Une affaire tournant autour de l’entreprise Electromatic-Guinée est pendante devant la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF) depuis quelques semaines maintenant. En effet, les trois co-gérants de l’entreprise ne filent plus le même coton depuis la fin de l’année 2021. Il s’agit de Ali Farez, Fawaz et Ali Jichi, tous de nationalité libanaise. Les deux premiers ont donc porté plainte contre le dernier.
Selon l’accusation, Ali Jichi est poursuivi devant la CRIEF pour des faits présumés d’abus de confiance, d’abus de biens sociaux, vol et complicité portant sur divers montants: plus de 20 milliards de francs guinéens, un deuxième montant de 400 mille dollars et un troisième de 450 mille euros au préjudice, dit-on, de la société Électromatic-Guinee SARL.
Sauf que, selon les avocats de la défense de Ali Jichi, actionnaire et cogérant de l’entreprise, le même dossier est pendant devant le tribunal de commerce de Conakry, qui a commis un expert pour évaluer la santé financière de l’entreprise afin d’établir ou non les faits qui sont poursuivis.
Ce lundi, alors que les débats au fond devaient commencer dans le dossier, les avocats de Ali Jichi se sont dis surpris de voir cette affaire devant la CRIEF d’autant plus que l’expert commis à la tâche n’a pas rendu son rapport définitif. Il a produit un rapport provisoire qui a été communiqué à toutes les parties pour observation. Ils ont donc sollicité du président de la Cour, un sursis à statuer jusqu’à ce que les faits soient établis suite à l’expertise ordonnée par le tribunal du commerce estimant qu’il risque d’y avoir une contrariété entre les deux décisions à intervenir. Les avocats des plaignants se sont catégoriquement opposés à cette demande de la défense.
Les avocats de la partie civile ont estimé de leurs côtés que cela n’a absolument rien à voir avec une juridiction pénale. Pour eux, le contentieux devant le tribunal de commerce est commercial alors que le dossier qui est devant la CRIEF est un dossier pénal.
Le juge a renvoyé l’affaire au 20 février pour décision être rendue.
Au sortir de l’audience, notre reporter a tendu son micro à un des avocat de la défense de Ali Jichi qui a donné d’amples explications sur cette affaire.
«Il faut peut-être replacer les débats dans leur contexte. C’est un conflit qui oppose des associés d’une société d’une part et une partie des associés aux gérants de la société. Alors la dégradation de leurs relations d’associés a fait prendre une décision par deux des trois associés de changer le gérant. Celui-ci a estimé qu’en partant il faut que la situation soit faite sur sa gestion et sur les comptes. Pendant qu’on est sur ça, on le traîne ici pour abus de confiance, vol, détournement des biens de la société. Nous nous avons posé la question de savoir est-ce que cette cour peut statuer sans que les faits constitutifs de ces infractions-là soient établis. Nous avons estimé, puisqu’une expertise est ordonnée, il faut attendre le rapport de cette expertise pour savoir est-ce qu’il va révéler des faits constitutifs ou non. Alors c’est ce tiraillement qui nous a amené jusqu’à 21 heures et quelques comme ça ce soir sans que personne n’ait pu accepter les dires de l’autre et que finalement le tribunal ait mis la question en délibéré pour décision être rendue le lundi prochain.
La santé financière, c’est une expression consacrée, ça veut dire est-ce que la société n’est pas aux abords de la faillite. Donc, quand un gérant doit changer au profit d’un second, il faut faire l’état des lieux comme on le dit couramment arrêter les comptes, connaître le stock en magasin et les créances que la société a envers les clients ou les dettes que la société a à l’égard de ses fournisseurs. Ensuite, pour que la gestion du gérant qui doit quitter soit examinée au point de vue clarté, au point de vue régularité. Donc, c’est tout cela qui est confié à l’expert désigné. C’est à la demande des deux parties. Donc, cet expert est désigné, il est en train de travailler, il n’a pas fini pourquoi on se précipiter pour venir porter plainte pour détournement? C’est ce qu’on n’a pas compris. Ou alors on redoute des résultats de l’expert au point que les infractions invoquées ne seraient pas fondées et mettre les charrues avant les bœufs, emmener très vite le tribunal à le condamner quand bien même après l’expertise, le rapport révèlerait autre chose. Toute chose qui n’est pas de nature à crédibiliser les décisions de justice.
Les coassociés, c’est Monsieur Ali Farès et Monsieur fawaz plus lui Monsieur Ali Zissy. C’est Monsieur Fawaz qui est venu pour prendre la place de Monsieur Ali zissy comme gérant. Il a déjà commencé à gérer depuis quelques mois avant qu’on ne fasse l’inventaire. Mais puisque Monsieur Ali dès qu’il a été question de son départ a fait arrêter les comptes, il a signé et donc l’expert désigné va prendre l’examen de sa gestion jusqu’à cette date-là à laquelle celle de Monsieur Fawaz commencerait.
Nous estimons que le fait qui peut être qualifié de détournement n’est pas établi, seul l’expert peut l’établir et le juge ne fera que qualifier», a laissé entendre maître Dinah Sampil, avocat de la défense de Ali Jichi.
Sur place, notre reporter a sollicité la réaction de la partie plaignante en vain.
Diop Ramatoulaye
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