Procès de Dr Kassory et Cie: Pour y prendre part, la défense exige des « garanties »

Les avocats du dernier Premier ministre d’Alpha Condé, Dr Ibrahima Kassory Fofana et ses anciens ministres poursuivis pour des faits présumés de ‘’détournement de deniers publics, enrichissement illicite, blanchiment de capitaux et autres’’ étaient devant la presse le vendredi, 03 février 2023 dans un réceptif hôtelier de Conakry. L’objectif de cette conférence de presse était d’évoquer la situation de leurs clients qui sont à la maison centrale de Conakry depuis près d’une année.

 
Récemment, la CRIEF a annoncé le jugement de ces anciens dignitaires. L’ancien Bâtonnier, Maître Dinah Sampil et ses collègues ne comptent pas prendre part tant qu’ils n’ont pas les garanties d’un procès juste et équitable.  
 
« Concernant la liberté de nos clients, on nous avait prédit que ce n’était pas une procédure normale et une procédure judiciaire mais qu’on sentait à l’époque un procès politique en préparation. On n’a pas cessé de le répéter au cours du déroulement jusqu’à date. Ce procès politique, vous l’avez vu, vous le sentez vous-mêmes. Donc, est-ce qu’il faut se taire laisser que nos clients soient livrés à l’abattoir? C’est cette alerte que nous lançons aujourd’hui. À l’époque on vous avait dit qu’on redoutait les mouvements politiques de nos clients, aujourd’hui on veut simplement leur faire prendre des condamnations. Et les conséquences d’une condamnation de ce genre c’est la privation de ses droits civils et civiques. Droit de vote et droit de se présenter à des élections. Prenez nos clients un à un, à part eux qui d’autres? Quel est le visage qu’on redoute en Guinée ? À part que Monsieur Cellou Dalein a été obligé à un exil forcé il ne reste plus que Kassory, il ne reste plus que Mohamed Diané, Oyé Guillavogui. Alors quand c’est par les manèges de ce genre qu’on veut éliminer un adversaire de la course, nous pensons que ce n’est pas juste, ce n’est pas légal, ça ne se doit pas. Donnons rendez-vous dans les urnes qui départagent les candidats mais il ne faut pas que par la force qu’on a pour le moment, qu’on essaye de priver un autre de ses droits d’être candidat, de ces droits de voter. Ça fait maintenant deux mois que même si on se mettait dans la logique du procureur spécial, le mandat du 6 avril renouvelable une fois ce serait limité au huitième mois. Le mandat de mai également ce serait limité au huitième mois. Nous sommes au neuvième mois, non renouvelable pendant que nos clients sont toujours détenus. Quelle est la base juridique de cette détention? Personne n’est en mesure de vous l’apporter, je mets quiconque aux défis et le procureur spécial en premier », a fait savoir maître Dinah Sampil.
 
Et d’ajouter: « Si déjà cela est acquis quelle est l’assurance que nous avons en allant à un procès que les droits seront respectés? Les plus élémentaires ont été violés, les plus dures c’est-à-dire ce à quoi personne ne pense apporter des entorses, on viol ça flagramment. Qu’est-ce qui nous rassure que le juge du jugement n’a pas déjà une décision en main et qu’il lui suffirait simplement de lire le jour de sa décision? Voilà autant d’appréhensions que nous avons et qui sont attestées par des signes, par des faits qui sont donnés dans l’ordonnance de renvoi qui nous a été signifiée le 1er février 2023. Autant de questions de violation, autant de questions de non respect des droits, autant de questions de volonté politique qui font qu’on ne peut pas ne pas dénoncer l’illégalité de ce qui se prépare. Vous vous rendez compte, quarante huit millions (48 000 000) annoncé la veille de la première conférence de presse que nous avons tenue ici. C’est le procureur spécial qui a annoncé la pratique des conférences de presse. Il a tenu au siège de son parquet où il a fait état de quarante huit millions (48 000 000) de dollars au compte de Ibrahima Kassory Fofana seul, c’est presque le budget de toute la République. Aujourd’hui, on ne sait pas par quel miracle ces 48 000 000 US sont tombés à quinze milliards de francs guinéens. Et ces quinze milliards là, il les a sorti où? Ça été pris où? Et sur la base de quelles pièces ? Puisque chacun connaît la procédure de la comptabilité. De l’initiateur jusqu’à l’ordonnateur, jusqu’au paiement, il y a des actes qui sont établis à chaque étape. Où sont ces pièces-là, concernant les quinze milliards de francs guinéens? Tant qu’on ne nous donnera pas ça, on ne peut croire. Car rappelez-vous de ce que Platon a dit: qu’il ne faut jamais croire à ceux dont on a pas la preuves, jamais. Quand la preuve sera là, on croira, on sera convaincu mais tant que ce n’est pas prouvé, on ne fera pas».
 
Pour conclure, maître Dinah Sampil dira que « pour ne pas s’associer à la face sombre, à la face honteuse de l’histoire, nous avons décidé qu’il faut des preuves, il faut les garanties d’un procès juste et équitable avant d’y prendre part».
 
 
Mamadou Macka Diallo
666 660 366

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