des élections présidentielles.
Interview réalisée par Diop Ramatoulaye
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